Bulletin N°40

novembre 2022

Derrière le voile des représentations sportives : questionner la vision d’un sport radicalisé

Gianni Marasà

Depuis 2015, certains articles de presses[1]Ouest-France Étudiant (08-2018) ; BFM TV (10-2018) ; Le Monde des Religions (09-2018) ; L’Équipe (05-2017) ; L’Équipe (02-2020) ; L’Équipe (09-2020) ; L’Équipe (02-2020) ; … Continue reading et guides de prévention pointent les dangers potentiels du sport à propos de la radicalisation dite djihadiste[2]Ces dernières années, la radicalisation est familièrement associée à la religion islamique, malgré la multitude de situations pouvant relever d’autres radicalisations, non religieuses. Dans … Continue reading. Ces prises de position s’inscrivent à la suite d’une série de signalements d’individus « radicaux » engagés dans des clubs marqués par un communautarisme religieux[3]C’est le cas notamment dans la note confidentielle du Service Centrale du Renseignement Territorial intitulée « Le sport, vecteur de communautarisme, voire de radicalisme », partiellement … Continue reading. Ainsi la prévention de la radicalisation devient prioritaire parmi les missions de certains acteurs du champ sportif : ceux-ci devraient maintenant repérer et signaler des individus potentiellement radicalisés. La pratique sportive associative devient alors adossée à une mission de « vigie ». Si l’on comprend l’apparition /rapide de ces mesures en raison de nombreux faits divers, on constate cependant un déficit de questionnements autour du lien – et de sa nature – entre le sport et la radicalisation. On peut supposer que l’empressement des politiques publiques à s’emparer de ce sujet est le résultat de plusieurs influences difficilement mesurables : celle d’une opinion tranchée sur la question, confortée par un déficit de productions scientifiques et renforcée par certains travaux alarmistes[4]On pense notamment à l’ouvrage de Médéric Chapitaux, Le sport, une faille dans la sécurité de l’État, Enrick B. Editions, 2016.. Les travaux universitaires sur la radicalisation foisonnent. Pourtant ceux qui concernent le sport manquent et les récits collectés au sujet de faits ou de comportements étiquetés sont incertains (discours exagérés, témoignages bâtis sur des souvenirs parfois lointains). Si la radicalisation peut être appréhendée comme un processus d’étiquetage d’une « vision non conventionnelle[5]Peter Neumann, “The Trouble with Radicalization”, International Affairs, 89 (4), 2013, p. 886. », elle est avant toute considération politique, une approche processuelle de désocialisation et de resocialisation[6]Farhad Khosrokhavar, Radicalisation, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2014. à un groupe social exclusif et au sein duquel l’individu nourrit un sentiment de frustration renforcée par la rupture des liens antérieurs, cherchant à donner sens à une idéologie alternative vis-à-vis d’un monde dans lequel il ne se reconnait pas ou plus[7]Isabelle Sommier, « L’engagement radical a-t-il un âge ? », L'école des parents, Sup. au N° 619, 2016, pp. 61-78.. Dans cet article, nous allons tenter de clarifier cette association confuse entre le sport et la radicalisation. Il ne s’agira pas de dénoncer, de blâmer ou d’accuser, mais de proposer une explication[8]Nous souhaitons comprendre comment établir un lien entre le sport et la radicalisation sans l’accepter ou lui donner raison (Bronner, 2019), en révélant une partie de sa construction sociale … Continue reading. Dans un premier temps nous étudierons la posture des autorités publiques sur la question de la radicalisation dans le sport ainsi que les éléments sur lesquels elle repose. Dans un deuxième temps, nous nous appuierons sur une enquête de terrain pour alimenter une réflexion autour de la conditionnalité de la socialisation radicale dans le sport et ainsi proposer une version différente de celles induites par les postures institutionnelles. Nous formaliserons alors une expérience de pensée basée sur nos résultats empiriques permettant d’aborder deux situations : celle d’un « club qui radicalise » et celle d’un club qui serait confronté à des radicalisés.

Le sport comme vecteur de radicalisme ?

