Bulletin N°12

octobre 2017

La sécuritisation de l’appartenance religieuse au Daghestan

Observatoire international du religieux

Le renouveau religieux de la Fédération de Russie nécessite d’être recontextualisé par rapport à l’ensemble des transformations postsoviétiques. Le développement de l’Etat séculier russe se caractérise en effet par la disparition du régime totalitaire et la « parade des souverainetés »[1]Cette expression désigne les dynamiques conflictuelles entre 1988 et 1991 qui ont conduit les républiques de l’URSS, ainsi que les républiques et les districts autonomes au sein de la … Continue reading, l’intensification des inégalités sociales et des tendances à la centralisation du pouvoir, le renforcement de l’influence de l’Eglise orthodoxe, le développement des réseaux islamistes transnationaux, ainsi que l’impact des deux guerres en Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2009) et plusieurs vagues de mobilisation identitaires au sein d’une Fédération multiethnique. Dans ce contexte, tout au long des années 1990 et 2000, l’islam est devenu une ressource politique au service de la lutte de pouvoir des acteurs étatiques et non étatiques. Ces batailles ont pris des formes institutionnelles variées selon les sujets fédérés[2]La Fédération de Russie est composée de 85 entités dénommées « sujets de la fédération de Russie » qui sont égaux en droits. Il s’agit de 22 républiques (dont le Daghestan), 9 kraïs, … Continue reading, et ont atteint leur paroxysme dans le sud de la Fédération. En l’occurrence, l’influence des mouvements jihadistes, qui réclamaient la guerre contre les « infidèles », s’est étendue progressivement à toute la région du Caucase.

Le cas du Daghestan, la République la plus islamisée au Caucase du Nord, doit être compris dans ce contexte, et illustre la complexité des dynamiques à l’œuvre dans le domaine du religieux aujourd’hui. Deux éléments sont particulièrement emblématiques de ces processus : l’interdépendance des dimensions locale, régionale et transnationale, ainsi que la sécuritisation des enjeux religieux.

L’expansion et la transformation des mouvements jihadistes au Daghestan

Le développement de l’islam basé sur les principes doctrinaux de la salafiya s’est particulièrement intensifié dans les républiques du Caucase du Nord à la veille de la chute de l’URSS. Cette mouvance était largement dominée par les partisans du prédicateur daghestanais Bagauddin Kébédov, mais incorporait également des courants salafistes dits « modérés », au sens où ils ne préconisaient pas le recours à la violence et concevaient le futur des musulmans caucasiens au sein de la Fédération russe. Avec l’ouverture des frontières, d’importants flux d’argent en provenance des fondations musulmanes du Koweït, d’Arabie Saoudite, de Jordanie et de Turquie ont été dirigés vers les coreligionnaires caucasiens.

Par ailleurs, le développement des liens transnationaux a considérablement influencé la formation d’une génération nouvelle de prédicateurs qui, en grand nombre, faisaient leur éducation religieuse dans des pays musulmans tiers. A leur retour, beaucoup de ces nouveaux chefs religieux incitaient à la réforme des pratiques locales et s’opposaient à la Direction spirituelle des musulmans du Daghestan (DSM ou muftiyat), l’organisation religieuse centralisée, héritière postsoviétique des institutions administratives en charge des affaires musulmanes. Cette opposition générationnelle est à situer dans un contexte où, après des décennies d’imposition de l’athéisme, le niveau d’éducation religieuse était faible, et les structures d’éducation locales quasi inexistantes. Cependant, ce n’est qu’à partir des années 2000 que l’influence religieuse étrangère dans le Caucase du Nord est prise en charge par la Fédération. Cette prise en compte fait suite à la tentative de construction d’une entité politique basée sur la sharia, la loi islamique, dans les villages daghestanais de Karamakhi et Chabanmakhi dans la zone de Kadar, et à l’invasion du Daghestan en 1999 par les groupes islamistes basés sur le territoire de la Tchétchénie.

