Bulletin N°36

mars 2022

« Des femmes aux cœurs d’hommes » dans le jihadisme contemporain : entre rôles ordinaires et tentation de la violence

Géraldine Casutt

Lors d’une déambulation dans la Bourse de Commerce de Paris, je suis interpellée par une association de mots que je lis dans une introduction aux œuvres de l’artiste exposé : son travail est en effet décrit comme étant « chargé d’une radicalité calme ». Travaillant depuis quelques années sur la question des femmes européennes – françaises en particulier – qui adhèrent au jihadisme et n’ayant aucune prétention à étendre mes analyses à d’autres catégories de femmes, l’idée d’une radicalité qui serait calme me renvoie à un univers de sens qui permet de saisir comment les femmes jihadistes européennes peuvent être perçues comme des « inoffensives », au contraire de leurs coreligionnaires masculins, dont la radicalité évoque pratiquement instinctivement un danger – violent – duquel il s’agit de se prémunir. « Calmes », ces femmes jihadistes le sont par la nature de leurs rôles premiers, circonscrits idéologiquement, dans lesquels elles ne sont pas amenées à jouer la partition de la violence d’attaque, qui reste une prérogative masculine[1]Pour mieux appréhender la place des femmes dans l’idéologie jihadiste, voir l’excellent article de Nelly Lahoud : N. Lahoud, « The Neglected Sex: The Jihadis’ Exclusion of Women From Jihad … Continue reading. Cependant, la radicalité calme des femmes jihadistes est une apparence trompeuse et révèle des eaux profondes, dans lesquelles on ne plonge que trop rarement. Un engagement jihadiste qui ne se traduit pas par la violence n’est pas une anomalie, mais doit plutôt nous rappeler que la violence n’est qu’un moyen parmi d’autres pour faire advenir la société jihadiste idéale. Ainsi, saisir la spécificité d’un jihad qui se décline au féminin permet non seulement de penser cette idéologie en tant que projet sociétal, au-delà du seul prisme sécuritaire, mais aussi d’interroger les transgressions dont font preuve certaines femmes jihadistes, en recourant elles-mêmes à la violence.

Le rapport à la violence est central pour comprendre comment les femmes sont perçues, voire sous-estimées, dans leur engagement jihadiste : il s’agira donc dans un premier temps de revenir sur la notion de « radicalisation », pour interroger sa capacité à englober des acteurs et des actrices jihadistes dont la participation ne se traduira pas par l’expression d’une violence idéologisée visible. Nous examinerons ensuite les rôles premiers d’une femme dans le jihadisme, afin de comprendre comment des fonctions d’épouses et de mères, considérées comme plutôt passives, revêtent en fait une importance capitale pour le projet jihadiste. En questionnant la façon dont les femmes (de) jihadistes ordinaires perçoivent leur éventuel accès à la violence, nous verrons que si elles ne l’excluent pas sous certaines conditions, d’autres de leurs coreligionnaires ont cependant considéré qu’elles étaient légitimes à l’exercice de la violence, à l’exemple de certaines assaillantes sur le sol européen. Opérant ainsi une transgression indéniable des principes jihadistes en sublimant son identité genrée, on s’attachera donc à comprendre comment la figure de « la jihadiste » permet paradoxalement de prendre l’engagement des femmes au sérieux, car celui-ci s’exprime selon une modalité violente, qui va de pair avec un véritable ancrage jihadiste dans les yeux de sociétés qui cherchent avant tout à se prémunir de passages à l’acte violent idéologisé.

Nous verrons finalement comment cette distinction catégorielle dans le rapport à la violence entre « femme (de) jihadiste » et « la jihadiste » amène à réfléchir à la dynamique entre les référentiels identitaires musulmanes et jihadistes chez les femmes concernées : si l’un éclipse l’autre dans le cas de « la jihadiste », ils fusionnent complètement chez la « femme (de) jihadiste ».

Radicalisation, un nom (aussi) féminin

Associée de près au phénomène jihadiste contemporain, la notion de radicalisation connaît beaucoup d’efforts de définitions : renvoyant généralement à des univers de sens partagé (idée de processus ; idéologie extrémiste ; rapport à la violence), on peut cependant constater que les définitions couramment acceptées considèrent la mise en acte de la violence comme une forme d’aboutissement de la radicalisation. Si une radicalisation doit être par essence rendue visible par la violence, devrait-on dès lors considérer que les individus qui n’expriment pas leur engagement par la violence, ne seraient pas radicalisés ?