On sait depuis 2012 que la vingtaine d’individus qui ont commis des attentats terroristes au nom de l’idéologie djihadiste sur le sol français partagent plusieurs éléments biographiques comme certaines pratiques : musculation, football et sports de combat. De nombreux articles de presse exploitent de telles informations pour illustrer des trajectoires de jeunes fichés pour radicalisation, passés par certains clubs sportifs. Cet engouement médiatique, accentué par la diffusion partielle d’une note du Service Central du Renseignement Territorial, a conduit les politiques publiques à agir. Plusieurs outils sont alors diffusés depuis 2016[9]Dans le cadre plus large du plan d’action du gouvernement contre la radicalisation et le terrorisme. auprès des fédérations sportives : le guide « Acteurs du sport et de l’animation. Mieux connaître, mieux comprendre et mieux prévenir les phénomènes de radicalisation » ainsi qu’un document de synthèse « Prévenir la radicalisation dans le champ du sport », diffusés par le ministère de la ville, de la jeunesse et des sports. L’objectif à travers ces outils est d’effectuer une approche préventive au sein du monde sportif. On peut souligner l’effort de mise en garde contre une essentialisation de la toradicalisation à propos de l’aspect religieux[10]Rappelant notamment que la radicalisation peut concerner de nombreux autres domaines que la religion. et la volonté de s’appuyer sur les travaux d’universitaires établis dans la profession[11]Le guide emprunte une partie de ses définitions aux travaux de Farhad Khosrokhavar.. Les documents présentent de façon simplifiée un concept déjà particulièrement imparfait et confus[12]Voir Mark Sedgwick, “The Concept of Radicalization as a Source of Confusion”, Terrorism and Political Violence, 22, 2010, pp. 479-494 et Éric Marliere & Haoues Seniguer, « Être radical … Continue reading, mais malgré les précautions prises les frontières entre pratiques religieuses, radicales et radicalisations sont parfois difficilement perceptibles. Cela conduit à certains amalgames et confusions. En découle une posture normative à propos des conduites à adopter en matière de religiosité – à défaut de radicalisation – dans le monde du sport, et principalement ciblée sur l’islam. Par ailleurs, les procédures qui signalent un individu comme « potentiel radicalisé » mettent en jeu une forte part de subjectivité. La procédure fait appel à la déontologie (variable pour chaque individu) de l’acteur sportif, se fie à son estimation (le considérant donc comme qualifié sur le sujet) et à sa perception personnelle (induisant de nombreux biais interprétatifs). On demande à l’acteur du sport de signaler « les actes qui lui paraissent dénoter une dérive radicale »[13]Citation extraite de la page 28 du document « Acteurs du sport et de l’animation. Mieux connaître, mieux comprendre et mieux prévenir les phénomènes de radicalisation ».. Un processus de désignation[14]Howard Becker, Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié, 1985. qui place les individus sous l’étiquette de radicalisés, basé sur une norme de référence qui, ici, est individualisée[15]Difficile à cerner, subjective donc discutable.. En outre, l’identification de critères de signalement qui englobent une infinité de situations et d’individus potentiels, renforcé par la couverture médiatique des faits de radicalisation dans le sport, participe au renforcement d’un « risque permanent » de la radicalisation. Mais on sait que le monde du journalisme est soumis à l’urgence, à la pression des comités de rédaction, à la nécessité d’obtenir des audiences et qu’il repose sur une économie qui limite les investigations d’envergure tout autant qu’il cache une structuration de la main d’œuvre empêchant l’émergence de conduites professionnelles dissonantes[16]Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber, 1996 et Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, Paris, Raisons d’agir, 2005.. Quant aux politiques publiques, on sait qu’elles fonctionnent généralement sur le principe de précaution, qui peut avoir des conséquences négatives[17]Voir Gérald Bronner & Étienne Gehin, L’inquiétant principe de précaution, Paris, Presses Universitaires de France, 2010 et Gérald Bronner, « Perceptions du risque et … Continue reading. Ce risque est renforcé par un fonctionnement qui s’appuie sur la multiplicité des travaux scientifiques du sujet traité[18] Olivier Godard, « Le principe de précaution comme norme de l'action publique, ou la proportionnalité en question », Revue économique, vol. 54 (6), 2003, pp. 1245-1276. et que – nous l’avons précisé – les productions à propos du sport et de la radicalisation manquent.

L’usage de la statistique pour tenter d’objectiver le phénomène est tout aussi complexe. Les faits de radicalisation violente sur le territoire sont particulièrement résiduels, mis en perspective avec les plus de 15 millions de licenciés sportifs[19]Le guide en fait d’ailleurs le rappel. en France. La mise en avant de corrélations ne prend pas sens compte tenu de l’échantillonnage et l’existence de caractéristiques communes entre les individus les plus concernés par la radicalisation et ceux qui pratiquent les activités sportives citées[20]Les profils sociologiques des individus le plus concernés par la radicalisation sont proches du bassin de recrutement des licenciés des pratiques sportives évoquées en début de partie. rend probable la présence de facteurs de confusions et de biais systématiques. Cela nous amène à faire une interprétation prudente de ce genre de données[21]Bernard Lahire, « Risquer l’interprétation. Pertinences interprétatives et surinterprétations en sciences sociales », Enquête, anthropologie, histoire, sociologie, 3, 1996, pp. 61-87.. D’autant que selon l’Institut des hautes études du ministère de l’intérieur (IHEMI), le sport institutionnel semble peu concerné par les faits de radicalisation et de communautarisme, voire moins que d’autres types de structure. A ce propos, on sait que les individus fichés pour radicalisation sont « moins sportifs » que la population générale : moins de 10% des individus du FSPRT[22]Fichier des Signalements pour la Prévention de la Radicalisation à caractère Terroriste.. Le sport est donc effectivement concerné, mais sans nier cette réalité, il est important de pointer une distinction entre la perception sociale du problème et sa réalité empirique.