Sur fond de guerres en Tchétchénie, de criminalité organisée et de crise socio-économique, une multitude de courants islamiques se développe dans les républiques caucasiennes – chacun ayant des degrés différents d’opposition aux autorités russes. La situation religieuse se complique davantage lorsque la résistance tchétchène se transforme. A partir du milieu des années 2000, le combat indépendantiste et nationaliste se traduit de plus en plus dans des termes religieux. L’unification des différentes branches des organisations régionales des groupes jihadistes agissant dans l’ensemble des républiques russes du Caucase du Nord (et dans une partie du territoire de la région du Krasnodar et du Stavropol) prend forme dans le cadre du projet d’instauration d’un Etat islamiste envisagé par Doku Oumarov. Cet ancien chef de guerre combattant pour l’indépendance de la Tchétchénie abandonne la cause séparatiste et s’autoproclame « émir » (chef) de l’Emirat du Caucase le 7 octobre 2007. Cette nouvelle entité politique est censée unifier tous les musulmans de la région dans la lutte armée pour l’instauration d’un Etat basé sur la sharia dans le Caucase du Nord.

La régionalisation du conflit tchétchène se traduit notamment par l’évolution de la localisation des actes terroristes. Depuis les années 2010, le Daghestan, dont 95% de population se déclare musulmane, est devenu l’épicentre des affrontements violents entre les forces de l’ordre russes et les groupes djihadistes de l’Émirat du Caucase. Ces derniers utilisent l’islam comme plateforme idéologique pour justifier le recours à la violence afin d’imposer une nouvelle organisation étatique fondée sur la sharia. Selon les données du site d’information Kavkazski Uzel, fondé par « Memorial », l’ONG russe de défense des droits humains, entre 2010 et 2016, 6 361 personnes ont été victimes d’attaques terroristes dans le Caucase du Nord, dont 3 495 personnes au Daghestan[3]Source : Кавказский Узел, «Инфографика. Рейтинг регионов СКФО по количеству жертв за 7 лет» (L’infographie. Le classement des … Continue reading.

De plus, l’organisation de certains attentats sur le territoire russe, en dehors du Daghestan, a été attribuée à des groupes jihadistes daghestanais. Plusieurs imams – d’obédiences religieuses diverses – ont été tués. Parmi ces assassinats, un meurtre a particulièrement secoué l’ensemble des musulmans de Russie. Le 28 août 2012, le cheikh daghestanais Saïd Afandi, le plus influent cheikh du mouvement soufi au Daghestan, a été tué dans un attentat-suicide. S. Afandi jouait un rôle crucial au sein de la DSM, et avait également beaucoup de murids (disciples) dans les cercles du pouvoir. Favorable à l’inclusion de l’activité des salafistes dans l’espace public, il a contribué au développement du dialogue entre les salafistes dits « modérés » et les soufis au Daghestan, dans le cadre de la politique amorcée en 2010 par le chef du pouvoir exécutif au Daghestan, Magomedsalam Magomedov. Suite à l’assassinat du cheikh, ce rapprochement a progressivement cédé la place à un nouveau cycle de durcissement des rapports entre l’Etat et les groupes salafistes. En l’occurrence, les activités de la Commission pour la réintégration des ex-combattants au Daghestan, crée en 2010, ont été arrêtées vers 2013.