La définition « classique » de la radicalisation de Farhad Khosrokhavar, qui fait notamment consensus pour l’action publique en France, est la suivante : « par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel[2]F. Khosrokhavar, « Radicalisation », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2014, p. 7-8.». Il est intéressant de relever qu’avec cette seule définition, les femmes seraient notamment exclues du champ de la radicalisation si elles n’adoptent pas de formes d’actions violentes, bien qu’elles cheminent dans un processus d’adhésion à un type d’idéologie qui prône – entre autres – la violence comme moyen de réalisation. Cette même remarque peut être adressée à une autre définition de la radicalisation, que l’on trouve dans un rapport de recherche éclairant, mené sous la direction scientifique de Xavier Crettiez et Romain Sèze : « on définira la radicalisation comme l’adoption progressive et évolutive d’une pensée rigide, vérité absolue et non négociable, dont la logique structure la vision du monde des acteurs, qui usent pour la faire entendre de répertoires d’action violents, le plus souvent au sein de structures clandestines, formalisées ou virtuelles, qui les isolent des référents sociaux ordinaires et leur renvoient une projection grandiose d’eux-mêmes. Trois éléments fondent donc l’approche de la radicalisation : sa dimension évolutive ; l’adoption d’une pensée sectaire ; l’usage de la violence armée[3]X. Crettiez et R. Sèze (dir.), « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente: pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », Rapport de recherche pour la … Continue reading ». Mettant ici encore plus l’accent sur la perspective individuelle que dans la définition de Khorsokhavar, l’action violente apparaît comme une composante essentielle de la radicalisation, et occulte ainsi les rôles non-violents d’individus dont la force d’engagement est cependant égale, mais qui ne peuvent pas l’exprimer par la violence.

Avec ces deux exemples de définitions qui font autorité dans le champ français, force est de constater que la notion de radicalisation n’arrive pas à s’émanciper d’un sous-entendu de violence : pour être perçu comme « radicalisé », un individu devrait entretenir un lien actif avec une violence idéologisée, ou du moins être à risque de la mettre en acte. Cependant, dans un contexte jihadiste, la violence n’est qu’un moyen parmi d’autres pour parvenir au projet totalitaire utopique. Les rôles ordinaires d’une femme jihadiste – épouse, mère – qui sont aussi nécessaires que ceux des hommes à l’entreprise jihadiste, montrent que la force d’un engagement ne se mesure pas nécessairement à la capacité de le traduire par une violence visible, mais aussi qu’une violence féminine avec un référentiel jihadiste est plus une transgression que la concrétisation d’un processus de radicalisation.

Cela amène à se questionner sur la (non) prise en considération de l’élément genré dans les définitions courantes de la radicalisation, alors que les femmes représentent un contingent non-négligeable notamment dans le contexte français et que leur engagement n’est ni accidentel ni superficiel[4]En 2015, on considérait que plus de la moitié des mineurs qui avaient rejoint la zone irako-syrienne par leurs propres moyens, étaient des femmes (45 sur 80 mineurs). [En ligne] … Continue reading.

Ainsi, pour penser le concept de « radicalisation » de façon à ne pas en négliger la composante féminine, il s’agit d’être attentif à la dynamique entretenue avec l’idée de violence, en se rappelant que le degré de radicalisation d’une personne – indépendamment même de son genre – ne se mesure pas nécessairement à son engagement individuel dans l’action violente. On se rappellera que tous les hommes qui se comprennent dans une vision du monde où le jihad guerrier est une nécessité, ne passeront pas nécessairement à l’acte violent, bien qu’ils soient légitimés dans l’exercice de la violence : ils peuvent endosser le rôle d’idéologue ou encore d’autres fonctions non-combattantes. De plus, la « dangerosité » des femmes dans un ancrage jihadiste ne se mesure pas à l’expression de la violence visible, puisqu’elles doivent accomplir d’autres fonctions essentielles à l’entreprise jihadiste, comme celles de la pérennisation idéologique à travers la maternité notamment. Nous devons donc prendre en considération que les individus radicalisés peuvent aussi être des acteurs et actrices « non-violents » mais qui adhèrent pleinement à une idéologie, laquelle conçoit la violence comme une forme légitime parmi d’autres d’arriver à ses fins.

