Bulletin N°38

juillet 2022

Comprendre la violence politique de Jérusalem

Eran Tzidkiyahu

Peu d’endroits dans le monde sont aussi furieusement religieux que Jérusalem. Nous ne pouvons pas saisir le caractère insoluble du conflit israélo-palestinien sans s’intéresser sérieusement à la ferveur nationale et religieuse de Jérusalem.

Depuis plus d’un siècle, Jérusalem a été la principale source de violence du conflit judéo-arabe/israélo-palestinien au sein de la Terre sainte. En effet, les racines du conflit sont vastes et profondes et s’étendent au-delà de la ville sainte. Il tire son origine d’un refus d’accepter l’identité collective et l’existence politique de l’autre camp, il est entretenu par des écarts socio-économiques et un manque de représentation politique, le déni des droits civils et humains, la discrimination et l’auto-détermination, etc. Il est aussi une conséquence du contrôle israélien sur les Palestiniens. Cependant, à maintes reprises, les tensions se transforment en violence à Jérusalem, selon un schéma fixe : une période d'instabilité, puis un événement local déclenche la violence autour des lieux saints de Jérusalem, lors d'une fête ou d'un moment national et religieux symbolique, qui dégénère en une vague de violence intercommunautaire à l'échelle nationale.

Le caractère fondamentalement religieux de Jérusalem pour le judaïsme et l’islam a évolué à la fin du XIXe et au début du XXe siècle vers une dimension essentiellement nationale et politique, qui figure au cœur des mouvements nationaux sioniste et palestinien. Pour les deux camps, la revendication de Jérusalem est une « valeur protégée », un terme emprunté à la recherche en psychologie, décrivant les « valeurs perçues par un groupe social spécifique comme si fondamentales qu’elles se sont vues accorder un statut qui les protège de tout compromis, concession ou échange […], un tabou dont la violation est considérée comme une violation des règles éthiques fondamentales de la société[1]Shiri Landman, « Barriers to Peace: Protected Values in the Israeli-Palestinian Conflict », in Barriers to Peace in the Israeli-Palestinian Conflict, Jerusalem, The Jerusalem Institute for Israel … Continue reading ».

La première vague de violence intercommunautaire judéo-arabe a éclaté à Jérusalem entre le 4 et le 7 avril 1920. C'était lors d’une célébration nationale et religieuse - l'arrivée du convoi palestinien d'Hébron à la « porte d'Hébron » (Bab al-Khalil, appelée aussi porte de Jaffa) dans les murs de la vieille ville de Jérusalem pour le pèlerinage islamique annuel de Nabi Musa[2]Emma Aubin-Boltanski, Pèlerinages et Nationalisme En Palestine : Prophètes, Héros et Ancêtres, Paris, Éditions de l’EHESS, 2007.. Les années 1920, la décennie formatrice de la domination britannique en Terre sainte, se sont également terminées par une vague de violence intercommunautaire à l'échelle nationale qui a éclaté autour des lieux saints de Jérusalem durant une fête religieuse (et nationale) – les événements d'août 1929, connus sous le nom d'émeutes au mur occidental ou révolte de 1929. Les tensions qui ont conduit aux troubles de 1929 ont commencé plus tôt, le jour le plus saint du judaïsme, le Kippour (Expiation), le 24/09/1928, lorsque certains fidèles juifs ont placé des bancs dans l'allée du mur occidental et un écran de séparation entre les hommes et les femmes pendant la prière. Ce geste, en apparence banal et utilitaire, venait en fait à l’encontre du statut quo, et représentait en conséquence une déclaration implicite de propriété sur le site[3]Hillel Cohen, Year Zero of the Arab-Israeli Conflict 1929, Waltham, Massachusetts, Brandeis University Press, 2015..

Malgré l'agitation du temps et la poursuite du conflit entre les juifs sionistes, Israël, les palestiniens et le monde arabe, à partir des années 1930, les lieux saints de Jérusalem ne sont plus au centre des tensions et des violences. D'abord à cause de la politique britannique de prévention des tensions autour de ces sites, et, après la fin du mandat britannique en 1948, parce que le conflit avec Israël s'est déplacé des palestiniens, éparpillés pendant la guerre, vers les pays arabes voisins. Avec le retour sur scène des palestiniens vingt ans après la guerre de 1967, les lieux saints de Jérusalem ont repris leur place comme principaux déclencheurs d'instabilité et de violence. La première intifada a éclaté en décembre 1987 et a conduit au processus de paix israélo-palestinien dans les années 1990. C'est à ce moment-là que le vieux schéma forgé dans les années 1920 est revenu. Une série d'éruptions violentes à l'intérieur et autour des lieux saints de Jérusalem lors des fêtes religieuses a finalement conduit à l'effondrement du processus de paix et a contribué à la montée en puissance des nationalistes religieux, belliqueux politiquement, des deux côtés[4]Eran Tzidkiyahu, “From the Margins to the Center : Religious-Nationalism in the Israeli-Palestinian Conflict : A Comparative Approach”, thèse de science politique, Paris, Institut … Continue reading. Pour ne citer que les trois plus notables de ces événements :

