Bulletin N°36

mars 2022

Quand des considérations religieuses croisent l’enrôlement des femmes : l’exemple des forces de défense israéliennes (FDI) – Version française

Elisheva Rosman-Stollman

La caricature de l’édition du 7 janvier 2020 du journal israélien Haaretz représente deux soldates regardant vers des chars d’assaut, sous la légende « femmes dans les corps blindés ». L’une des soldates interroge : « [ne peuvent-ils avoir] d’autres couleurs ? ». La caricature évoque le souhait des forces de défense israéliennes (FDI) d’intégrer des femmes dans les équipages des chars d’assaut et la réception de ce changement par la population.

L’armée de défense israélienne est une armée de conscription dans laquelle hommes et femmes servent, au sein de laquelle la religion joue un rôle socio-politique, et dans laquelle les femmes sont autorisées à occuper certains postes de combat. Être une armée de conscription contraint les FDI à enrôler tout soldat, notamment les plus religieux d’entre eux. À l’inverse, une armée de volontaires peut éviter d’avoir des observants dans ses rangs[1]E. Rosman-Stollman, For God and Country?: Religious Student-soldiers in the Israel Defense Forces, University of Texas Press, 2014.. L’armée de défense israélienne représente ainsi un cas d’étude intéressant pour comprendre comment les considérations religieuses sont mobilisées dans les débats sur la place des femmes au combat.

Lorsqu’est évoquée la question de l’enrôlement des femmes dans les positions de combat au sein des FDI, les arguments peuvent être classés selon deux grandes catégories : les justifications d’ordre fonctionnel (liées au fonctionnement de l’armée et à l’aptitude au combat) et les considérations d’ordre religieux.

Alors que les arguments religieux sont utilisés dans les médias et par des personnalités religieuses, sans bénéficier d’un quelconque soutien des autorités militaires, les arguments relatifs à l’aptitude au combat sont davantage mobilisés par l’armée. Les considérations d’ordre fonctionnel s’appuient sur des travaux scientifiques, des justifications médicales, des comparaisons avec le fonctionnement d’autres armées. Les arguments de nature religieuse sont fondés sur l’interprétation de la loi religieuse juive (la Halakha).

Cet article examinera le cas israélien et mettra en évidence les enjeux soulevés par la relation entre les forces israéliennes de combat, les femmes (religieuses et non-croyantes) qui s’engagent dans l’armée à des postes variés, les soldats orthodoxes et les autorités religieuses. Ce travail soulève la question suivante : quel rôle jouent les arguments d’ordre religieux dans cette dynamique ?

Justifications d’ordres fonctionnel et religieux

Comme précisé préalablement, lorsque l’on débat de la présence des femmes sur le champ de bataille, deux grandes catégories d’arguments émergent. Ceux-ci ne sont pas mobilisés dans les discussions qui traversent chaque armée sur la thématique, mais on les trouve au sein des forces de défense israélienne.

Les enjeux d’ordre fonctionnel se concentrent sur les conséquences de l’engagement de femmes soldats dans ses forces armées : est-ce qu’une unité qui comprend des femmes dans ses rangs équivaut au combat à une armée composée exclusivement d’hommes ? Les femmes peuvent-elles améliorer les performances au combat ? Si oui, de quelle façon ? Cet impact – ou efficience – est mesuré au regard de leurs capacités physiques et mentales. Lorsque les femmes servent aux côtés d’hommes, leur présence peut-elle comporter des effets psychologiques ? Ceux-ci peuvent être positifs : les femmes encouragent les hommes à redoubler d’efforts, ou au contraire favorisent leur retenue et les incitent à adopter un comportement plus modéré. Les effets peuvent également être négatifs : elles sont susceptibles de fragiliser la cohésion des unités ; elles favorisent les comportements de protection d’hommes à l’égard de femmes, entraînant une agressivité moindre au combat. D’autres sous-catégories relatives à l’efficience concernent les femmes elles-mêmes : les femmes disposent-elles des requis physiques et mentaux pour mener un combat ? Les unités mixtes sont-elles performantes lors des manœuvres et sous le feu des tirs ennemis ?

La cohésion des unités intègre les réflexions d’ordre fonctionnel. Une unité militaire peut-elle atteindre une réelle cohésion lorsqu’elle comprend plus d’un seul genre parmi ses rangs ? Quels sont les risques d’agression sexuelle dans les unités mixes et sont-ils plus élevés que dans des unités qui ne comptent que des hommes dans leurs rangs ? Les soldates ont-elles plus à craindre de leur propre unité que de leur ennemi ?

Ce sont des questions que toute armée prétendant intégrer des femmes à des postes de combat doit se poser[2]De nombreux travaux scientifiques ou semi-académiques ont d’ailleurs étudié cette question, tels que : H. Carreiras, Gender and the military: Women in the armed forces of western democracies, … Continue reading. De tels débats traversent à ce titre la sphère publique israélienne, de même que ses forces de défense elles-mêmes.