Femme (de) jihadiste : les rôles de l’ordinaire 

Printemps 2015. Avec l’une de mes interlocutrices, je m’interroge sur la façon de nommer des femmes engagées dans le jihadisme.  Doit-on parler de femme jihadiste ? Non, car cela sous-entendrait qu’elles sont autorisées à combattre et qu’elles endossent les mêmes rôles que les hommes, alors que leurs fonctions sont déterminées selon une logique de complémentarité des sexes ; ainsi, chaque sexe est assigné à des fonctions bien précises qui ne doivent donc pas se confondre, afin de garantir un équilibre sociétal et une conformité aux prescriptions divines. Pour celles qui se sont déplacées sur la zone irako-syrienne, mon interlocutrice estime que l’on peut parler de muhajirat, désignant ainsi les femmes qui auraient accompli une « simple » hijra pour vivre selon des principes islamiques[5]Sur le modèle du Prophète Mohammed qui a quitté La Mecque pour Médine en 622, la hijra renvoie à l’idée de quitter une terre sur laquelle on ne peut pas pratiquer sa religion. C’est une … Continue reading.Insatisfaite de cette réponse puisque cela ne renverrait pas à un univers de sens spécifiquement jihadiste, je finis par lui demander comment elle se définit, puisqu’elle ne se reconnaît pas dans la caractéristique jihadiste et encore moins sous l’appellation de « radicalisée », et qu’elle n’est pas encore partie sur zone irako-syrienne. « Musulmane, tout simplement », me répond-elle. La réponse pourrait paraître triviale, mais elle est éclairante, et partagée par la dizaine de femmes avec lesquelles je me suis entretenue. L’engagement jihadiste des femmes se conçoit en effet à travers l’accomplissement de rôles traditionnellement valorisés dans la religion, qui revêtent cependant des fonctions idéologiques absentes d’un référentiel religieux classique. Il s’agit bien de devenir une épouse et une mère, d’investir la sphère privée et d’être garante des valeurs religieuses, mais dans un contexte jihadiste, ces fonctions se comprennent comme une participation active à l’idéologie : dans la mesure où le jihadisme ne se réduit pas à la violence mais qu’il porte avant tout un projet de société, il s’agira pour les femmes d’en poser les jalons en scellant des unions vertueuses et en éduquant la prochaine génération selon les principes idéologiques, afin d’en garantir la pérennité. Musulmane et jihadiste se confondent donc dans le référentiel identitaire de femmes qui adhèrent au jihadisme, lorsqu’elles ont conscience d’une dimension genrée qui détermine leurs rôles : être jihadiste, c’est être musulmane ; et on ne peut pas être musulmane sans être jihadiste.

Pour les définir dans une perspective externe, il semblerait alors adéquat de parler de « femmes (de) jihadistes » : il faut en effet noter que pour accomplir ses rôles premiers dans le jihadisme, une femme a besoin d’un homme. Considérée selon un statut de minorité selon certains principes juridiques qui prévalent dans l’idéologie jihadiste, une femme a donc besoin d’un tuteur masculin (marham)[6]Voir M.-T. Urvoy, « La morale conjugale dans l'islam », Revue d'éthique et de théologie morale, 3, n°240, 2006, pp. 9-34. , et c’est généralement par le mariage qu’elle en obtient un, lui permettant ainsi d’acquérir une légitimité au sein de la communauté jihadiste[7]Souvent mis en avant pour expliquer l’engagement des femmes par des motivations amoureuses, le mariage est surtout une modalité pragmatique pour les femmes souhaitant valider leur ancrage et leur … Continue reading.

Être épouse et mère sont des rôles qui se composent donc nécessairement avec un homme, mais il serait erroné de croire qu’un engagement féminin se réduit à ce déterminant masculin. Les femmes étant acquises aux mêmes thèses jihadistes de base que leurs coreligionnaires masculins[8]Souvent mis en avant pour expliquer l’engagement des femmes par des motivations amoureuses, le mariage est surtout une modalité pragmatique pour les femmes souhaitant valider leur ancrage et leur … Continue reading, le « de » est plutôt à considérer comme un marqueur du type de rôle genré (épouse, mère) qui est endossé pour participer activement au jihad, que le signe d’une subordination à un élément masculin qui se justifierait par des affects, et non par des principes idéologiques.

Si une femme (de) jihadiste entend que la violence est une prérogative masculine, elle se conformera donc aux principes idéologiques qui prévalent pour déterminer dans quelles conditions elle serait censée en être elle-même l’autrice[9]Dans certains textes émis soit par des autorités jihadistes, soit par des personnes faisant autorité dans les sphères jihadistes, le combat des femmes est relativisé au profit de leurs rôles … Continue reading ; mais cela relève pour elle plutôt d’un exercice de projection dans un futur hypothétique et peu probable, que d’une véritable volonté. Certaines d’entre elles émettaient néanmoins le désir de participer aux combats sur la zone irako-syrienne. En été 2015, lorsque je demandais à une de mes interlocutrices – qui vivait dans les territoires de l’État islamique – comment elle appréhendait cet interdit de participer à la violence d’attaque pour les femmes, elle m’a répondu qu’elle souhaiterait pouvoir y participer si c’était autorisé. « Je suis une femme, mais avec un cœur d’homme », a-t-elle ajouté. Mon interlocutrice utilise peu ou prou une formule que j’avais déjà entendue en 2014 dans une vidéo du cheikh Khalid Rashid, intitulée « Des femmes avec des âmes d’hommes » et aujourd’hui retirée d’Internet[10]En 2014, on pouvait la consulter notamment sur ce site, qui affichait ses sympathies pour l’univers jihadiste : [en ligne] … Continue reading, dans laquelle le cheikh relate les propos de deux femmes lui ayant signifié leur volonté de mener le jihad armé, probablement pendant le contexte de la guerre en Irak entre 2003 et 2011. Voici un extrait du verbatim des sous-titres de la vidéo :

Ne nous dites pas « vous êtes des femmes », car on le sait, mais nous sommes des femmes avec des âmes d’hommes ! Les hommes n’acceptent ni l’humiliation ni le déclin. Ne nous dites pas : votre jihad à vous, c’est le hajj et la omra. On aspire à plus haut. Nous aspirons à mourir dans le sentier d’Allah.

