Bulletin N°21

Chères Lectrices, chers Lecteurs,

En août dernier, Pierre Moscovici, Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, à la fiscalité et à l’union douanière, annonçait avec émotion ce « moment historique » qu’était la « sortie de la crise grecque », faisant en réalité allusion à la seule capacité retrouvée de la Grèce à se financer sur les marchés. Car au-delà de cette dimension strictement financière, un rapide coup d’œil aux indicateurs sociaux nous amène à nous interroger sur cette supposée « fin de la crise ». En effet, alors que les salaires, pensions de retraite, dépenses de santé et d’éducation ont baissé de 40% depuis 2008, que le taux de chômage reste supérieur à 20% de la population active, que près de 40% des Grecs vivent sous le seuil de pauvreté et que 500 000 jeunes (sur 10 millions d’habitants) ont quitté le pays depuis 2008, annoncer la « fin de la crise » s’apparente plus, au mieux à une déclaration qu’on espère performative, au pire à un flagrant déni de la réalité endurée par le peuple grec depuis près de dix ans.

Prenant le contre-pied de cette actualité, notre 21^e bulletin se propose donc d’explorer les dynamiques structurant le domaine politique grec dans son rapport à la religion orthodoxe. Partant, Vasilios Makrides ouvre ce dossier en proposant un panorama général des rapports entre l’Eglise orthodoxe et le gouvernement Syriza depuis 2015. Puis, Isabelle Depret nous emmène au Mont Athos afin d’y mettre en exergue le rôle politique de cette communauté monastique. Pour clore ce tour d’horizon hellène, Konstantinos Tsitselikis dresse un panorama de la place des citoyens grecs musulmans dans un pays où 89% de la population se déclare orthodoxe.

Quittant les rivages grecs, notre Eclairage(S) du mois s’interroge sur l’instruction à la maison au sein des familles musulmanes. Amélie Puzenat nous dévoile les raisons présidant à ce choix éducatif.

Enfin, la Ressource(S) proposée par Kathy Rousselet revient sur la commémoration de l’assassinat de la famille Romanov survenu il y a un siècle, et les enjeux de cette célébration qui s’est déroulée à Ekaterinbourg, en juillet dernier.

Ce 21^e bulletin est donc une invitation à découvrir autrement un pays de l’Union européenne dont, depuis dix ans, seuls nous parviennent les échos « chiffrés » d’un « mauvais élève ». Au contraire, à sa modeste mesure, cet opus vise à donner plus de chair et de corps à la Grèce en en dévoilant certains ressorts sociétaux et politiques. Parce qu’au-delà de l’instantané historique, la reconstruction de l’Etat grec passera également par la prise en compte de ces équilibres politiques, indépendamment des froides équations budgétaires.

A toutes et à tous une très bonne lecture !