1) Les émeutes du 8 octobre 1990, au cours desquelles la police israélienne a tué 17 palestiniens sur l’esplanade des Mosquées (connue par les juifs comme le Mont du Temple et par les Musulmans comme la Mosquée al-Aqsa), pendant la fête juive de Souccot. Cet événement, connu en arabe sous le nom de majzarat al-ʾaqsa – le massacre d'al-Aqsa, a eu de lourdes conséquences diplomatiques.

2) Les émeutes du tunnel du Mur occidental (en arabe habbat al-nafaq, la révolte du tunnel), qui se sont déroulées entre deux fêtes juives (23-27 septembre 1996), de la fin du jour des Expiations (Kippour) jusqu'à la veille de Souccot, et ont coûté la vie à près d'une centaine de palestiniens et à 17 soldats israéliens (une soixantaine d'Israéliens et plus de mille palestiniens ont été blessés).

3) L'intifada d'al-Aqsa (également connue sous le nom de deuxième intifada), a débuté sur l’esplanade des Mosquées de Jérusalem à la veille de la fête juive de Rosh Hachana (le nouvel an juif) le 28 septembre 2000, et a duré cinq ans, faisant des milliers de victimes dans les deux camps.

« Tolérance antagoniste » et « partage compétitif »

Tout comme durant les années 1920, les années 1990 ont été une décennie formatrice dans les relations israélo-palestiniennes. Ces deux décennies ont été marquées par des éruptions de violence intercommunautaire à l'échelle nationale, qui ont débuté dans et autour des lieux saints de Jérusalem à des périodes de forte symbolique nationale et religieuse. L'anthropologue Robert M. Hayden appelle un tel phénomène la « tolérance antagoniste » et le « partage compétitif des sites religieux »[5]Robert M. Hayden, Erdemir Aykan, Tuğba Tanyeri-Erdemir, Timothy D. Walker, Devika Rangachari, Manuel Aguilar-Moreno, Enrique Lopez-Hurtado, and Milica Bakić-Hayden, ntagonistic Tolerance: … Continue reading. Hayden a exploré le rôle que jouent les sites saints contestés dans les conflits national-religieux et ethniques à travers le monde et s'est rendu compte que ces lieux ont une longue histoire de coexistence pacifique, avec des flambées saisonnières de violence. Hayden explique que l'appropriation, le contrôle ou la destruction des lieux saints étaient un moyen de démontrer la suprématie et le contrôle d'une communauté sur l'autre. De son côté, Luz a étudié la géographie des rencontres religieuses à Jérusalem en tant qu’arène spatiale qui génère l'histoire unique de la ville[6]Nimrod Luz, « Holy Religious Encounters and the Development of Jerusalem’s Urban Landscape: Between Particularism and Exceptionalism”, in Maria Giora & Marian Burchardt, Geographies of … Continue reading. Selon Luz, ces éruptions de violence saisonnière ne constituent pas un dysfonctionnement historique mais sont davantage une partie inhérente de l'expérience physique et matérielle, et non seulement spirituelle, des lieux saints. Selon cette approche, les lieux saints sont considérés comme un exemple fascinant du caractère sociopolitique du lieu. Ainsi, je suggère d'examiner le conflit israélo-palestinien national-religieux dans une approche de longue durée et à travers le prisme de l’evolution autour de l'espace sacré symbolique et iconique de Jérusalem des différents groupes nationaux-religieux présents dans la ville. Cette approche va au-delà des frontières de Jérusalem et contribue à une meilleure compréhension des interactions israélo-palestinienne.