Si ces déclarations laissent entendre que ces femmes considèrent que leurs rôles ordinaires sont insatisfaisants par rapport à leur volonté d’engagement et à la force de leurs convictions, il est cependant intéressant de relever que mon interlocutrice ne remettra pas du tout en question la légitimité de ses rôles premiers en tant que femme dans le jihadisme. A travers cette formule, elle m’explique qu’elle n’adhère pas moins aux thèses jihadistes qu’un homme parce qu’elle est une femme, et qu’elle soutient donc également la nécessité du combat pour faire advenir les objectifs jihadistes, au-delà des zones déjà administrées par l’État islamique. Elle émet le souhait de pouvoir participer activement aux combats, « non pas en tant que femme, mais en tant que musulmane ». Mon interlocutrice développe son propos en démontrant que selon elle, l’État islamique propose déjà une société idéale en termes de droits pour les femmes, puisqu’il se base sur des prescriptions divines, qui sont par essence parfaites ; il n’y a donc pas de nécessité pour elle de s’engager dans la violence en tant que femme pour revendiquer une forme d’égalité avec les hommes ou plus de droits. Par contre, de par ses convictions jihadistes, elle souhaiterait pouvoir participer aux combats en tant que musulmane, car elle estime nécessaire de se défaire des figures de l’ennemi qui sont des obstacles à l’avènement du projet jihadiste, censé s’étendre au monde entier. Le fait que mon interlocutrice mette en avant son identité première (musulmane) pour justifier sa volonté de participer à la violence offensive, tout en réduisant cette volonté à un vœu pieux puisqu’elle est consciente que cela ne correspond pas à ses rôles premiers, nous démontre comment l’identité jihadiste fusionne avec l’identité musulmane chez les « femmes (de) jihadistes », dans la mesure où elles conçoivent leur engagement idéologique dans une continuité avec leurs croyances religieuses.

L’expression « des femmes au cœur d’hommes » (ou « à l’âme d’hommes ») fait donc référence ici à une enveloppe corporelle féminine, un déterminant genré légitimé tant par des croyances religieuses que par des principes idéologiques, mais le « cœur d’hommes » laisse entendre qu’elles partagent la même ferveur que les hommes. Si certaines « femmes (de) jihadistes » envisagent le combat violent pour elles comme une pure vue de l’esprit, d’autres laissent entendre qu’elles ne seraient pas opposées à prendre les armes, mais sans remettre en question la primeur de leurs rôles premiers. Cependant, des exemples récents nous montrent que des femmes sont passées à – ou du moins ont tenté – l’acte violent avec un référentiel jihadiste, en dépit de toutes les injonctions idéologiques insistant sur la dimension genrée pour accomplir leurs rôles premiers dans le jihadisme.

« La jihadiste » : la transgression par la violence

La liste des assaillantes jihadistes sur le sol européen n’est pas longue, et cela s’explique évidemment par le fait que les femmes n’ont pas la prérogative de la violence dans le jihadisme. En me basant sur quatre tentatives et passages à l’acte effectifs, il s’agira notamment de montrer que les autrices ne se comprennent pas comme des « femmes (de) jihadistes » et qu’elles embrassent plutôt une identité jihadiste dénuée de toute composante genrée, laquelle est pourtant théoriquement légitimée par un référentiel religieux et des déterminants idéologiques. Rejoignant les définitions classiques de la radicalisation, les femmes dont il sera question ici renvoient à des processus de mise en acte de la violence ; cependant, aucune de ces assaillantes sur le sol européen n’a été saluée par des autorités jihadistes, ce qui laisse entendre que non seulement aucune de ces attaques n’a été commanditée par Al-Qaïda ou par l’État islamique, mais aussi que la violence de ces assaillantes n’était pas conforme aux principes jihadistes. Revendiquer une attaque perpétrée par une femme pourrait même s’apparenter à un aveu de faiblesse pour une autorité jihadiste, dans la mesure où cela signifierait qu’il n’y a plus assez d’hommes pour exercer des fonctions qui leur sont dévolues. Cette violence – transgressive – a été mise en acte au moins quatre fois par des femmes sur le sol européen depuis 2016.

Début février 2016, Safia S., une jeune fille de 15 ans, poignarde et blesse grièvement un policier à Hanovre[11]Voir en ligne : https://www.ndr.de/nachrichten/niedersachsen/hannover_weser-leinegebiet/Vor-fuenf-Jahren-Safia-S-nach-IS-Attacke-zu-Haft-verurteilt,safia290.html (consulté le 10 mars 2022). : c’est la première fois qu’un individu passe à l’acte individuellement en Allemagne en se réclamant de l’État islamique. De même en 2010, c’est également une femme qui passe pour la première fois à l’acte individuellement au Royaume-Uni, au nom d’Al-Qaïda : Roshonara Choudhry a tenté d’assassiner l’homme politique Stephen Timms[12]Voir en ligne : https://www.theguardian.com/uk/2010/nov/02/profile-roshonara-choudhry-stephen-timms (consulté le 10 mars 2022)..