L’association de grandes catégories

Il fallait relativiser l’automaticité des relations entre le sport et la radicalisation. Mais le fait qu’elle soit statistiquement peu visible et non représentative ne signifie pas pour autant qu’elle n’existe pas. Comment le sujet peut-il donc être abordé ? Nous disposions de deux stratégies au moment de mener les enquêtes de terrain. La première possibilité consistait à se rendre dans des clubs identifiés comme « radicalisant », voire à questionner directement des individus sportifs fichés pour radicalisation. Nous n’avions cependant pas accès à ce terrain, ni à ces réseaux d’informations. Par ailleurs, une sociologie de ce fait divers aurait apporté des résultats certes intéressants, mais qui n’aurait pas pu renseigner nos questionnements initiaux. La deuxième piste consistait à aller au-devant des clubs et individus non pas « radicalisés » mais qui portent les indicateurs sociologiques de la radicalisation. C’est-à-dire plutôt de jeunes individus aux conditions d’existence précaires, situés en milieux défavorisés, ségrégés et qualifiés de « violents » voire « sensibles »[23]Voir Farhad Khosrokhavar, « Le nouveau djihadisme européen », Revue du MAUSS, 49, 2017, pp. 1, 31-47 et Isabelle Lacroix, Radicalisation et jeunesses. Revue de Littérature, Institut National de … Continue reading. Nous avons cherché à objectiver comment les contextes des pratiques contribuent aux mécanismes de fabrication ou de déficit de reconnaissance ou de protection et comment ils contribuent à la fabrique de leur identité sociale. Nous devions prendre en compte les complexités interactionnelles et situationnelles qui façonnent l’identité des individus et qui nous renseignent sur l’estime que le club leur apporte, étant des éléments de l’engagement radical[24]Eliamine Settoul, « Le drapeau ou le djihad ! Regard comparé sur les logiques d’engagement militaire et djihadiste », Confluences Méditerranée, vol. 106 (3), 2018, pp. 135-146.. Nous nous sommes intéressés aux conditions favorables de la radicalisation[25]Luc Van Campenhoudt, Comment en sont-ils arrivés là ? Les clés pour comprendre le parcours des Djihadistes, Paris, Armand Colin, 2017., aux dispositions biographiques[26]Éric Marliere, La fabrique sociale de la radicalisation. Une contre-enquête sociologique, Boulogne-Billancourt, Berger-Levrault, 2021., à cette « boite noire » que constitue les prémices de la radicalisation, de la radicalité voire de l’idéologie radicale[27]Isabelle Sommier, Engagement radical, désengagement et déradicalisation. Continuum et lignes de fracture, Lien social et Politiques, 68, 2012, pp. 15–35.. C’est de cette manière que l’on a tenté d’objectiver le lien entre le sport et la radicalisation indépendamment du fait qu’il existe ou non. Ce choix donne l’avantage de s’intéresser au fait social qui se cache derrière le fait divers. Traduire le concept en indicateurs empiriques nous a conduit à enquêter dans ces lieux « potentiellement concernés » et à penser que l’étude du contexte d’exercice de la pratique et de ses caractéristiques, renseignent probablement la conditionnalité de la radicalisation.

Approcher du terrain pas à pas

Les travaux sur la radicalisation montrent que les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPPV) sont particulièrement concernés[28]Nourredine Boubaker, « Radicalisation » de quoi parle-t-on ?, L'école des parents, 619 (5), 2016, pp. 33-37 et Farhad Khosrokhavar, 2017, op. cit.. Nous avons enquêté dans ces quartiers, auprès de clubs de lutte, taekwondo, kick-boxing et boxe anglaise parce qu’ils se signalent par des taux élevés de licenciés issus des QPPV. Par ailleurs, le nombre de licenciés de ces pratiques ne correspond qu’à 1.4% du nombre total de licenciés en France. Cela rendait donc intéressante son analyse, car elle se différentiait du cas du football qui, lui aussi se signale par ces mêmes indicateurs. Cependant, mis en perspective avec le nombre de pratiquants de football, le nombre d’individus qui sont passés à l’acte (radical violent voire terroriste), se déclarant d’une pratique footballistique devenait bien plus résiduel que celui des pratiques « de combat ». Par ailleurs, on sait que les pratiques de combat permettent aux individus les plus investis de se former un « capital guerrier »[29]Thomas Sauvadet, Le capital guerrier. Concurrence et solidarité entre jeunes de cité, Paris, Armand Colin, 2006., ce que le jihad encourage, parce qu’il participe « de la construction d’un rôle guerrier à la fois séduisant et opérationnel[30]Xavier Crettiez, « Penser la radicalisation. Une sociologie processuelle des variables de l’engagement violent », Revue française de science politique, 66 (5), 2016, p. 726. ». Nous nous sommes donc centrés sur ces pratiques. Nous avons privilégié une démarche au plus près des individus : monographie, observation in situ, entretiens. Le premier temps de l’enquête concerne 26 clubs sportifs. Il est constitué d’observations (incluant régulièrement une participation de l’enquêteur) et d’entretiens informels menés avec les responsables des clubs. Le second temps a constitué en un travail immersif de type ethnographique. Il concerne deux clubs de boxe anglaise investis sur une période de plusieurs mois chacun. Nous avons participé aux entraînements, aux interactions de vestiaires, d’avant ou d’après séances. Cela a débouché sur la constitution d’un corpus d’observations, d’entretiens formels et informels avec les encadrants notamment.