Formes de violence

Le 2 octobre 2015, Muhannad Halabi, un étudiant palestinien de 19 ans originaire de Ramallah, a écrit sur Facebook : « [...] la troisième Intifada a éclaté. Ce qui arrive à al-Aqsa est ce qui arrive à nos lieux saints [...] Je ne crois pas que notre peuple va succomber à l'humiliation. Le peuple va bel et bien se soulever » (Times of Israel, 3 octobre 2015). Le lendemain, il a sauté par-dessus la barrière séparant Jérusalem-Est de la ville palestinienne d'Abu Dis en Cisjordanie, s'est rendu dans la vieille ville de Jérusalem, non loin des portes de l’esplanade des Mosquées, où il a poignardé à mort deux hommes juifs orthodoxes avant d'être tué par la police. Le double meurtre de Halabi est souvent désigné comme l'attaque qui a lancé l' « intifada des couteaux » d'octobre 2015. En appréhendant l'attaque dans un contexte plus large, celle-ci intègre une vague de violence qui a débuté à l'automne 2014 et a duré trois ans, située clairement à la fois physiquement et idéologiquement autour de l'esplanade des Mosquées de Jérusalem. Des dizaines d'Israéliens et des centaines de palestiniens ont été tués et de nombreux autres blessés. Cette vague a connu différentes manifestations de violence intercommunautaire, mais l’une de ses caractéristiques principales était les « attaques de loups solitaires » - des individus palestiniens, y compris de jeunes garçons et filles sans appartenance organisationnelle, menant des attaques sporadiques au couteau.

Halabi n'était pas le premier jeune palestinien à poignarder des juifs en représailles aux actions d'Israël dans la mosquée al-Aqsa. La première « intifada des couteaux » a été lancée en octobre 1990 avec un triple homicide commis par Amer Abu Sirhan, un palestinien de 19 ans de Cisjordanie, en représailles au « massacre d'al-Aqsa ». Abu Sirhan a déclenché une vague d'attaques à l'arme blanche tout au long de la seconde partie de la première Intifada, ce qui lui a valu le titre de mufajar thawrat al-sakakyn – celui qui a lancé la révolte à l'arme blanche (Palinfo, 15 octobre 2011).  De même, deux juifs ont été poignardés à mort dans la vieille ville de Jérusalem, 95 ans avant Halani, lors de la première explosion de violence politique judéo-arabe en Palestine – les événements d'avril 1920. Les coups de couteau accompagnent le conflit israélo-palestinien depuis ses débuts. Dans son livre Weapons of the Weak, l'anthropologue James Scott a à ce titre démontré comment une série d'actions violentes d'hostilité et de défiance, avec utilisation d’armes blanches, même si elles ne sont pas organisées et n'ont pas d'objectif clair, peuvent en un instant se transformer en un mouvement de résistance qui soulève les masses[7]James C. Scott, Weapons of the Weak: Everyday Forms of Peasant Resistance. New Haven, Connecticut, Yale University Press, 1985..

Le premier matin du Ramadan 2021 la police israélienne a curieusement empêché le public d'accéder à la place située devant Bab al-Amoud (connue en français sous le nom de Porte de Damas), sous le prétexte de préserver l’ordre public et dans les faits restreignant l’espace public palestinien. Il s'agit de la plus magnifique des portes construites dans l'enceinte ottomane d'un kilomètre carré qui entoure la vieille ville de Jérusalem. Située sur sa façade nord, elle est aussi la principale porte palestinienne de l'espace intra-muros. Au cours des événements de 2014-2017, la porte est devenue un site symbolique islamo-palestinien, le deuxième après la mosquée al-Aqsa, avec plus d'une douzaine d'attaques à l'arme blanche et de tirs visant la police israélienne postée à la porte. En retour, Israël a placé une surveillance électronique autour de la porte et a construit trois tours de guet fortifiées occupées en permanence par des agents de la police des frontières en tenue de combat. Tout cet étalage de force reflète en fait, bien évidemment, le manque de pouvoir et la faiblesse de la souveraineté israélienne à Jérusalem-Est.

La place qui entoure la porte d'entrée principale de la mosquée al-Aqsa est traditionnellement transformée en un marché animé et en un lieu de rassemblement pendant le mois sacré. La fermeture de cette arène publique et symbolique palestinienne pendant le Ramadan a provoqué des protestations. La population de Jérusalem-Est était déjà en colère à la suite d’une provocation antérieure : la police israélienne avait unilatéralement débranché les haut-parleurs de la mosquée al-Aqsa le premier soir du Ramadan (13 avril 021), afin de ne pas perturber le discours du chef d'état-major des forces de défense israélienne la veille de la Journée de commémoration des soldats israéliens morts au combat, qui se tenait sur la place adjacente au Mur occidental. S’observait ainsi un débordement de symbolismes concurrents.