En septembre 2016, on assiste à l’événement le plus marquant à ce jour, qui a impliqué des femmes jihadistes sur le sol français : un commando de femmes a tenté de mettre le feu à une voiture remplie de bonbonnes de gaz aux alentours de Notre-Dame de Paris, et a poursuivi sa course à Boussy St-Antoine, où un policier a été blessé grièvement par une attaque au couteau. Des peines très lourdes ont été prononcées à l’encontre des principales accusées (30 ans et 25 ans de prison ferme) à l’issue du procès en octobre 2019[13]Voir en ligne : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/attentat-rate-de-notre-dame-la-cour-d-assises-speciale-de-paris-prononce-de-tres-lourdes-peines-20191014 (consulté le 10 mars 2022)., et cet épisode a constitué un marqueur important dans l’évolution des politiques pénales et carcérales à l’égard des femmes jihadistes : on a notamment vu, pour la première fois en Europe, l’ouverture d’un quartier de prise en charge de la radicalisation (QPR) au centre pénitentiaire de Rennes en septembre 2021, destiné uniquement à des femmes détenues pour des faits de terrorisme[14]Voir en ligne : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/reportage-a-la-prison-de-rennes-le-quotidien-sous-surveillance-des-femmes-radicalisees-2336ca76-74a8-11ec-ac16-2e31ae11eb47 … Continue reading.

En mars 2019, un couple réuni dans une unité de vie familiale de la prison de Condé-sur-Sarthe attaque violemment deux surveillants pénitentiaires en utilisant un couteau en céramique. La femme succombera à ses blessures pendant l’assaut donné par le Raid[15]Voir en ligne : https://actu.fr/normandie/alencon_61001/cetait-5-mars-2019-attentat-la-prison-conde-an-apres-surveillants-se-mobilisent_31892000.html (consulté le 10 mars 2022).. Le couple entendait venger Cherif Chekatt, l’assaillant du marché de Strasbourg en décembre 2018, se plaçant ainsi dans un référentiel de l’État islamique.

En novembre 2020, une femme de 28 ans agresse deux autres femmes au couteau dans un centre commercial de Lugano, en Suisse italienne[16]Voir en ligne : https://www.letemps.ch/suisse/lugano-un-possible-motif-terroriste-derriere-une-attaque-couteau (consulté le 10 mars 2022).. Dans son attaque, elle semble s’être revendiquée ouvertement de son appartenance à l’État islamique.

Si certains détails biographiques manquent encore pour proposer une analyse plus fournie, on pourra déjà observer que la plupart de ces assaillantes ont été engagées dans  un projet de départ en Syrie, qui a été contrarié. Elles n’ont donc pas eu l’occasion d’accomplir leurs rôles premiers au sein des territoires de l’État islamique, et à l’exception d’Ornella Gilligmann (affaire des bonbonnes de gaz) et de Hanane Aboulhana (attaque de Condé-sur-Sarthe), aucune de ces assaillantes n’était mariée ou n’avait d’enfants à l’époque des faits. Ces premières remarques sur un phénomène encore très récent et peu documenté, doivent nous faire réfléchir à l’importance des rôles ordinaires pour penser l’engagement des femmes dans le jihadisme, ainsi que leur rapport à la violence. Si les femmes décrites ci-dessus ne sont pas des « femmes (de) jihadistes », c’est avant tout parce qu’elles ne s’inscrivent pas dans l’accomplissement de leurs rôles d’épouses et de mère, mais aussi parce qu’elles se comprennent comme jihadistes avant de se penser comme femmes – a fortiori, femmes musulmanes, comme le voudrait un univers de sens jihadiste. Contrariées dans leurs projets conjugaux pour des raisons sans doute diverses, voire ignorantes du fait que l’engagement jihadiste comporte une dimension genrée, la violence se présente comme étant le seul moyen d’action à leur disposition pour signifier leur soutien et leur appartenance au jihadisme. Cependant, cette entreprise féminine violente avec un référentiel jihadiste ne sera jamais reconnue si elle n’est pas en conformité avec les principes définis par des autorités jihadistes telles que Al-Qaïda ou l’État islamique, préférant pour le moment du moins préserver les équilibres de la complémentarité entre les sexes et n’appelant pas spécifiquement les femmes à se saisir de l’agir violent, que cela soit sur le sol européen ou ailleurs.