La diversité des pratiques de combat

Notre échantillon concentre des clubs situés dans ou à proximité de quartiers ciblés mais différents. À certains endroits, les caractéristiques de ces quartiers[31]Comme le taux de pauvreté, les revenus médians ou le taux de chômage par exemple. se rapprochent des moyennes régionales et nationales tandis qu’à d’autres endroits les revenus médians peuvent être trois fois inférieurs et les taux de pauvreté trois fois supérieurs. Nos entretiens et les consultations des registres de licenciés des clubs montrent un recrutement social des pratiquants hétérogène, non systématiquement représentatif des quartiers. L’évolution du nombre de licenciés des clubs fait également état de taux d’évaporation inégalitaires. À l’instar du gym[32]Il désigne le club de boxe situé en quartier défavorisé de Chicago dans lequel l’auteur a enquêté.étudié par Loïc Wacquant[33]Loïc Wacquant, Corps et âme. Carnets ethnographiques d’un apprenti boxeur, Marseille, Agone, 2001., certains clubs atteignent les 90% de défection là où d’autres plafonnent à 10%. Ces chiffres interrogent la malléabilité du potentiel intégrateur ou excluant de l’épreuve sportive[34]Williams Nuytens, L’épreuve du terrain : violences des tribunes, violences des stades, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011. et la « place » que l’individu occupe dans le club.

Nous sommes en présence de codifications fortes mais différentes : dans leur structuration associative, dans leurs modes de pratiques et rituels[35]Le sens de la ritualité est à entendre comme « les habitudes et routines de pratiques »., dans les règles des combats, dans la tolérance plus ou moins forte à l’impact des coups portés[36]Allant de la simple touche pour marquer des points, à la frappe pour tenter de mettre K.O son adversaire.. Par ailleurs, elles nécessitent toutes un lieu dédié où l’on retrouve la présence d’installations sportives spécifiques[37] Tapis et équipements de protection, sacs de frappes, « mannequin de bois », etc., ainsi qu’un encadrement adéquat. Ce cadre très formel des activités, couplé à la forte technicité attendue, impliquent un engagement conséquent des pratiquants. De fait, les clubs étudiés tolèrent difficilement les investissements dispersés, irréguliers et se concentrent davantage sur les sportifs ascétiques. Une analogie pourrait être faite avec le monde religieux. Dans le sport comme dans la religion, chacun est libre de pratiquer de façon sporadique. Pourtant, la réalisation d’objectifs de hauts niveaux est conditionnée par un engagement total de l’individu dans sa pratique, qu’elle soit sportive ou religieuse et où le lieu de pratique constitue une réelle pierre angulaire. Cette observation renseigne l’hétérogénéité des codifications et règlements à assimiler dans l’objectif d’une éventuelle intégration du pratiquant à ce groupe social (ici le club). Une intégration nécessaire pour tout individu qui souhaite progresser et perdurer dans l’activité mais qui exige un engagement total de sa part. Cet engagement est à double tranchant. Si le club propose une homologie sociologique avec les individus radicalisés, il devient alors potentiellement moteur de son engagement radical. A contrario, s’il socialise à des valeurs d’ouverture sociale opposées à celles prônées par la radicalisation, l’ascèse exigée par la pratique et ses valeurs, deviennent soit un frein à la pérennisation de la pratique pour l’individu, soit un frein à l’engagement radical.

Au-delà de ce premier niveau d’analyse, on remarque plusieurs types de socialisations produites par les clubs. L’analyse des entretiens menés auprès des dirigeants a permis d’identifier trois grandes catégories de clubs : le club compétitif, le club intégrateur[38]Nous avons repris les termes employés par les dirigeants des clubs., le club mixte[39] Qui se résume en une conciliation des deux catégories précédentes.. Pour chacune des catégories, on constate des différences concernant le recrutement social et spatial des pratiquants. Là où certains recrutent volontairement dans les quartiers dits « difficiles » pour tenter d’améliorer le destin social des individus, d’autres souhaitent les éviter, considérant qu’ils sont un frein à l’objectif et l’idéal purement sportif fixé par le club. Là où le club compétitif met en avant une valorisation de l’individu indexé sur le niveau de sa pratique sportif, le club intégrateur valorise davantage le parcours de vie et considère le sport comme un levier, un rouage faisant partie d’un mécanisme qui englobe les autres sphères de la vie sociale. À ces endroits, les dirigeants sont souvent des anciens pratiquants du club historique. Ils sont originaires des mêmes quartiers que les jeunes qu’ils souhaitent aider. On peut supposer que les gérants de ces clubs parviennent plus facilement à déceler d’éventuels engagements radicaux en raison de leurs connaissances des licenciés et des quartiers[40]Qui ne se limitent pas aux seuls « moments » sportifs..