Néanmoins, à partir de 2014 on constate une forte diminution du nombre des morts parmi les civils, comme parmi les forces publiques de l’Etat. Cette tendance s’explique par l’intensification des opérations antiterroristes dans la perspective des Jeux olympiques de 2014, ainsi que par le départ croissant des combattants islamistes vers l’Etat islamique (EI). Cette dynamique transnationale a considérablement modifié les rapports de forces au sein de la République du Daghestan. En novembre 2014, Suleiman Zainulabidov, le chef des militants agissant dans le nord de la République, a prêté serment à l’EI. En décembre 2014, Rustam Asilderov, le chef militaire de la filiale daghestanaise de l’Emirat du Caucase, ainsi qu’Arslanali Kambulatov, le chef militaire du « secteur de Shamilkala » au Daghestan, ont également prêté serment à l’EI. Ces décisions ont renforcé la discorde parmi les chefs de l’Emirat, mais le 21 juin 2015, c’est l’ensemble de l’organisation de l’Emirat du Caucase qui se déclare fidèle à l’EI. Cependant, suite au meurtre du leader de l’Emirat, Magomed Souleimanov, en août 2015, l’organisation n’a pas fait de déclarations précisant son éventuel nouveau leader. Cette disparation du champ public est interprétée différemment par les experts. Pour certains c’est un signe de décentralisation ; pour d’autres, une marque d’affaiblissement ; pour d’autres enfin elle marque la fin de l’existence de l’Emirat du Caucase en tant qu’entité unifiée.

Toutefois, l’exportation du jihad n’a pas abouti à l’élimination totale des actes terroristes sur le sol de la République. En l’occurrence, entre le 30 décembre 2015 et le 1 octobre 2017, l’EI a revendiqué huit attentats au Daghestan[4]Les policiers ont été les principales victimes de ces attaques au Daghestan. Par ailleurs, quatre attaques de l’IE ont eu lieu en Tchétchénie (Source : « Выходцы с Кавказа в … Continue reading. Par ailleurs, malgré les efforts entrepris par la Fédération russe pour empêcher le départ de ses citoyens vers l’EI, les flux en provenance du Daghestan restent importants. En 2017, les données officielles indiquent que près de 1 200 Daghestanais combattent en Syrie au sein de l’EI[5]«Глава МВД Дагестана: на стороне боевиков воюет более 1200 дагестанцев» (Le chef du ministère des affaires intérieures de la République du … Continue reading. S’y rajoutent également les combattants daghestanais qui ont pris part aux activités du Front al-Nosra, ainsi que de plus petits groupes de rebelles indépendants agissant sous le commandement de chefs tchétchènes.

En parallèle avec la criminalisation de la participation aux « activités de lutte armée sur le territoire d’un Etat à l’étranger » dont les buts « contreviennent aux intérêts de la Fédération de Russie[6]Voir la partie 2 de l’article 208 du Code pénal de la Fédération de Russie (« Participation à un groupe armé considéré comme illégal par la législation de la Fédération de Russie, ou … Continue reading » (depuis 2013), la chasse ouverte contre les recruteurs, et l’accroissement des efforts des autorités dans la deuxième moitié de 2014 afin d’empêcher les départs des combattants potentiels, la Fédération russe a renforcé la pression qu’elle exerçait sur les milieux salafistes. Or, cette approche ne semble tenir compte ni de la mosaïque musulmane au sein de la République ni des moteurs non-idéologiques qui contribuent aux mobilisations collectives.

La gestion du pluralisme musulman à l’ombre des enjeux sécuritaires

De fait, les multiples clivages religieux traversant la population du Daghestan ne se réduisent pas à l’opposition entre soufis d’une part, et salafistes et/ou wahhabites d’autre part. Pourtant, cette dichotomie est avancée dans le discours public par les autorités locales, et reprise par certains médias étatiques. Elle repose sur l’idée selon laquelle l’islam « traditionnel », le soufisme, s’opposerait à l’islam « non-traditionnel », assimilé à la « menace wahhabite ». Visant premièrement à identifier le « bon islam », cette distinction ne permet pas d’appréhender la mosaïque islamique dans toute sa diversité ni au niveau de son évolution doctrinale ni au niveau des trajectoires historiques des différents courants islamiques au Daghestan. Dès lors, que représente le champ religieux au Daghestan et quels sont les défis de gestion représentés par ce pluralisme religieux ?