Les considérations religieuses peuvent être déclinées en deux sous-catégories : les conséquences du service militaire sur les femmes ; les effets sur les hommes qui sont engagés à leur côté. Les religions, et certainement les religions abrahamiques, désapprouvent la présence de femmes sur le champ de bataille. Selon leur approche, la place d’une femme est à la maison, à éduquer les enfants, et non sur les lignes de front, à ôter des vies. Par conséquent, une femme en uniforme est perçue comme inconvenante, même si les cadres d’analyse diffèrent selon la religion considérée. Dans la mesure où cet article concerne Israël, nous centrerons notre propos sur la dimension religieuse du débat telle qu’elle est appréhendée par le judaïsme orthodoxe.

Le débat halakhique concernant la présence des femmes sur le champ de bataille a commencé avec Maimonides[3]Pour une explication complète des fondements halakhiques du service militaire des hommes et des femmes, se référer à S. A. Cohen, The Scroll or the Sword?: Dilemmas of Religion and Military … Continue reading, qui déclara que dans le contexte de la « Guerre Obligatoire » (milchemet mitzva), les femmes étaient tenues de se joindre aux forces armées (sans prendre part aux combats à proprement parler) (Laws of Kings and their Wars, 5) ; les commentateurs ont par la suite essayé de minimiser leur présence au cœur des combats[4]Pour approfondir la question, se référer à M. HaHar & R. Shlomo, « Women in Obligatory War », Tchumin, 4, 1983, pp. 68-78 [Hébreu] ; Y. Shaviv, Rabb, « Women in Obligatory War » [en … Continue reading.

Au cours du XXe siècle, Israël a eu besoin de mobiliser des effectifs militaires conséquents, indépendamment du genre des forces enrôlées, et a ainsi institué une conscription incluant les femmes. Des personnalités rabbiniques ont protesté contre le recrutement de soldates lors du débat relatif à la conscription (1949). Dans ce contexte, la principale préoccupation halakhique portait sur la « conduite inconvenante » que supposait tout engagement dans l’armée de femmes juives respectables (kol kvuda bat melech pnima). De plus, placer des femmes dans un environnement exclusivement masculin, comme au sein d’une base militaire, est considéré comme immodeste. Porter un uniforme (particulièrement revêtir un pantalon) et être armé – deux composantes d’une tenue masculine, sont de la même façon perçus comme importuns. De plus, les qualités féminines sont inadaptées aux combats. Les femmes prennent peur facilement et manquent du courage nécessaire pour se surpasser sur le champ de bataille.

Une partie des arguments religieux se concentre ainsi sur les femmes elles-mêmes : les femmes ne doivent pas s’engager et en aucun cas être présentes sur le champ de bataille. Si leur présence dans des rôles en soutien peut faire l’objet de discussion, il est cependant inenvisageable qu’elles portent des armes. Les femmes qui s’engagent se mettent en danger, tout comme le sont leur réputation et leur moralité.

En outre, leur présence sur le champ de bataille pénalise les troupes armées. Au-delà de la démolarisation des forces que peut impliquer leur présence, Dieu lui-même réprouve une armée qui n’applique par la séparation des sexes Une telle force militaire deviendra sans aucun doute moralement corrompue et ne se verra pas récompensée d’une victoire par Dieu. Ainsi, si une femme choisit de servir de son propre chef, elle devra être exclue de l’armée, afin que Dieu ne favorise pas l’adversaire[5]R.Y. Shaviv, Rabbi Yehuda, « Women in Obligatory War », Tchumin, 4, pp. 79–89 (en hébreu) ; Rabbi Shlomo Min-HaHar, « Women in Obligatory War », Tchumin, 4, 1983, pp. 68–78 (en hébreu).. Notons qu’une telle approche ne distingue pas les femmes croyantes des femmes indifférentes. Au-delà du prisme religieux, toutes les femmes devraient être bannies de l’armée.

Une seconde composante de cet argumentaire concerne les conséquences sur les soldats masculins d’une armée mixte. Clairement, la perspective religieuse appréhende les hommes comme facilement corruptibles par la présence de femmes sur le champ de bataille d’un point de vue moral. Les hommes ne devraient pas être au contact de femmes, sans surveillance, particulièrement pour les Juifs orthodoxes. Encore moins avec des femmes non mariées. Au-delà d’être une situation tout simplement immorale, cela a pour conséquence pour ces hommes d’être placé dans un environnement halakhique complexe.

Le fondement religieux de ces règles est essentiel, du moins dans le judaïsme orthodoxe. Tous les croyants ne respectent pas les règles de la séparation des sexes (yichud), mais il est difficile de soutenir qu’ils s’appuient alors sur des fondements halakhiques « modérés ». Ces lois précisent les types d’interactions qui peuvent se faire entre hommes et femmes. Est-il permis pour une femme de parler en public devant un auditoire masculin ? Est-ce qu’une femme peut servir en tant qu’instructrice d’un corps de blindés ? Une femme peut-elle chanter en public lors d’un événement militaire[6]Pour une description de la question de la présence des femmes au sein des FDI, la question de yichud et des femmes chantant en public, voir Cohen, Asher & Susser, Bernard, « Women Singing, … Continue reading ?