Dans les semaines qui suivirent, une accumulation d'événements et de contestations symboliques entraîna une escalade dans tout le pays. La manifestation palestinienne de Bab al-Amoud s'est heurtée à la brutalité disproportionnée de la police israélienne, qui n'a fait qu’attiser la fureur et l’inclination à manifester. Au cours de cette même période, un imbroglio juridique a conduit à la fermeture du quartier de Cheikh Jarrah, ce qui a attiré l'attention sur les tentatives en cours de judaïser Jérusalem-Est par des colons sionistes religieux soutenus par l'État[8]Voir à ce titre Clothilde Mraffko, « “Ils veulent aller vite, nous expulser, détruire les maisons” : dans la Ville sainte, la bataille pour Jérusalem-Est », Le Monde, 10 août 2021. [En … Continue reading. À la suite des manifestations, les barrières policières à la porte de Damas ont été supprimées, mais l'élan déjà existant a transformé les troubles localisés en une vague nationale de protestation politique centrée sur les symboles nationaux-religieux.

Les vidéos de violence intercommunale et policière téléchargées sur les médias sociaux ont encore attisé les tensions. En quelques jours, la violence s'est étendue à la ville ethniquement mixte (juive-palestinienne) de Jaffa. Le 10 mai, le défilé de la Journée de Jérusalem, qui célèbre la victoire d'Israël en 1967, devait passer par la porte de Damas, entrer dans le quartier musulman et atteindre le Mur occidental - une démonstration ostensible de pouvoir par les mouvements sioniste-religieux. Le Hamas, furieux de l'annulation des prochaines élections législatives palestiniennes (prévues pour le 22 mai 2021), lança un ultimatum et tira des missiles en direction de Jérusalem, dispersant le défilé, alors que la foule courrait s'abriter à l'approche des murs de la vieille ville. La riposte d'Israël a marqué le début d'un nouveau cycle de violence à Gaza. Les deux camps se présentent comme les gardiens de Jérusalem : le Hamas a appelé l'opération « Épée de Jérusalem » et Israël l'a nommée « Gardien des murailles ». Simultanément, une vague de violence intercommunautaire sans précédent a éclaté dans tout Israël entre citoyens palestiniens et juifs israéliens : dans des villes mixtes comme Lod, Ramla, Acre, Haïfa et dans tout le pays, dans le Néguev, la Galilée et le « Triangle » (une zone du centre d'Israël où se trouvent de nombreux Palestiniens citoyens d'Israël). L'escalade a également été ressentie en Cisjordanie. Des centaines de Palestiniens et une quinzaine d'Israéliens ont été tués et des milliers de blessés ont été dénombrés à la fin du mois de mai 2021.

En mars 2022, une nouvelle vague d’attaques terroristes de type « loup solitaire » a frappé Israël, tuant 19 Israéliens et 15 palestiniens (y compris les auteurs des attentats). Une opération israélienne de plusieurs semaines a été lancée en Cisjordanie, au cours de laquelle des dizaines de personnes ont été tuées, dont, le 11 mai, la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh et un policier israélien d’une unité d’assaut. Abu Akleh, une journaliste d'al-Jazeera de Jérusalem-Est qui était devenue un symbole national palestinien et un modèle féminin arabe, a été tuée à Jénine, une ville du nord de la Cisjordanie. Son assassinat, très probablement par des balles israéliennes[9][En ligne] https://www.aljazeera.com/news/2022/7/4/us-shireen-abu-akleh-killing-investigation-israel-likely-responsible (consulté le 24 juillet 2022)., a eu un écho dans toute la Palestine, dans le monde arabe et à l’échelle internationale. Le 12 mai, la police israélienne a pris d'assaut le cercueil d'Abu Akleh, qui était recouvert de drapeaux palestinien. Des images de policiers israéliens attaquant brutalement les participants aux funérailles à Jérusalem-Est ont été diffusées dans les médias du monde entier, rappelant avec force le lien tragique entre les territoires palestiniens, divisés pour en faciliter la maîtrise, Jérusalem-Est, Israël et la Cisjordanie.

Lorsque le Ramadan et la Pâque juive ont commencé en avril, les tensions étaient ainsi déjà fortes. Mi-avril, à la veille de Pessah, des émeutes ont éclaté sur l’esplanade des Mosquées, attisées par l'atmosphère générale et par l'annonce de militants du Temple juif de leur intention de procéder au sacrifice rituel d’un agneau sur l’esplanade (intention déclarée chaque année, et chaque année stoppée par la police). La police a affronté les palestiniens sur l’esplanade, mais a agi cette fois avec retenue. Grâce à cette approche plus modérée, la violence sur l’esplanade et à la porte de Damas, restée ouverte cette année, est demeurée locale et n'a pas évolué vers une nouvelle escalade nationale.