Hormis les 4 % de population appartenant à l’islam chiite et la population nogaï[7]Le peuple turcophone des Nogaïs habite principalement dans le nord du Daghestan, mais aussi dans le Kraï de Stavropol, en Karatchaïévo-Tcherkessie et dans la région d’Astrakhan. qui adhère à l’école de jurisprudence hanafite du courant sunnite, la vaste majorité de la population du Daghestan adhère à l’islam sunnite de l’école shâfi‘ite. Ses traditions locales ont largement incorporé les pratiques soufies, représentées au Daghestan par les confréries (tariqat) de la Naqchbandiya, de la Chaziliya, de la Djazouliya et de la Qadiriya. La vingtaine de cheikhs soufis adeptes de Saïd Afandi Tchirkeisski contrôle la DSM, et a donc la mainmise sur la gestion d’importants flux financiers, en particulier ceux concernant l’organisation du pèlerinage à la Mecque. De plus, depuis l’introduction de la « loi sur l’interdiction du wahhabisme et d’autres activités extrémistes sur le territoire de la République du Daghestan » le 16 septembre 1999, la DSM est officiellement chargée de fournir l’expertise religieuse pour les programmes républicains de lutte contre le terrorisme, et doit s’occuper de l’enregistrement des organisations religieuses et de la supervision des programmes éducatifs à destination des musulmans dans les institutions religieuses du Daghestan. En outre, la loi de 1999 stipule que l’obtention d’un diplôme d’éducation religieuse à l’étranger doit être conforme à la DSM – bien que les mécanismes de contrôle de cette conformité ne soient pas explicités. La DSM exerce également un contrôle sur l’activité éditoriale afférente à l’islam, ainsi que sur les programmes télévisuels et radiophoniques. De plus, elle est associée à l’élaboration des politiques publiques, tout en ayant une place privilégiée dans la production des biens symboliques dans des domaines variés, telles la religion, l’éducation ou la sécurité. En somme, malgré la l’adhésion de la Fédération russe aux principes séculiers, la DSM se trouve dans une situation de supériorité face aux autres organisations religieuses.

Quant aux adeptes du salafisme, ils prônent le retour à ce qu’ils considèrent être les racines de l’islam. Pour ce faire, ils dénoncent de nombreuses pratiques religieuses locales qu’ils identifient comme des innovations (bida’a), et donc des pratiques déviantes. Ce mouvement aux contours flous ne représente pas de courant homogène au niveau dogmatique, notamment vis-à-vis de la question du recours à la violence[8]Par ailleurs, de nombreux groupes salafistes daghestanais dénoncent l’EI et mettent en garde contre l’hégire (migration vers les terres du califat) promu par l’EI. et de l’organisation des pratiques religieuses. En l’occurrence, au sein des pratiquants d’un islam qu’ils distinguent clairement du soufisme, on trouve des groupes salafistes qui suivent la jurisprudence hanbalite ou se positionnent explicitement en dehors des quatre jurisprudences, des membres de l’association daghestanaise Ahlu-Sunna wal-Jama’a[9]L’association Ahlu-Sunna wal-Jama’a a été créée en début des années 2010. Elle réunit une dizaine de savants musulmans daghestanais sous la direction de Kalirakhman Shamatov afin de … Continue reading, des mouvances qui suivent la guidance de tel ou tel cheikh vivant à l’étranger, etc. En dehors du champ soufi et salafi, on note aussi l’existence de groupes numériquement plus faibles, tels que les mouvements Hizb Ut-Tahrir et Nurculuk[10]Les activités de ces mouvements ont été bannies respectivement en 2003 et en 2014., ou des groupes religieux qui prônent la lecture du Coran dans les langues vernaculaires.

Il est également important de souligner que la contestation de la légitimité de la DSM n’est pas propre à la seule mouvance salafiste. Ainsi, plusieurs communautés soufies n’acceptent pas les rapports de subordination qui les lient à la DSM. Ces communautés sont également traversées par des tensions, notamment au moment de l’élection des imams des mosquées centrales dans les villages[11]Dans les villages daghestanais, l’imam de la mosquée centrale a souvent plus d’impact sur la vie sociale et politique que les imams des mosquées du quartier. Cela est dû à plusieurs facteurs … Continue reading. Toutefois l’ensemble des musulmans salafistes reste la cible première de la politique de représailles qui s’applique dans une approche quasi indifférenciée.