« Les jihadistes » sont des « femmes au cœur d’hommes » qui formulent le même souhait que les deux femmes au cheikh Khalid Rashid dans la vidéo précédemment citée, à savoir mourir dans le sentier d’Allah – mais par le combat. Dans ces discours, le déterminant féminin pourrait presque s’effacer au profit d’une puissante force de convictions, laissant apparaître l’ambition de sublimer sa condition féminine en revendiquant les mêmes droits à la violence que les hommes – « on aspire à plus haut », disent-elles.  Cependant, les « jihadistes » seront nécessairement réfrénées dans leur entrain par les principes idéologiques cardinaux qui sont genrés ; que leur fougue soit motivée par un excès de zèle leur ayant fait perdre de vue l’importance de leurs rôles premiers, ou qu’elle soit provoquée par des élans de désespoir dans lesquels elles ne voient pas d’autre issue possible pour appartenir à la communauté jihadiste, « les jihadistes » seront détournées de l’action violente et peut-être invitées à méditer le hadith suivant, cité comme une source de réconfort dans la vidéo du cheikh : « Pour une simple flèche, Allah fait entrer au paradis trois personnes : celle qui l’a fabriquée, comptant sur la récompense d’Allah, celle qui tire avec et celle qui la lui tend[17]Cité également dans : A. B. Djaber Al-Djazaïri, « La voie du musulman », Éditions Dar Al-Kotob Al-ilmiyah, Liban, 2008, p. 534.  ».

« Des femmes au cœur d’hommes » pour penser la violence et le jihadisme

Nous aurons pu voir au cours de ces quelques lignes qu’il ne s’agit pas de réduire le jihad au fait de tirer une flèche : la question des femmes nous invite au contraire à saisir la dimension totale du projet du jihadiste, et à considérer celui et celle qui fabriquent et tendent les flèches comme aussi nécessaires que celui qui la tirera.

Si l’engagement jihadiste s’exprime différemment en fonction du genre, le dénominateur idéologique est néanmoins commun : il est donc nécessaire de prendre en considération qu’être un homme ou une femme jihadiste implique des traductions très différentes de cet engagement – qui sont cependant égales, puisque chaque assignation contribue à l’élaboration concrète du projet jihadiste.

Envisager les femmes dans le jihadisme uniquement sous un prisme sécuritaire dans un risque de passage à l’acte violent – conformément aux définitions de la radicalisation qui font de l’action violente un essentiel – reviendrait non seulement à ne pas saisir l’importance de leurs rôles premiers pour le projet jihadiste, mais encore à faire de « la jihadiste » une normalité alors qu’elle est une anomalie. De même, réduire « les femmes (de) jihadistes » à leur seule qualité d’épouse et de mère ne permettrait pas de rendre compte de leur ancrage idéologique ; il s’agit bien de les replacer en tant que femmes qui ont endossé ces rôles premiers pour devenir des actrices jihadistes à part entière, et de saisir ainsi toutes les déclinaisons de cette radicalité calme.

Nous pouvons postuler que les femmes ayant construit leur engagement dans le jihadisme selon un référentiel religieux seraient sans doute moins tentées par l’agir violent, notamment parce qu’elles savent que leurs rôles ordinaires sont essentiels pour l’avènement du projet jihadiste, mais aussi parce qu’ils leur confèrent une reconnaissance qu’elles estiment satisfaisante. « Les jihadistes », au contraire, subliment les déterminants idéologiques et religieux genrés par méconnaissance ou par dépit, et n’envisagent pas l’accès à la violence comme étant subordonné à des logiques genrées. La violence devient pour elles un moyen de se faire reconnaître et de se donner à voir comme actrices jihadistes, mais ces expressions violentes sont loin de faire l’unanimité au sein même des sphères jihadistes.

Radicalisées, inoffensives, victimes, écervelées : nombreuses sont les perceptions de ces « femmes aux cœurs d’hommes » qui revendiquent leur appartenance à l’univers de sens jihadiste, qu’elles se justifient d’un référentiel religieux prédominant ou qu’elles réduisent le jihadisme à sa composante violente.

[1] Pour mieux appréhender la place des femmes dans l’idéologie jihadiste, voir l’excellent article de Nelly Lahoud : N. Lahoud, « The Neglected Sex: The Jihadis’ Exclusion of Women From Jihad » , Terrorism and Political Violence, 26, 5, 2014, pp.  780-802.

[2] F. Khosrokhavar, « Radicalisation », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2014, p. 7-8.

[3] X. Crettiez et R. Sèze (dir.), « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente: pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », Rapport de recherche pour la Mission de recherche Droit et Justice, Mission de Recherche Droit et Justice, p. 10. [En ligne] http://www.gip-recherche-justice.fr/wp-content/uploads/2017/08/Rapport-radicalisation_INHESJ_CESDIP_GIP-Justice_2017.pdf (consulté le 9 mars 2022).

[4] En 2015, on considérait que plus de la moitié des mineurs qui avaient rejoint la zone irako-syrienne par leurs propres moyens, étaient des femmes (45 sur 80 mineurs). [En ligne] https://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-enq/r2828.asp#P259_44255 (consulté le 10 mars 2022). En 2018, 676 Français étaient sur zone irako-syrienne dont 295 femmes : [en ligne] https://www.europe1.fr/societe/lutte-antiterroriste-molins-met-en-garde-contre-un-acces-restreint-aux-donnees-de-connexion-3553286 (consulté le 10 mars 2022) . En 2021, 384 hommes et 70 femmes sont détenus en France pour terrorisme islamiste : [en ligne] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/29/djihadisme-en-france-deux-tiers-des-condamnes-pour-terrorisme-ont-vecu-un-choc-moral-virtuel_6107570_3224.html (consulté le 10 mars 2022).

