À propos de l'exposition
La seconde moitié du XVIe siècle constitue la « part sombre » de la Renaissance, marquée en France par les querelles religieuses, les troubles civils et une profonde remise en cause du pouvoir royal : un âge de désordre et de déraison, qui, en quarante ans et huit guerres de Religion, va embraser le royaume en une succession d’affrontements, de répressions, de scandales et de massacres, bouleversant l’équilibre du pays de façon inédite.
C’est aussi un moment-clef de l’histoire nationale, peut-être la plus grave crise subie par l’Ancien Régime avant 1789 : elle a marqué de manière indélébile notre mémoire et l’imaginaire collectif, notamment par une frénésie nouvelle de violences, qui trouvent leur paroxysme dans l’épisode sanglant de la Saint-Barthélemy.
Le musée de l’Armée consacre une exposition à l’histoire fascinante et excessive de ces guerres de Religion. Quels en sont les ressorts ? Les enjeux ? Les temps forts ? Les protagonistes ?
Le parcours retrace ainsi les troubles effrénés qui ont divisé le royaume entre la mort accidentelle d’Henri II, en 1559, et l’assassinat d’Henri IV, en 1610, signant la fin du règne d’un souverain pacificateur et promulgateur de l’Édit de Nantes, mais également victime, comme son prédécesseur, d’un régicide.
L’un après l’autre sont convoqués tous les grands acteurs de l’époque, dont les armures sont conservées dans les collections du musée de l’Armée. De la Ligue, « ultra »-catholique, menée par les Guise au clan protestant conduit par les Condé, en passant par le parti plus modéré des Montmorency, les rivalités aristocratiques et politiques se mêlent aux conflits religieux.
Pièces d’équipements guerriers, portraits, documents d’archives et ouvrages anciens font revivre les destins et les cheminements individuels des grands courtisans, chefs de guerre et chefs de parti, qui ont tour à tour soutenu ou combattu le pouvoir monarchique. L’exposition évoque aussi l’écho international rencontré par ces guerres de Religion, de la Pologne aux Pays-Bas et jusqu’aux éphémères colonies du Nouveau Monde.
Par bien des aspects, ce moment exacerbé de notre Histoire entre singulièrement en résonance avec notre réalité contemporaine, non seulement dans ses mécanismes sous-jacents mais aussi dans ses représentations, notamment à travers l’intense production d’images, de pamphlets, de placards qui en fait le premier conflit médiatique de l’Histoire.
L’exposition offre ainsi l’occasion de s’interroger sur la place de l’image et de la rhétorique dans les conflits, sur la marche de notre société en temps de guerre civile, sur les enjeux et les limites de l’action politique, ainsi que sur la longue maturation de l’État. Car c’est aussi au cours de cette période complexe que se sont inventés, douloureusement, la tolérance, le vivre-ensemble et nos formes modernes de gouvernement.
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