Nous avons ensuite réalisé deux observations prolongées de type ethnographique dans deux clubs qui appartiennent à la catégorie « mixte ». Nous avons choisi ces derniers en ce qu’ils représentent l’idéaltype des disparités possibles identifiées précédemment. On retrouve tout d’abord un ensemble de sportifs qui cherchent dans le club un moyen d’émancipation d’une condition parfois vécue comme difficile[41]Jérôme Beauchez, L'empreinte du poing. La boxe, le gymnase et leurs hommes, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2014.. Bien que ces individus soient quantitativement moins nombreux, ce sont les plus visibles. Ceux qui revendiquent le plus leur sentiment d’appartenance au club. Ceux qui le représentent. Des figures respectées par les pratiquants, ainsi que par les dirigeants qui s’accordent à les considérer comme des modèles de réussite du club (soit par leur engagement sportif, soit par leur réussite sociale). Ils habitent souvent[42]De l’ordre de 70 à 80% dans ce groupe de pratique. dans le quartier prioritaire voisin, ce qui induit une forte connexion entre le quartier et le club. Pourtant on retrouve dans ces clubs un ensemble d’individus aux trajectoires et situations sociales hétérogènes : des enseignants, des étudiants, des sans-emploi, des jeunes précaires, des cadres, etc. Mais tous ne s’entraînent pas toujours ensemble. On distingue plusieurs groupes de pratiquants[43]Plus on monte en niveaux de pratique, plus on tend vers une homogénéité des profils de boxeurs : les loisirs, les amateurs non-compétiteurs, les compétiteurs, les professionnels. Chacun des sous-groupes dispose de ses propres règles, exigences, obligations et degrés de tolérance. Pour chacun de ces sous-groupes, on constate des spécificités individuelles et interactionnelles, des spécificités sociologiques et des différences de socialisation produites.

L’épreuve sportive… et la radicalisation ?

Chacun des clubs étudiés propose de contribuer à la constitution d’un capital expérientiel de la pratique sportive. Ce dernier varie selon le club, ses pratiquants, son fonctionnement, sa situation géographique. Il faut également prendre en compte que les différentes socialisations produites par les clubs sont réceptionnées différemment par les licenciés. Deux situations sont à étudier ici : le cas du club qui radicalise et le cas du club qui accueillerait des radicalisés.

Pour la première situation, l’étude menée permet d’identifier certaines variables à considérer dans l’éventualité d’une socialisation sportive qui se confond avec une socialisation radicale. La vision du club qui radicalise, en tant qu’institution, ne peut s’effectuer qu’à de multiples conditions qui dépendent : de sa structuration associative, du public qu’il accueille, des individus qui dirigent le club. Certains sont effectivement identifiés comme tels en France[44]Dans un autre registre que celui évoqué, on sait par exemple que certains clubs de MMA ont été investis par des groupes identitaires radicaux, en France comme à l’étranger., gérés par des figures de « héros sportif négatifs » proches du « héros négatif » de Khosrokhavar. C’est-à-dire des individus en quête d’une reconnaissance basée sur des actes jugés négatifs (et les craintes qu’ils suscitent) idéalisés par les pratiquants. Dans ces cas, les homologies entre l’engagement radical et l’exigence sportive renforcent l’appariement entre le sport et la radicalisation. Cependant il s’agit de cas que nous n’avons pas rencontré dans notre enquête.

Pour la seconde situation, il s’agit de considérer que la pratique sportive peut être un lieu de passage pour des individus radicalisés bénéficiaires de certaines ressources corporelles mises à disposition par les clubs. Cependant, cette vision du sport et de la radicalisation rend compte de situations difficilement observables[45]Il faut pouvoir être au bon moment, au bon endroit.. On suppose que le club sportif ne constitue pas une étape primordiale dans la construction identitaire de l’individu radicalisé, a fortiori lorsque nos observations empiriques montrent la conditionnalité de l’intégration sportive. Conditionnalité qui, dans ce qu’elle exige, semble aller à l’encontre d’une socialisation radicale : la socialisation à la vie en collectivité, à la mixité, au respect des normes et aux valeurs du club, peuvent difficilement coexister avec un objectif de désaffiliation de tout groupe ne partageant pas l’idéologie prônée et valorisée par l’individu radicalisé. L’un des clubs enquêtés a été confronté à cette problématique. Les propos du dirigeant interrogé renseignent le parcours d’un jeune individu qui participait aux entraînements de ce club dont il s’est progressivement éloigné et désaffilié. L’opposition entre les valeurs du club et sa vision radicale l’ont conduit à rompre les liens entretenus avec ce dernier. La proximité des dirigeants avec le quartier d’origine de ce jeune a facilité la tentative[46]Les efforts et l’accompagnement fournit n’ont cependant pas pu empêcher un départ pour la Syrie. conjointe d’accompagnement, en partenariat avec différents services sociaux adaptés à la problématique. Le départ du club de cet individu ne fut presque pas remarqué et vite oublié par les autres sportifs[47]N’étant pas au courant de sa situation, il s’agissait pour eux d’un départ comme un autre, qu’ils ont l’habitude de rencontrer., facilité par le fait que ce dernier adoptait une attitude effacée et discrète lors des entrainements. Pour le dirigeant, cette épreuve a été vécue comme un échec dans l’une de ses missions auto-attribuées : celle de l’intégration et l’accompagnement des jeunes du club, bien que conscient des limites du club sportif qui ne représente finalement qu’une part infime et inégale de la sociabilité de ces jeunes. Le sport deviendrait dans ce cas un lieu de passage, au sein duquel le radicalisé – discret car conscient de son statut[48]On sait notamment que les radicalisés ont tendance à adopter des stratégies de dissimulation dans le but de « cacher » leur radicalisation. Voir Xavier Crettiez et Romain Seze, Saisir les … Continue reading – viendrait tirer profit de ressources sportives (ici de combat) proposées par la pratique.