En l’occurrence, tout un ensemble d’actions renforce le sentiment d’injustice subi par les musulmans, et facilite la mise en œuvre de mobilisations violentes au sein des couches de populations marginalisées. Parmi ces actions, citons les arrestations massives de fidèles à la sortie des mosquées salafistes après la prière du vendredi ; les contrôles d’identité ; les abus commis par les agents de police ; ou encore les opérations antiterroristes qui suspendent pendant des semaines la vie de l’ensemble des habitants des villages considérés « à risque », tout en leur infligeant des pratiques humiliantes. Depuis le milieu des années 2000, les musulmans sont également contrôlés via la constitution de « listes de contrôle préventif » qui répertorieraient les « extrémistes », mais sans que les critères d’inclusion sur la liste soient explicites. Etre enregistré sur une telle liste induit la limitation des déplacements dans le pays, la convocation systématique aux postes de contrôle routiers, les interrogatoires, la dactyloscopie, voir même, une prise de sang ou un prélèvement salivaire pour l’identification des profils ADN. Selon les sources officielles, ces listes contenaient 15 000 noms en 2016[12]Прокуратура Дагестана о постановке на учет…» (выступление в ДГИНХ 1 марта 2016 г.) » (Le parquet du Daghestan à propos de … Continue reading. Enfin, on peut considérer que la vague de fermetures des mosquées salafistes survenue en 2015-2016 est également une mesure antiterroriste, dont l’efficacité demeure questionnable. Parallèlement, plusieurs prédicateurs salafistes qui dénonçaient publiquement le recours à la violence ont pourtant été arrêtés ou forcés à quitter leur fonction d’imam.

Toutes ces activités sont menées dans un contexte conflictuel durable où le discours public contribue au développement et à l’accentuation des clivages religieux. De fait, dès les années 1990 le terme de « wahhabisme » est utilisé par les autorités et les médias publics pour désigner les musulmans qui s’opposaient à la DSM, bien que ceux-ci rejetaient explicitement cette étiquette. De fait, les experts du fait religieux soulignent que l’adhésion à la jurisprudence hanbalite est un prérequis pour l’appartenance « wahhabi ». Or, on trouve très peu de ces adeptes au Daghestan. Ainsi, l’appellation « wahhabi » ne prend pas en compte ces critères dogmatiques, mais relève d’un objectif de stigmatisation. D’autres formules véhiculées dans l’espace public se réfèrent également aux « extrémistes », aux « radicaux » et à l’« islam non traditionnel ». Ces amalgames sont lourds de conséquences en ce qui concerne la marginalisation d’une large partie de la population. On assiste donc à la « sécuritisation » des questions religieuses et plus particulièrement, à l’instrumentalisation de l’appartenance à un type d’islam en vue de la répartition des biens symboliques ou matériels. Pourtant, les problèmes structurels du Daghestan[13]Parmi ceux-ci, notons : une crise de développement profonde au plan socio-économique, la corruption galopante, le népotisme, l’intégration des cercles criminels dans le business, les défis de … Continue reading offrent déjà un terrain propice qui incite les entrepreneurs religieux à inventer, puis à entretenir, les frontières de leur groupe, car elles correspondent à des intérêts collectifs particuliers.

