Bulletin N°13

 Mariam a longtemps enseigné à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) et à longtemps collaboré aux travaux du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences-Po […].

Le Pakistan était sa seconde maison, où elle se rendait parfois plusieurs fois par an. Peu de chercheurs peuvent se prévaloir d’avoir développé, vis-à-vis des organisations religieuses et militantes, un entregent tel que celui de Mariam. Elle se rendait fréquemment au Pakistan depuis les années 1970. Ceux qui la connaissaient bien savaient qu’ils pouvaient planifier un rendez-vous avec elle lors d’Achoura^[1]Chez les chiites, le jour de Achoura commémore le martyr de l’imam Hussein. , car elle serait assurément au Pakistan à ce moment-là. Pendant les vingt années où nous avons été amis, Mariam n’a manqué ces rendez-vous que les deux dernières années, à cause de son état de santé.

La plupart de ses recherches portait sur le chiisme, le sectarisme et les groupes jihadistes. Mariam était peut-être la seule chercheuse à avoir des contacts au sein du leadership d’organisations comme Sipah-e-Sahaba, Tehrik-e-Jafria et Jamaat-ud Dawa. Sa quête de connaissances l’a emmenée dans bien des endroits et elle a notamment passé beaucoup de temps dans les zones tribales […].

Mariam démontrait un très grand intérêt dans l’étude des rites chiites et faisait toujours l’effort d’être au Pakistan lors de Muharram où elle assistait à de nombreuses processions un peu partout dans le pays […]. De retour en France, elle était la première qu’appelaient les médias lorsqu’ils avaient besoin d’un point de vue sur le Pakistan […].

Mariam parlait l’ourdou et l’arabe […]. Elle a conduite d’importantes recherches dans les zones tribales du Pakistan, et au sein des sociétés pachtounes du Pakistan et d’Afghanistan. Il ne serait pas exagéré de dire qu’elle a traversé notre pays d’est en ouest, bien plus que certains locaux, et qu’elle avait des amis dans chaque ville du pays. La plupart de ses travaux sont en français […], mais certains de ses ouvrages sont également disponibles en anglais.

Forte d’amis et d’étudiants à travers le monde, au Pakistan, en Iran, en Afghanistan, en Syrie, au Liban, en Irak, en Palestine, au Royaume-Uni, [en France] et aux Etats-Unis, Mariam n’avait pas encore tranché entre Quaid-e-Azam University, à Islamabad, et Kufa University, à Najaf, pour enseigner avant de prendre sa retraite en 2018. Mais la mort est arrivée trop tôt. Quelques jours à peine avant sa mort, elle m’avait écrit pour me dire qu’elle avait choisi Najaf comme derrière demeure [Mariam Abou Zahab a été inhumée à Najaf].

Traduction : Observatoire international du religieux – Source : http://tns.thenews.com.pk/friend-pakistan/#.WiFOE7SdXe