Questionner le lien entre le sport et la radicalisation revient finalement à relancer le débat des valeurs du sport. Là où l’on pouvait observer une ambiguïté basée sur une croyance scientifiquement contestée du mythe des vertus intrinsèquement intégratrices du sport[49]Voir les travaux de Marc Falcoz & Michel Koebel, Intégration par le sport : représentations et réalités, Paris, L’Harmattan, 2005 ; William Gasparini, « L’intégration par le sport. … Continue reading, on constate aujourd’hui une inversion de la tendance. On accuse désormais le sport d’être responsable non plus de l’intégration de ses pratiquants, mais de ses dérives. En considérant le sport comme vecteur avéré de radicalisation ou au contraire comme un rempart automatique, on ne fait que reproduire le même genre d’automatisme. La question du sport et de la radicalisation rejoint finalement les nombreuses autres « associations » entre des grandes catégories et la pratique sportive : le sport et la violence, le sport et l’agressivité, le sport et la santé, ou encore le sport et l’intégration sociale.

Le club sportif, un « lien » parmi d’autres

Tentons alors de répondre à la question énoncée dans cet article à savoir : comment faire état d’un lien entre le sport et la radicalisation ? Nous sommes tout d’abord revenus sur la résidualité du phénomène en nous plaçant à distance des postures institutionnelles. Nous avons ensuite tenté de montrer comment la diversité des groupes, des formes de pratique et des licenciés permet de reconsidérer le lien entre le sport et la radicalisation. Il est à noter que si l’ensemble de ces conditions est réuni, la pratique sportive pourrait constituer un « moment d’effervescence collective »[50]Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse : le système totémique en Australie, Paris, Félix Alcan, 1912. qui converge avec la radicalisation. Qui plus est, l’exigence de la socialisation sportive (qui induit une forte défection constatée des licenciés) conduit à examiner attentivement les « ratés » ou « exclus » de la socialisation sportive. Ceux qui ont vécu le sport comme une frustration, une humiliation, qui abandonnent prématurément la pratique ou qui sont invités à l’abandonner. Des sentiments qui alimentent une forme d’isolement, d’exclusion, de disqualification, susceptibles de fragiliser le lien social et ses constituants et qui potentiellement, rendent possible le développement d’identités radicales, d’une pensée extrême voire alimentent la radicalisation[51]Gérard Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, Paris, Presses Universitaires de France, 2016.. Enfin, il est nécessaire de prendre en compte le fait que le cadre sportif n’est pas une institution totale[52]Ervin Goffman, Asiles. Etudes sur la condition sociale des malades mentaux. [Traduit de l'anglais par liliane lainé, présentation de Robert Castel], Paris, Les éditions de Minuit, 1968.. Il représente un « lien » occupant une place relative dans la complexité du tissu social de l’individu[53]Serge Paugam, Le lien social, Paris, Presses Universitaires de France, 2008., un cercle social parmi d’autres et ne détient donc pas le monopole de la socialisation. C’est pourquoi il semble intéressant de questionner les trajectoires individuelles au-delà des simples moments vécus au club ainsi que de replacer l’étude de la radicalisation dans une perspective de carrière au sens sociologique. C’est ce que nous avons tenté de réaliser[54]Gianni Marasà et Williams Nuytens, « Radicalization and the social ties. The use of mixed methods in sociology: the case of French boxers » EUSN 2022: 6th European Conference on Social Network, … Continue reading parce que les existences individuelles n’ont pas à être réduites aux seules expériences vécues au cours de la pratique sportive et dans les clubs[55]J’adresse des remerciements sincères envers Williams Nuytens, pour ses conseils et sa relecture..