Alors que les considérations d’ordre fonctionnel peuvent appréhender la question des femmes au combat selon une analyse coûts/bénéfices et en relever les avantages comme les inconvénients, les perceptions d’ordre religieux ne considèrent pas la question des femmes au combat comme pouvant comporter de quelconques aspects positifs. C’est constamment indésirable. Comme démontré auparavant, ceux qui se fondent sur des arguments religieux lorsqu’il s’agit d’interroger l’engagement militaire de femmes, peuvent également avoir recours à des considérations d’ordre fonctionnel dans leur raisonnement. À l’inverse, ceux qui avancent avant tout des arguments d’ordre fonctionnel s’appuient rarement sur une rhétorique religieuse. Il est intéressant de noter que, alors que les soldats croyants et non croyants sont évoqués dans les réflexions de ceux qui plaident en faveur ou en défaveur de l’engagement des femmes, les croyantes sont exclues des thèmes de discussion. Lorsqu’il s’agit de débattre des femmes au combat, « les femmes » sont considérées comme une catégorie monolithique.

Ayant ces éléments à l’esprit, nous pouvons maintenant en venir aux dilemmes qui sont soulevés dans les débats concernant l’engagement des femmes au sein des forces de défense israélienne.

L’exemple israélien : considérations d’ordre fonctionnel et religieux

La question de la mixité de l’armée a suscité l’attention des médias et entraîné des débats publics en Israël. La commission Segey (2007) a tenté d’esquisser la politique officielle de l’IDF au sujet de l’enrôlement des femmes au XXIe siècle. Le rapport Segey analyse en profondeur les arguments d’ordre fonctionnel. Il consacre quelques développements à la question de la « bonne intégration » (hashiluy haraui) encouragée par la politique des FDI concernant la séparation des sexes, permettant à des soldats orthodoxes de se sentir au mieux dans des environnements mixtes. Par exemple, il précise comment la vie dans les quartiers militaires doit être organisée, quels vêtements peuvent être portés en public (particulièrement les tenues de sports), et ainsi de suite. Le rapport Segey souligne les conditions d’une bonne intégration, montrant que cela profite à l’ensemble des soldats et que cela favorise une atmosphère au sein de laquelle l’intimité des hommes comme des femmes est respectée[7]Segev Commission Report 2007..

Parallèlement, le rapport n’avance aucune considération d’ordre religieux. Même quand il s’agit d’énumérer les réserves de la délégation du rabbinat militaire adressées à la Commission, celles-ci sont présentées comme des arguments d’ordre fonctionnel. Une seule exception peut être relevée. La délégation du rabbinat militaire a indiqué qu’un service en commun au sein de vaisseaux navals et à l’intérieur d’un même véhicule clos « va à l’encontre de la Halakha » (p. 97). En d’autres mots, la référence claire à la Halakha comme argument dénonçant l’intégration des femmes n’apparaît qu’une seule fois de façon évidente. Les autres réserves ne s’appuient pas sur des arguments halakhiques, mais sur des références fonctionnelles.

Cette tendance s’est confirmée depuis[8]Cela est perceptible, entre autres exemples, dans la réponse de l’État à la pétition lancée par Alice Miller auprès de la Cour Suprême, concernant le service des femmes en tant que pilotes ; … Continue reading. Lorsque l’armée elle-même a débattu de la place des femmes au combat, elle a fondé son argumentation uniquement sur des considérations fonctionnelles. Cela est, bien entendu, compréhensible. Singulièrement, la force de défense israélienne veille à ne pas juxtaposer la question de l’engagement des femmes et celle des droits religieux des soldats. Ce que les femmes peuvent ou ne peuvent pas faire dans les FDI est constamment présenté sous l’angle de considérations fonctionnelles. L’armée veille à ne pas présenter l’égalité des genres comme une menace au respect des droits religieux.

De la même façon, seuls des arguments fonctionnels ont été évoqués lors de la création d’équipages féminins de chars d’assaut. La réponse de l’État à un arrêt de la Cour Suprême concernant l’abandon du programme pilote des FDI d’équipages féminins de chars d’assaut ne comportait aucune référence à des considérations religieuses [9]. L’État (représentant les FDI) se réfère aux capacités physiques des femmes et à leur aptitude à travailler comme membre d’un équipage de char d’assaut[9]Depuis, le programme a été réinstauré.. De même, aucune mention n’est faite des difficultés que pourraient rencontrer dans ce cadre des soldats orthodoxes.