[5] Sur le modèle du Prophète Mohammed qui a quitté La Mecque pour Médine en 622, la hijra renvoie à l’idée de quitter une terre sur laquelle on ne peut pas pratiquer sa religion. C’est une notion qui est couramment mobilisée dans la sémantique salafiste, cf. M.-A. Adraoui, « Partir au nom de Dieu ? Islam et migration. L’exemple de la hijra dans le salafisme français », Migrations Société, 3-4, n°159-160, 2015, pp. 13-28.

[6] Voir M.-T. Urvoy, « La morale conjugale dans l'islam », Revue d'éthique et de théologie morale, 3, n°240, 2006, pp. 9-34.

[7] Souvent mis en avant pour expliquer l’engagement des femmes par des motivations amoureuses, le mariage est surtout une modalité pragmatique pour les femmes souhaitant valider leur ancrage et leur activité pour l’entreprise jihadiste. Voir à ce sujet : G. Casutt, « Quand le djihadiste est une femme », Inflexions, 2, n° 38, 2018, pp. 87-96.

[8] Voir notamment les ouvrages de David Thomson (Les Français jihadistes, Éditions les Arènes, Paris, 2014 ; Les Revenants Éditions du Seuil, Paris, 2016) ; C. Martelet et Édith Bouvier, Un parfum de djihad, Éditions Plon, Paris, 2018 ; et Matthieu Suc, Femmes de djihadistes, Éditions Fayard, Paris, 2016.

[9] Dans certains textes émis soit par des autorités jihadistes, soit par des personnes faisant autorité dans les sphères jihadistes, le combat des femmes est relativisé au profit de leurs rôles premiers. Voir par exemple le manifeste de l’État Islamique pour les femmes (2015), traduit et analysé par Charlie Winter. [En ligne] https://therinjfoundation.files.wordpress.com/2015/01/women-of-the-islamic-state3.pdf (consulté le 9 mars 2022).

[10] En 2014, on pouvait la consulter notamment sur ce site, qui affichait ses sympathies pour l’univers jihadiste : [en ligne] http://tawhid.over-blog.com/article-des-femmes-avec-des-ames-d-hommes-74329427.html (consulté le 10 mars 2022).

[11] Voir en ligne : https://www.ndr.de/nachrichten/niedersachsen/hannover_weser-leinegebiet/Vor-fuenf-Jahren-Safia-S-nach-IS-Attacke-zu-Haft-verurteilt,safia290.html (consulté le 10 mars 2022).

[12] Voir en ligne : https://www.theguardian.com/uk/2010/nov/02/profile-roshonara-choudhry-stephen-timms (consulté le 10 mars 2022).

[13] Voir en ligne : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/attentat-rate-de-notre-dame-la-cour-d-assises-speciale-de-paris-prononce-de-tres-lourdes-peines-20191014 (consulté le 10 mars 2022).

[14] Voir en ligne : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/reportage-a-la-prison-de-rennes-le-quotidien-sous-surveillance-des-femmes-radicalisees-2336ca76-74a8-11ec-ac16-2e31ae11eb47 (consulté le 10 mars 2022).

[15] Voir en ligne : https://actu.fr/normandie/alencon_61001/cetait-5-mars-2019-attentat-la-prison-conde-an-apres-surveillants-se-mobilisent_31892000.html  (consulté le 10 mars 2022).

[16] Voir en ligne : https://www.letemps.ch/suisse/lugano-un-possible-motif-terroriste-derriere-une-attaque-couteau (consulté le 10 mars 2022).

[17] Cité également dans : A. B. Djaber Al-Djazaïri, « La voie du musulman », Éditions Dar Al-Kotob Al-ilmiyah, Liban, 2008, p. 534.