Notes

Notes
1 Ouest-France Étudiant (08-2018) ; BFM TV (10-2018) ; Le Monde des Religions (09-2018) ; L’Équipe (05-2017) ; L’Équipe (02-2020) ; L’Équipe (09-2020) ; L’Équipe (02-2020) ; L’Équipe (03-2016) ; France Inter (11-2017) ; Le Point (03-2016) ; Le Parisien (01-2020) ; Le Parisien (01-2020) ; Le Un Hebdo (10-2020) ; Mediapart (10-2015) ; Centre Presse Aveyron (03-2017) ; L’Express (11-2015) ; Le Figaro (10-2015) ; France Bleu (09-2020) ; AEF Info (02-2019) ; L’union du Cantal (10-2017) ; Libération (01-2016).
2 Ces dernières années, la radicalisation est familièrement associée à la religion islamique, malgré la multitude de situations pouvant relever d’autres radicalisations, non religieuses. Dans cet article, nous questionnons donc cette essentialisation, sans y adhérer pour autant.
3 C’est le cas notamment dans la note confidentielle du Service Centrale du Renseignement Territorial intitulée « Le sport, vecteur de communautarisme, voire de radicalisme », partiellement diffusée en 2015.
4 On pense notamment à l’ouvrage de Médéric Chapitaux, Le sport, une faille dans la sécurité de l’État, Enrick B. Editions, 2016.
5 Peter Neumann, “The Trouble with Radicalization”, International Affairs, 89 (4), 2013, p. 886.
6 Farhad Khosrokhavar, Radicalisation, Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 2014.
7 Isabelle Sommier, « L’engagement radical a-t-il un âge ? », L'école des parents, Sup. au N° 619, 2016, pp. 61-78.
8 Nous souhaitons comprendre comment établir un lien entre le sport et la radicalisation sans l’accepter ou lui donner raison (Bronner, 2019), en révélant une partie de sa construction sociale (Berger, Luckmann, 1966).
9 Dans le cadre plus large du plan d’action du gouvernement contre la radicalisation et le terrorisme.
10 Rappelant notamment que la radicalisation peut concerner de nombreux autres domaines que la religion.
11 Le guide emprunte une partie de ses définitions aux travaux de Farhad Khosrokhavar.
12 Voir Mark Sedgwick, “The Concept of Radicalization as a Source of Confusion”, Terrorism and Political Violence, 22, 2010, pp. 479-494 et Éric Marliere & Haoues Seniguer, « Être radical dans l’islam sans cautionner l’usage de la violence terroriste. Usages et mésusages de certaines notions dans le débat public et académique », Revue du MAUSS permanente, 2022.
13 Citation extraite de la page 28 du document « Acteurs du sport et de l’animation. Mieux connaître, mieux comprendre et mieux prévenir les phénomènes de radicalisation ».
14 Howard Becker, Outsiders. Études de sociologie de la déviance, Paris, Métailié, 1985.
15 Difficile à cerner, subjective donc discutable.
16 Pierre Bourdieu, Sur la télévision, Paris, Liber, 1996 et Serge Halimi, Les nouveaux chiens de garde, Paris, Raisons d’agir, 2005.
17 Voir Gérald Bronner & Étienne Gehin, L’inquiétant principe de précaution, Paris, Presses Universitaires de France, 2010 et Gérald Bronner, « Perceptions du risque et précautionnisme », Revue de métaphysique et de morale, vol. 76 (4), 2012, pp. 531-547.
18 Olivier Godard, « Le principe de précaution comme norme de l'action publique, ou la proportionnalité en question », Revue économique, vol. 54 (6), 2003, pp. 1245-1276.
19 Le guide en fait d’ailleurs le rappel.
20 Les profils sociologiques des individus le plus concernés par la radicalisation sont proches du bassin de recrutement des licenciés des pratiques sportives évoquées en début de partie.
21 Bernard Lahire, « Risquer l’interprétation. Pertinences interprétatives et surinterprétations en sciences sociales », Enquête, anthropologie, histoire, sociologie, 3, 1996, pp. 61-87.
22 Fichier des Signalements pour la Prévention de la Radicalisation à caractère Terroriste.
23 Voir Farhad Khosrokhavar, « Le nouveau djihadisme européen », Revue du MAUSS, 49, 2017, pp. 1, 31-47 et Isabelle Lacroix, Radicalisation et jeunesses. Revue de Littérature, Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire notes & rapports, 2018.
24 Eliamine Settoul, « Le drapeau ou le djihad ! Regard comparé sur les logiques d’engagement militaire et djihadiste », Confluences Méditerranée, vol. 106 (3), 2018, pp. 135-146.
25 Luc Van Campenhoudt, Comment en sont-ils arrivés là ? Les clés pour comprendre le parcours des Djihadistes, Paris, Armand Colin, 2017.
26 Éric Marliere, La fabrique sociale de la radicalisation. Une contre-enquête sociologique, Boulogne-Billancourt, Berger-Levrault, 2021.
27 Isabelle Sommier, Engagement radical, désengagement et déradicalisation. Continuum et lignes de fracture, Lien social et Politiques, 68, 2012, pp. 15–35.
28 Nourredine Boubaker, « Radicalisation » de quoi parle-t-on ?, L'école des parents, 619 (5), 2016, pp. 33-37 et Farhad Khosrokhavar, 2017, op. cit.
29 Thomas Sauvadet, Le capital guerrier. Concurrence et solidarité entre jeunes de cité, Paris, Armand Colin, 2006.