D’autres analyses, telles celles présentes dans des articles du magazine de droite diffusé en ligne Mida et de Maarachot, le périodique publié par les FDI, concentrent également leur argumentaire à partir d’un raisonnement de type fonctionnel. Par exemple, Raz Sagi, un colonel retraité qui publie et discourt largement sur la question des femmes au combat, dénonce dans un article de Maarachot la présence de celles-ci sur les champs de bataille. Tous les arguments qu’il avance sont d’ordre fonctionnel et ne mentionnent pas les droits des soldats croyants[10]R. Sagi, op.cit. Il est intéressant de noter que Sagi est un orateur populaire, invité à débattre de ce sujet lors de séminaires des formations militaires (mechinot). En général, il semble que … Continue reading. De même, un article de Mida portant précisément sur la question des femmes dans les équipages de char d’assaut concentre son analyse exclusivement sur des préoccupations fonctionnelles, principalement sur le volet médical de l’engagement et ses effets sur le bien-être physique des femmes.

Ces articles, et d’autres qui leur sont similaires, mettent en relief deux points importants. Tout d’abord, ceux qui s’opposent publiquement à l’engagement militaires des femmes, tendent à adopter des points de vue généralement conservateurs, sans se concentrer sur la seule question des femmes au combat. La plupart sont des militaires vétérans « vieille école », bien souvent d’anciens officiers réservistes. Leurs approches conservatrices ne se limitent pas à l’intégration des femmes dans les rangs, mais incluent une opposition à ce qu’ils perçoivent comme des tendances de gauche, comme la désobéissance aux ordres donnés dans les rangs pour motifs politiques. Ils ne sont pas juifs orthodoxes et il serait dès lors étrange qu’ils utilisent une terminologie religieuse. D’autre part, ceux qui s’opposent à l’intervention de femmes au combat se placent dans un rôle de héraults de la santé et du bien-être des femmes. Ils sont opposés à leur engagement militaire car cela leur est nuisible[11]A. Greenstein, Arik, « What you need to ask yourself before you get in a tank », Mida, 22, 2016. [En ligne] … Continue reading.

De leur côté, les institutions religieuses tendent à utiliser des argumentaires d’ordre fonctionnel et religieux. Les anciens écrits halakhiques relatifs à l’engagement militaire des femmes dans son ensemble (et non aux seuls postes de combat) se réfèrent naturellement à des réflexions tirées de la Halakha. Les exemples classiques concernent des articles de rabbins qui admettent que le fondement de l’argumentation en faveur de l’exclusion des femmes du champ de bataille repose sur des conventions sociales. Cependant, dans ce cas, celles-ci constituent une base suffisamment forte pour être vue comme un fondement halakhique. Comme évoqué précédemment, l’engagement au sein de l’armée, quel que soit le poste occupé, est une conduite inappropriée pour une femme juive respectable, au sens large[12]Pour une réflexion sur les arguments halakhiques en faveur ou en défaveur de la conscription, voir E. Rosman-Stollman, 2014, op. cit. ; E. Rosman-Stollman, « (Not) Becoming the Norm: Military … Continue reading. Dans ce contexte, les arguments classiques halakhiques n’utilisent pas de terminologie fonctionnelle et sont au contraire exclusivement religieux. Encore une fois, ils ne distinguent pas les postes de combat des fonctions non-directement opérationnelles sur le champ de bataille.

Au cours des dix dernières années, la principale opposition religieuse à s’être manifestée contre l’engagement au combat de femmes fut portée par des rabbins des formations préparatoires à l’armée (mechinot), de même que la voix la plus véhémente sur le sujet provint du yeshivot Hesder[13]Le programme des Hesder yeshivot combine les études religieuses avec le service militaire proprement dit. Il dure cinq années pour les appelés. Ndlt, proche des positions du yeshivot hakav (centre d’étude religieux issu de la Yeshiva Mercaz HaRav[14]Yeshiva réputée pour l’excellence de sa formation. Ndlt., fondée par R. Avraham Yitzchak HaCohen Kook). Ces personnalités ont inspiré une campagne contre l’enrôlement des femmes en général et leur engagement sur le champ de bataille en particulier. Alors que le présent article ne peut référencer l’ensemble des écrits et déclarations publiques de ces rabbins, un certain nombre d’exemples peuvent illustrer les points essentiels de leur argumentation. En 2017, Hotam[15]Voir le site de Hotam : … Continue reading une organisation de rabbins qui vise à renforcer la prise en compte des considérations religieuses dans les affaires publiques, a diffusé un court film sur youtube présentant l’engagement militaire comme particulièrement compromettant pour les femmes qui choisissent d’intégrer l’armée[16]Hotam, « Film against Religious Women’s Military Service », site Youtube d’Hotam: [en ligne] https://www.youtube.com/watch?v=heA1IpTNwwg, consulté en juin 2020. . Le film se concentre sur les femmes elles-mêmes et mobilise un argumentaire socio-religieux pour expliquer en quoi l’engagement militaire est néfaste : alors que les femmes pensent qu’elles rendront un grand service à l’État en s’enrôlant, en réalité le système ne les utilise que pour se donner une image de pluralisme, il n’intègre pas les contraintes religieuses, il ne prend pas en considération les véritables préoccupations que peuvent avoir les femmes en uniforme, il les force à adopter une conduite qui n’est pas en accord avec leurs croyances religieuses et il pousse plus globalement les femmes à se montrer moins dévotes et moins féminines[17]Dans le film, la croyante qui s’enrôlait avec le plus de conviction est forcée à assurer des tours de garde seule avec un homme, ne peut finir ses prières après ses repas et abandonne petit à … Continue reading. Singulièrement, Hotam dédie une section entière de ses activités aux politiques visant à convaincre les croyantes de ne pas s’enrôler. Il diffuse encore aujourd’hui de courts films et autres supports dans les médias sociaux à cet effet.