Notes

Notes
1 Cette expression désigne les dynamiques conflictuelles entre 1988 et 1991 qui ont conduit les républiques de l’URSS, ainsi que les républiques et les districts autonomes au sein de la République socialiste fédérative soviétique de la Russie, à déclarer leur indépendance.
2 La Fédération de Russie est composée de 85 entités dénommées « sujets de la fédération de Russie » qui sont égaux en droits. Il s’agit de 22 républiques (dont le Daghestan), 9 kraïs, 46 oblasts, 4 districts autonomes, 3 villes d’importance fédérale et 1 oblast autonome.
3 Source : Кавказский Узел, «Инфографика. Рейтинг регионов СКФО по количеству жертв за 7 лет» (L’infographie. Le classement des régions du district fédéral du Caucase du Nord par nombre des victimes pour les 7 années), 10.02.2016, URL: http://www.kavkaz-uzel.eu/articles/277404/ [date de consultation 10.11.2017].
4 Les policiers ont été les principales victimes de ces attaques au Daghestan. Par ailleurs, quatre attaques de l’IE ont eu lieu en Tchétchénie (Source : « Выходцы с Кавказа в рядах ИГ(ИГИЛ) », Les ressortissants du Caucase dans les rangs de l'IE, Kavkazski Uzel,10.11.2017, URL: http://www.kavkaz-uzel.eu/articles/251513/#note_link_31 [date de consultation : 10.11.2017]. L’IE a également revendiqué la responsabilité pour le crash de l’avion russe A-321 dans la péninsule du Sinaï le 31 octobre 2015, pour l’attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg du 3 avril 2017, ainsi que pour l’attentat dans la ville sibérienne de Sourgout du 19 août 2017.
5 «Глава МВД Дагестана: на стороне боевиков воюет более 1200 дагестанцев» (Le chef du ministère des affaires intérieures de la République du Daghestan: 1200 daghestanais combattent aux côtés des djihadistes) , REGNUM, 31.01.2016, URL : https://regnum.ru/news/accidents/2233090.html [date de consultation : 10.11.2017].
6 Voir la partie 2 de l’article 208 du Code pénal de la Fédération de Russie (« Participation à un groupe armé considéré comme illégal par la législation de la Fédération de Russie, ou participation à un groupe armé sur le territoire d’un Etat étranger, considéré comme illégal par la législation de cet Etat, visant des buts qui contredisent aux intérêts de la Fédération de Russie »).
7 Le peuple turcophone des Nogaïs habite principalement dans le nord du Daghestan, mais aussi dans le Kraï de Stavropol, en Karatchaïévo-Tcherkessie et dans la région d’Astrakhan.
8 Par ailleurs, de nombreux groupes salafistes daghestanais dénoncent l’EI et mettent en garde contre l’hégire (migration vers les terres du califat) promu par l’EI.
9 L’association Ahlu-Sunna wal-Jama’a a été créée en début des années 2010. Elle réunit une dizaine de savants musulmans daghestanais sous la direction de Kalirakhman Shamatov afin de représenter les intérêts des salafistes dans le dialogue avec les autorités amorcé en 2010. Quelques années plus tard elle compte près de soixante savants musulmans.
10 Les activités de ces mouvements ont été bannies respectivement en 2003 et en 2014.
11 Dans les villages daghestanais, l’imam de la mosquée centrale a souvent plus d’impact sur la vie sociale et politique que les imams des mosquées du quartier. Cela est dû à plusieurs facteurs relevant des coutumes musulmanes, ainsi que des institutions formelles et informelles agissant au niveau des communautés locales.
12 Прокуратура Дагестана о постановке на учет…» (выступление в ДГИНХ 1 марта 2016 г.) » (Le parquet du Daghestan à propos de l'enregistrement préventif (conférence du 1 mars 2016 à l’Université publique de l’économie nationale), Черновик, 01.03.2016. URL : https://chernovik.net/content/prokuratura-dagestana-o-postanovke-na-uchyot-vystuplenie-v-dginh-1-marta-2016-g [date de consultation : 10.11.2017].
13 Parmi ceux-ci, notons : une crise de développement profonde au plan socio-économique, la corruption galopante, le népotisme, l’intégration des cercles criminels dans le business, les défis de la répartition des terres entre plusieurs ethnies, et les cas de violation des droits humains.
Pour citer ce document :
Observatoire international du religieux, "La sécuritisation de l’appartenance religieuse au Daghestan". Bulletin de l'Observatoire international du religieux N°12 [en ligne], octobre 2017. https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/la-securitisation-de-lappartenance-religieuse-au-daghestan/
Bulletin
Numéro : 12
octobre 2017

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