Notes

Notes
1 Pour mieux appréhender la place des femmes dans l’idéologie jihadiste, voir l’excellent article de Nelly Lahoud : N. Lahoud, « The Neglected Sex: The Jihadis’ Exclusion of Women From Jihad » , Terrorism and Political Violence, 26, 5, 2014, pp. 780-802.
2 F. Khosrokhavar, « Radicalisation », Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 2014, p. 7-8.
3 X. Crettiez et R. Sèze (dir.), « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente: pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », Rapport de recherche pour la Mission de recherche Droit et Justice, Mission de Recherche Droit et Justice, p. 10. [En ligne] http://www.gip-recherche-justice.fr/wp-content/uploads/2017/08/Rapport-radicalisation_INHESJ_CESDIP_GIP-Justice_2017.pdf (consulté le 9 mars 2022).
4 En 2015, on considérait que plus de la moitié des mineurs qui avaient rejoint la zone irako-syrienne par leurs propres moyens, étaient des femmes (45 sur 80 mineurs). [En ligne] https://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-enq/r2828.asp#P259_44255 (consulté le 10 mars 2022). En 2018, 676 Français étaient sur zone irako-syrienne dont 295 femmes : [en ligne] https://www.europe1.fr/societe/lutte-antiterroriste-molins-met-en-garde-contre-un-acces-restreint-aux-donnees-de-connexion-3553286 (consulté le 10 mars 2022) . En 2021, 384 hommes et 70 femmes sont détenus en France pour terrorisme islamiste : [en ligne] https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/12/29/djihadisme-en-france-deux-tiers-des-condamnes-pour-terrorisme-ont-vecu-un-choc-moral-virtuel_6107570_3224.html (consulté le 10 mars 2022).
5 Sur le modèle du Prophète Mohammed qui a quitté La Mecque pour Médine en 622, la hijra renvoie à l’idée de quitter une terre sur laquelle on ne peut pas pratiquer sa religion. C’est une notion qui est couramment mobilisée dans la sémantique salafiste, cf. M.-A. Adraoui, « Partir au nom de Dieu ? Islam et migration. L’exemple de la hijra dans le salafisme français », Migrations Société, 3-4, n°159-160, 2015, pp. 13-28.
6 Voir M.-T. Urvoy, « La morale conjugale dans l'islam », Revue d'éthique et de théologie morale, 3, n°240, 2006, pp. 9-34.
7 Souvent mis en avant pour expliquer l’engagement des femmes par des motivations amoureuses, le mariage est surtout une modalité pragmatique pour les femmes souhaitant valider leur ancrage et leur activité pour l’entreprise jihadiste. Voir à ce sujet : G. Casutt, « Quand le djihadiste est une femme », Inflexions, 2, n° 38, 2018, pp. 87-96.
8 Souvent mis en avant pour expliquer l’engagement des femmes par des motivations amoureuses, le mariage est surtout une modalité pragmatique pour les femmes souhaitant valider leur ancrage et leur activité pour l’entreprise jihadiste. Voir à ce sujet : G. Casutt, « Quand le djihadiste est une femme », Inflexions, 2, n° 38, 2018, pp. 87-96.
9 Dans certains textes émis soit par des autorités jihadistes, soit par des personnes faisant autorité dans les sphères jihadistes, le combat des femmes est relativisé au profit de leurs rôles premiers. Voir par exemple le manifeste de l’État Islamique pour les femmes (2015), traduit et analysé par Charlie Winter. [En ligne] https://therinjfoundation.files.wordpress.com/2015/01/women-of-the-islamic-state3.pdf (consulté le 9 mars 2022).
10 En 2014, on pouvait la consulter notamment sur ce site, qui affichait ses sympathies pour l’univers jihadiste : [en ligne] http://tawhid.over-blog.com/article-des-femmes-avec-des-ames-d-hommes-74329427.html (consulté le 10 mars 2022).
11 Voir en ligne : https://www.ndr.de/nachrichten/niedersachsen/hannover_weser-leinegebiet/Vor-fuenf-Jahren-Safia-S-nach-IS-Attacke-zu-Haft-verurteilt,safia290.html (consulté le 10 mars 2022).
12 Voir en ligne : https://www.theguardian.com/uk/2010/nov/02/profile-roshonara-choudhry-stephen-timms (consulté le 10 mars 2022).
13 Voir en ligne : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/attentat-rate-de-notre-dame-la-cour-d-assises-speciale-de-paris-prononce-de-tres-lourdes-peines-20191014 (consulté le 10 mars 2022).
14 Voir en ligne : https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/reportage-a-la-prison-de-rennes-le-quotidien-sous-surveillance-des-femmes-radicalisees-2336ca76-74a8-11ec-ac16-2e31ae11eb47 (consulté le 10 mars 2022).
15 Voir en ligne : https://actu.fr/normandie/alencon_61001/cetait-5-mars-2019-attentat-la-prison-conde-an-apres-surveillants-se-mobilisent_31892000.html (consulté le 10 mars 2022).
16 Voir en ligne : https://www.letemps.ch/suisse/lugano-un-possible-motif-terroriste-derriere-une-attaque-couteau (consulté le 10 mars 2022).
17 Cité également dans : A. B. Djaber Al-Djazaïri, « La voie du musulman », Éditions Dar Al-Kotob Al-ilmiyah, Liban, 2008, p. 534.
Pour citer ce document :
Géraldine Casutt, "« Des femmes aux cœurs d’hommes » dans le jihadisme contemporain : entre rôles ordinaires et tentation de la violence". Bulletin de l'Observatoire international du religieux N°36 [en ligne], mars 2022. https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/des-femmes-aux-coeurs-dhommes-dans-le-jihadisme-contemporain-entre-roles-ordinaires-et-tentation-de-la-violence/
Bulletin
Numéro : 36
mars 2022

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Auteur.e.s

Géraldine Casutt, doctorante à l’Université de Fribourg (Suisse)

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