Autre exemple : dans un pamphlet publié par Hotam encourageant les femmes à ne pas s’engager, deux catégories d’arguments furent avancées[18]Ben David, Eyal (n.d.), Bat Chayil (n.p) [en ligne] … Continue reading. Tout d’abord, le service militaire n’est pas un lieu pour les femmes croyantes. L’enrôlement est un stratagème libéral-féministe pour séculariser les femmes dévotes. Deuxièmement, les féministes sont des tenantes de positions libérales qui veulent affaiblir les FDI et affaiblir ses rangs au combat, c’est pourquoi elles encouragent l’intégration des femmes dans ses unités. Les femmes ne sont pas utiles dans l’armée. Par conséquent, les publications féministes sur le sujet sont ridicules et affectent la sécurité du pays. L’armée n’est pas un lieu approprié pour les femmes, peu importe que celles-ci soient persuadées d’aider les FDI. En réalité, elles se nuisent à elles-mêmes et pénalisent l’armée – même lorsqu’elles s’engagent dans des fonctions non-combattantes. En d’autres mots, le pamphlet utilise des arguments religieux et fonctionnels.

Un autre pamphlet publié à la même époque inclut de courts articles de responsables de yeshivot and mechinot publié par LIBA[19]Libayehudit.org – l’organisation se présente elle-même comme visant à « renforcer l’identité juive de l’État d’Israël », soulignant les aspects halakhiques du judaïsme et essayant … Continue reading, évoquant l’intégration des femmes dans des postes de combat. Ce pamphlet renforça à la fois les arguments fonctionnels et religieux, évoquant hommes et femmes dévots, et utilisant toute la palette possible d’arguments contre les femmes engagées au combat pour appuyer sa position.

Un autre support à la critique contre l’engagement militaire des femmes relève de publications plus spécialisées, principalement le journal BeSheva publié le week-end et les pamphlets distribués aux sorties de synagogues chaque week-end, censés être la Parasha de la semaine (dapei parashat shavua), mais qui en réalité s’apparentent davantage à des journaux. Les pamphlets incluent des responsa sur des sujets variés, des articles de personnalités religieuses et des nouvelles en lien avec des thématiques religio-nationalistes. L’un des sujets qui revient régulièrement concerne le comportement des soldats orthodoxes au sein des FID. Parmi les thèmes abordés figure la façon dont les officiers non-croyants traitent les soldats observants et – naturellement – la mixité des bataillons. Sur ces thématiques, les pamphlets se concentrent habituellement sur les soldats orthodoxes et sur le fait que cela est perçu comme une violation de leurs droits religieux[20]Par exemple : Shvi’i, 24 Janvier 2020, p.12. Toutes ces publications montrent à quel point l’engagement militaire des femmes peut préoccuper les croyants les plus orthodoxes.

En soulignant à quel point il est important que les femmes restent éloignées de l’armée, les institutions religieuses alertent sur les conséquences, qu’elles soient externes ou internes. Les femmes ne peuvent en aucun cas servir en uniforme ; celles qui combattent nuisent aux FDI et plus globalement à la nation. L’argument peut être mis en avant parce que ces personnalités religieuses craignent d’avoir perdu la bataille concernant l’enrôlement des femmes dans l’armée dans leur propre camp, puisque les croyantes se mobilisent ; ils se lancent dans une ultime tentative de dissuader l’engagement des femmes et se préparent à la critique de soldates croyantes, afin de s’assurer que la ligne de combat ne sera jamais franchie[21]L’ambition de cet article n’est pas de proposer une analyse approfondie de ce phénomène. Pour plus de détails voir E. Rosman-Stollman, op.cit., 2018. .

La question de l’engagement militaire des femmes indique que le conflit avec le sionisme religieux au sujet de leur conscription s’est diffusé au sein même de l’armée. Dans une tentative de contrôle de leur enrôlement, la question des femmes au combat joue un rôle interne. En donnant l’impression de discuter d’une thématique marginale, les rabbins peuvent insister sur le côté nuisible de l’engagement féminin et décourager les croyantes de s’enrôler.

Singulièrement, alors que les débats se concentrent sur l’engagement militaire des femmes, ils ne s’attardent pas sur les femmes occupant des postes non-combattants. L’ensemble des arguments qui dénoncent l’engagement militaire féminin dans des rôles non-combattants soulignent que les femmes sont inaptes au service dans de telles fonctions. De la même façon, il n’y a presque aucun intérêt porté aux hommes qui travaillent à des missions éloignées des postes de combat et à leur relation avec les femmes aux côtés desquelles ils exercent.