Les cercles de violence autour de Jérusalem n'ont cessé de s'élargir tout au long du XXIe siècle. Si, autrefois, ils comprenaient principalement les habitants de Jérusalem et les palestiniens de Cisjordanie, aujourd'hui toutes les populations, y compris les citoyens israéliens, les juifs et les palestiniens, les Cisjordaniens et les habitants de Gaza, sont impliquées et ils renvoient à des cercles plus larges, régionaux et internationaux.

Le conflit judéo-arabe a de nombreuses causes et motivations. Dès le début, les tensions se sont transformées en violence sur les lieux saints de Jérusalem pendant les périodes de célébrations religieuses, entraînant des vagues de violence intercommunautaire à l'échelle nationale, avec des centaines, voire des milliers de victimes (si l'on compte les victimes de la deuxième intifada/al-Aqsa qui a éclaté à Jérusalem). Qu'il s'agisse d'un banc, d'une cloison, d'un détecteur de métaux ou d'une clôture, les objets banals à l'origine de la violence ne sont que le reflet de questions plus profondes de propriété, d'autochtonie et de contrôle.

Parfois, la politique des autorités israéliennes ou palestiniennes peut influer sur la portée des événements, mais il est clair que tant que la motivation profondément politique du conflit et l'occupation israélienne des palestiniens se poursuivront, Jérusalem ne manquera pas d'éclater à nouveau, mobilisant le symbolisme national-religieux, transformant les tensions en violence.

Notes

Notes
1 Shiri Landman, « Barriers to Peace: Protected Values in the Israeli-Palestinian Conflict », in Barriers to Peace in the Israeli-Palestinian Conflict, Jerusalem, The Jerusalem Institute for Israel Studies and the Konrad-Adenauer-Stiftung Israel, 2010, p. 136.
2 Emma Aubin-Boltanski, Pèlerinages et Nationalisme En Palestine : Prophètes, Héros et Ancêtres, Paris, Éditions de l’EHESS, 2007.
3 Hillel Cohen, Year Zero of the Arab-Israeli Conflict 1929, Waltham, Massachusetts, Brandeis University Press, 2015.
4 Eran Tzidkiyahu, “From the Margins to the Center : Religious-Nationalism in the Israeli-Palestinian Conflict : A Comparative Approach”, thèse de science politique, Paris, Institut d’études politiques, 2021.
5 Robert M. Hayden, Erdemir Aykan, Tuğba Tanyeri-Erdemir, Timothy D. Walker, Devika Rangachari, Manuel Aguilar-Moreno, Enrique Lopez-Hurtado, and Milica Bakić-Hayden, ntagonistic Tolerance: Competitive Sharing of Religious Sites and Spaces, London‏, Routledge, 2016.
6 Nimrod Luz, « Holy Religious Encounters and the Development of Jerusalem’s Urban Landscape: Between Particularism and Exceptionalism”, in Maria Giora & Marian Burchardt, Geographies of Encounter: The Rise and Fall of Multi-Religious Spaces, London, Palgrave Macmillan, 2021, pp. 29-54.
7 James C. Scott, Weapons of the Weak: Everyday Forms of Peasant Resistance. New Haven, Connecticut, Yale University Press, 1985.
8 Voir à ce titre Clothilde Mraffko, « “Ils veulent aller vite, nous expulser, détruire les maisons” : dans la Ville sainte, la bataille pour Jérusalem-Est », Le Monde, 10 août 2021. [En ligne] https://www.lemonde.fr/international/article/2021/08/10/ils-veulent-aller-vite-nous-expulser-detruire-les-maisons-dans-la-ville-sainte-la-bataille-pour-jerusalem-est_6091111_3210.html (consulté le 24 juillet 2022).
9 [En ligne] https://www.aljazeera.com/news/2022/7/4/us-shireen-abu-akleh-killing-investigation-israel-likely-responsible (consulté le 24 juillet 2022).
Pour citer ce document :
Eran Tzidkiyahu, "Comprendre la violence politique de Jérusalem". Bulletin de l'Observatoire international du religieux N°38 [en ligne], juillet 2022. https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/comprendre-la-violence-politique-de-jerusalem/
Bulletin
Numéro : 38
juillet 2022

Sommaire du n°38

Voir tous les numéros

Auteur.e.s

Eran Tzidkiyahu, Docteur associé au CERI, Sciences po Paris

Texte traduit par Anne Lancien

Mots clés
Pays :
Aires géographiques :
Aller au contenu principal