30 Xavier Crettiez, « Penser la radicalisation. Une sociologie processuelle des variables de l’engagement violent », Revue française de science politique, 66 (5), 2016, p. 726.
31 Comme le taux de pauvreté, les revenus médians ou le taux de chômage par exemple.
32 Il désigne le club de boxe situé en quartier défavorisé de Chicago dans lequel l’auteur a enquêté.
33 Loïc Wacquant, Corps et âme. Carnets ethnographiques d’un apprenti boxeur, Marseille, Agone, 2001.
34 Williams Nuytens, L’épreuve du terrain : violences des tribunes, violences des stades, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2011.
35 Le sens de la ritualité est à entendre comme « les habitudes et routines de pratiques ».
36 Allant de la simple touche pour marquer des points, à la frappe pour tenter de mettre K.O son adversaire.
37 Tapis et équipements de protection, sacs de frappes, « mannequin de bois », etc.
38 Nous avons repris les termes employés par les dirigeants des clubs.
39 Qui se résume en une conciliation des deux catégories précédentes.
40 Qui ne se limitent pas aux seuls « moments » sportifs.
41 Jérôme Beauchez, L'empreinte du poing. La boxe, le gymnase et leurs hommes, Paris, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2014.
42 De l’ordre de 70 à 80% dans ce groupe de pratique.
43 Plus on monte en niveaux de pratique, plus on tend vers une homogénéité des profils de boxeurs
44 Dans un autre registre que celui évoqué, on sait par exemple que certains clubs de MMA ont été investis par des groupes identitaires radicaux, en France comme à l’étranger.
45 Il faut pouvoir être au bon moment, au bon endroit.
46 Les efforts et l’accompagnement fournit n’ont cependant pas pu empêcher un départ pour la Syrie.
47 N’étant pas au courant de sa situation, il s’agissait pour eux d’un départ comme un autre, qu’ils ont l’habitude de rencontrer.
48 On sait notamment que les radicalisés ont tendance à adopter des stratégies de dissimulation dans le but de « cacher » leur radicalisation. Voir Xavier Crettiez et Romain Seze, Saisir les mécanismes de la radicalisation violente : pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents, Rapport de recherche pour la Mission de recherche Droit et Justice, 2017. Ce fut le cas ici.
49 Voir les travaux de Marc Falcoz & Michel Koebel, Intégration par le sport : représentations et réalités, Paris, L’Harmattan, 2005 ; William Gasparini, « L’intégration par le sport. Genèse politique d’une croyance collective », Sociétés contemporaines, 69, 2008, pp. 7-23 ; William Gasparini & Pierre Weiss, « La construction du regroupement sportif « communautaire » : l'exemple des clubs de football turcs en France et en Allemagne », Sociétés contemporaines, 69 (1), 2008, pp. 73-99 ; Michel Koebel, « L'intégration par le sport : une croyance durable », Empan, 79 (3), 2010, pp. 28-39 ; William Gasparini, « Penser l'intégration et l'éducation par le sport en France : réflexions sur les catégories d'analyse sociale et politique », Movement & Sport Sciences, 78 (4), 2012, pp. 39-44
50 Émile Durkheim, Les Formes élémentaires de la vie religieuse : le système totémique en Australie, Paris, Félix Alcan, 1912.
51 Gérard Bronner, La pensée extrême. Comment des hommes ordinaires deviennent des fanatiques, Paris, Presses Universitaires de France, 2016.
52 Ervin Goffman, Asiles. Etudes sur la condition sociale des malades mentaux. [Traduit de l'anglais par liliane lainé, présentation de Robert Castel], Paris, Les éditions de Minuit, 1968.
53 Serge Paugam, Le lien social, Paris, Presses Universitaires de France, 2008.
54 Gianni Marasà et Williams Nuytens, « Radicalization and the social ties. The use of mixed methods in sociology: the case of French boxers » EUSN 2022: 6th European Conference on Social Network, London, United Kingdom, September 12-16 2022 ; Gianni Marasà & Williams Nuytens, « Sportsmen and suspects ? Objectify the place of religious radicalization in French sports associations by measuring social ties ». Network 2021: A Joint Sunbelt and NetSci Conference, INSNA & NSS, Indiana University Network Science Institute, Bloomington, United-States, July 5-10 2021.
55 J’adresse des remerciements sincères envers Williams Nuytens, pour ses conseils et sa relecture.
Pour citer ce document :
Gianni Marasà, "Derrière le voile des représentations sportives : questionner la vision d’un sport radicalisé". Bulletin de l'Observatoire international du religieux N°40 [en ligne], novembre 2022. https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/derriere-le-voile-des-representations-sportives-questionner-la-vision-dun-sport-radicalise/
Bulletin
Numéro : 40
novembre 2022

Sommaire du n°40

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Auteur.e.s

Gianni Marasà, Doctorant – Université d’Artois – Atelier SHERPAS – laboratoire de recherche URePSSS

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