Les problématiques religieuses sont beaucoup plus présentes dans les débats liés aux situations non-combattantes, mais les rabbins ne s’attardent pas sur celles-ci. Dans l’un des très rares textes rabbiniques relevant les difficultés halakhiques auxquelles font face les soldats non affectés aux postes de combat, sur les plus de 500 pages que comporte l’ouvrage, seule une section évoque le service aux côtés de femmes[22] S. Weinberger et B. Amichai (dir.), The Frontlines behind the Lines, Beit El, Sifriyat Beit El, 2007.. Les 5 courts chapitres de la section tentent au mieux d’aider les soldats non-combattants et d’apaiser leur conscience. Il n’y a aucune tentative de les convaincre de trouver un autre poste, dans lesquels ils pourraient éviter tout contact avec des femmes.

Discussion

Au sein des forces de défense israéliennes, les postes non-combattants incluent de nombreuses fonctions où exercent hommes et femmes : les soldats orthodoxes qui servent dans des postes de renseignement, par exemple, travailleront certainement aux côtés de femmes, restant souvent de longues heures à leurs côtés dans des pièces fermées. Ils doivent exercer ensemble durant des nuits entières de garde, en permettant parfois le travail commun d’un seul homme et d’une seule femme dans une même pièce. En termes halakhiques, un tel service peut être plus problématique que de se trouver dans le même véhicule blindé qu’une femme. Les soldats orthodoxes occupent de tels postes et leurs rabbins le savent pertinemment. Cela soulève la question suivante : pourquoi les considérations religieuses, entendues lorsqu’elles portent sur les postes de combat, ne le sont plus dans le cas des fonctions non-combattantes ? Peut-être cela est-ce dû au faible nombre d’étudiants du programme de formation militaire qui servent dans des positions non-combattantes. Sur les environs 2600 étudiants qui se mobilisent chaque année au sein de ces programmes (mechinot et yeshivot hesder), environ 20% servent dans des postes non-combattants[23]Entretien mené avec Leizer (Eliezer) Deutsch, directeur adjoint de l’association Hesder yeshivot (Igud yeshivot haHesder), 23 décembre 2010.. Peut-être que ce faible nombre n’est pas suffisant pour susciter l’attention des rabbins. Cependant, cela semble être une conclusion peu satisfaisante : ces faibles pourcentages ne méritent-ils pas l’attention halakhique ?

Une autre explication possible est que l’engagement à des postes non-combattants n’est pas aussi intensif que sur les postes opérationnels. Hommes et femmes n’ont pas à partager leur habitat (salle de bain par exemple) lorsqu’ils travaillent ensemble. Pourtant, comme expliqué précédemment, les emplois à des postes non-opérationnels supposent davantage de contacts rapprochés entre le personnel que les fonctions de combat. Les lois du Yichud s’appliquent certainement davantage aux situations non-combattantes. Il semble ainsi que d’autres explications doivent être avancées pour expliquer ce phénomène.

Une autre clé explicative peut être que les institutions religieuses n’ont pas conscience des difficultés au regard de la Halakha que posent les missions mixtes dans des postes non-combattants. Cela peut être vrai pour certains rabbins, mais sans doute pas pour tous. Il semble en effet que nombre de rabbins ont conscience des problèmes existants, mais ils préfèrent ne pas en débattre.

Un autre point est que les responsables des programmes de formation craignent que s’ils essaient de négocier avec les FDI pour mettre en place un engagement unisexe dans les postes les plus prestigieux (tels que le renseignement) pour leurs étudiants masculins, ils perdront la possibilité de recruter des étudiants pour les fonctions militaires plus « simples ». Les FDI préfèreraient probablement conserver les femmes à ces postes et muter les hommes vers des fonctions militaires moins prestigieuses. Il serait possible pour les FDI de décider que des services unisexes seraient limités à certains postes militaires, tels que le rabbinat militaire, et que d’autres fonctions nécessiteraient un fonctionnement mixte. Ils préfèrent ainsi ne pas soulever de difficultés et acceptent que leurs étudiants se trouvent dans des situations compromettantes au regard de la Halakha. Puisque ces étudiants sont minoritaires, et que la plupart d’entre eux exercent des rôles combattants, peut-être qu’il s’agit d’un sacrifice auquel les responsables du programme sont prêts à consentir.

Il apparaît alors que les arguments d’ordre religieux – comme tout autre argument – peut être utilisé de façon opportune selon les moments et les situations.

Cette conclusion peut mieux se comprendre quand on analyse parallèlement la façon dont les institutions religieuses perçoivent les soldates. Comme indiqué dans des recherches précédemment menées[24]E. Rosman, op.cit. 2018., les soldates gagnent lentement en légitimité. Alors que par le passé, les femmes orthodoxes qui s’enrôlaient étaient mal vues et payaient le prix social d’un tel choix, il est devenu bien plus accepté que des femmes croyantes et pratiquantes revêtent l’uniforme. Alors que les institutions religieuses s’opposent toujours à l’engagement militaire des femmes, dans de nombreux cas, il semble que le changement poussé par le bas ait été accepté, par une prise de conscience que cette bataille ne pouvait pas être gagnée. La rhétorique publique dénonce les croyants qui s’engagent dans les FDI, mais en pratique, aucune sanction sociale ne s’exerce contre les femmes qui entrent dans l’armée, contraignant les opposants à leur engagement à recourir aux pamphlets décrits auparavant.

Il semble que pour la plupart des leaders religieux, les raisons de s’opposer à la présence de femmes sur le champ de bataille sont avant tout internes. Alors que cela peut être appréhendé comme un problème culturel, et non religieux, certains soldats eux-mêmes l’analysent à partir d’une réflexion halakhique orthodoxe. Servir au sein des FDI, une institution laïque très éloignée de leur vie de civils, est suffisamment difficile pour ces hommes pour ne pas y ajouter l’éventualité d’un travail au contact de femmes.

Une autre explication à la critique de la présence de femmes au sein des FDI en général, et à des postes combattants en particulier, est de favoriser le renoncement à l’enrôlement de celles-ci. Les orthodoxes espèrent ici qu’en réalisant à quel point l’engagement militaire féminin est contraire au courant dominant (ou perçu comme tel), les femmes orthodoxes « s’y prendront à deux fois » avant de s’enrôler. Si elles le font malgré tout, elles ne franchiront pas la limite de l’engagement à des postes de combats afin de conserver un peu de légitimité et de dignité.

Conclusion

De la même façon que King[25]C. King & C. Anthony, op. cit. , Epstein et Heled[26]Y. Epstein and Y. Heled, op.cit. le soulignent, l’enjeu soulevé par l’engagement militaire des femmes, particulièrement dans des postes opérationnels, est avant tout un problème socio-politique. La plupart du temps, les opposants à l’engagement des femmes dans des missions de combat le font au regard de justifications sociales et des préjudices causés pour la société[27]A. Harel-Shalev & S. Daphna-Tekoah, Breaking the Binaries in Security Studies: A Gendered Analysis of Women in Combat, Oxford University Press, 2019.. Lorsque l’on soulève le problème de l’enrôlement féminin, de nombreuses considérations entrent en jeu, parmi lesquels figurent aussi les réflexions d’ordre religieux.

Il est également important de relever que, de même que les considérations d’ordre fonctionnel sont évolutives et soumises à des influences socio-politiques, les arguments religieux ne sont pas aussi rigides qu’ils paraissent parfois l’être. Les hommes orthodoxes exercent aux côtés de femmes dans des postes non-combattants. Ceux-ci ne sont pas moins problématiques que des postes opérationnels au regard de la Halakha. Un tel comportement ne peut s’appréhender uniquement en termes halakhiques. Par conséquent, les soldats orthodoxes servent à des postes de renseignement, malgré les difficultés que cela pose au regard de la Halakha.

Il semble que dans le cas des FDI, les arguments religieux répondent à deux objectifs. Ils résultent de tension intra-confessionnelles qui déteignent sur l’armée, et ils constituent un moyen de faire entendre les vues patriarcales énoncées comme des droits. Il ne s’agit pas de dire que les soldats religieux ne trouvent pas cela difficile culturellement et au regard de la Halakha de travailler aux côtés de femmes. La réalité des unités mixtes est l’une de celle que les soldats orthodoxes (femmes et hommes) considèrent comme profondément problématique, et des solutions doivent être trouvées, aussi longtemps que les FDI resteront une armée dont le recrutement se fonde sur la conscription.

Notes

Notes
1 E. Rosman-Stollman, For God and Country?: Religious Student-soldiers in the Israel Defense Forces, University of Texas Press, 2014.
2 De nombreux travaux scientifiques ou semi-académiques ont d’ailleurs étudié cette question, tels que : H. Carreiras, Gender and the military: Women in the armed forces of western democracies, Routledge, 2006 ; M. MacKenzie, Beyond the band of brothers: The US military and the myth that women can't fight, Cambridge University Press, 2015 ; C. King & C. Anthony, « The female soldier », Parameters, 43(2), 13, 2013 ; Y. Epstein & Y. Heled, « Integrating Women in Combat: The Physiological Aspect », Maarchot, 460, 2014, pp. 44-49 [Hébreu] ; R. Sagi, « Chalomot baAsfamia », Maarachot, 457, October 2014, pp. 70-72 ; U. Ben‐Shalom, E. Lewin & S. Engel, « Organizational processes and gender integration in operational military units: An Israel Defense Forces case study », Gender, Work & Organization, 26 (9), 2019, pp. 1289-1303.
3 Pour une explication complète des fondements halakhiques du service militaire des hommes et des femmes, se référer à S. A. Cohen, The Scroll or the Sword?: Dilemmas of Religion and Military Service in Israel, Amsterdam, Harwood, 1997 et E. Rosman-Stollman, « Women of Valor: The Garin Program and the Israel Defense Forces », Israel Studies, Vol. 14, 2, 2009, pp.158-176.
4 Pour approfondir la question, se référer à M. HaHar & R. Shlomo, « Women in Obligatory War », Tchumin, 4, 1983, pp. 68-78 [Hébreu] ; Y. Shaviv, Rabb, « Women in Obligatory War » [en hébreu], Tchumin, 4, 1994, pp. 79-89 ; Y. Cohen, Women’s Conscription and National Service: A Halakhic Inquiry, 3rd ed. The Religious Kibbutz: Ne’emanei Torah Va’Avoda (en hébreu).
5 R.Y. Shaviv, Rabbi Yehuda, « Women in Obligatory War », Tchumin, 4, pp. 79–89 (en hébreu) ; Rabbi Shlomo Min-HaHar, « Women in Obligatory War », Tchumin, 4, 1983, pp. 68–78 (en hébreu).
6 Pour une description de la question de la présence des femmes au sein des FDI, la question de yichud et des femmes chantant en public, voir Cohen, Asher & Susser, Bernard, « Women Singing, Cadets Leaving », Civil-Military Relations in Israel, 2014, pp. 127-45.
7 Segev Commission Report 2007.
8 Cela est perceptible, entre autres exemples, dans la réponse de l’État à la pétition lancée par Alice Miller auprès de la Cour Suprême, concernant le service des femmes en tant que pilotes ; voir Alice Miller vs. The Minister of Defense and others, 4541/94.
Voir Abramson and others vs. The Minister of Defense and others 5923/19 ; Osnat Levy and others vs. The Minister of Defense and others 34/20.
9 Depuis, le programme a été réinstauré.
10 R. Sagi, op.cit. Il est intéressant de noter que Sagi est un orateur populaire, invité à débattre de ce sujet lors de séminaires des formations militaires (mechinot). En général, il semble que ceux-ci s’opposent au service de femmes dans des postes de combat.
11 A. Greenstein, Arik, « What you need to ask yourself before you get in a tank », Mida, 22, 2016. [En ligne] https://mida.org.il/2016/11/22/%D7%9E%D7%94-%D7%90%D7%AA-%D7%97%D7%99%D7%99%D7%91%D7%AA-%D7%9C%D7%A9%D7%90%D7%95%D7%9C-%D7%90%D7%AA-%D7%A2%D7%A6%D7%9E%D7%9A-%D7%9C%D7%A4%D7%A0%D7%99-%D7%A9%D7%90%D7%AA-%D7%A0%D7%9B%D7%A0%D7%A1%D7%AA/, consulté en avril 2019 [Hébreu].
12 Pour une réflexion sur les arguments halakhiques en faveur ou en défaveur de la conscription, voir E. Rosman-Stollman, 2014, op. cit. ; E. Rosman-Stollman, « (Not) Becoming the Norm: Military Service by Religious IsraeliWomen as a Process of Social Legitimation », Israel Studies Review, 33, 2018, pp. 42–60.
13 Le programme des Hesder yeshivot combine les études religieuses avec le service militaire proprement dit. Il dure cinq années pour les appelés. Ndlt
14 Yeshiva réputée pour l’excellence de sa formation. Ndlt.
15 Voir le site de Hotam : https://www.chotam.org.il/%D7%A2%D7%9C-%D7%A1%D7%93%D7%A8-%D7%94%D7%99%D7%95%D7%9D/%D7%92%D7%99%D7%95%D7%A1-%D7%91%D7%A0%D7%95%D7%AA-%D7%93%D7%AA%D7%99%D7%95%D7%AA-%D7%9C%D7%A6%D7%91%D7%90/ (consulté le 13 mars 2022).
16 Hotam, « Film against Religious Women’s Military Service », site Youtube d’Hotam: [en ligne] https://www.youtube.com/watch?v=heA1IpTNwwg, consulté en juin 2020.
17 Dans le film, la croyante qui s’enrôlait avec le plus de conviction est forcée à assurer des tours de garde seule avec un homme, ne peut finir ses prières après ses repas et abandonne petit à petit ses principes religieux.
18 Ben David, Eyal (n.d.), Bat Chayil (n.p) [en ligne] https://www.chotam.org.il/%D7%97%D7%A0%D7%95%D7%AA/%D7%A1%D7%A4%D7%A8%D7%99%D7%9D-%D7%95%D7%97%D7%95%D7%91%D7%A8%D7%95%D7%AA-%D7%91%D7%94%D7%95%D7%A6%D7%90%D7%AA-%D7%97%D7%95%D7%AA%D7%9D/%D7%97%D7%95%D7%91%D7%A8%D7%AA-%D7%91%D7%AA-%D7%97%D7%99%D7%9C/, (consulté en juin 2020) [Hébreu].
19 Libayehudit.org – l’organisation se présente elle-même comme visant à « renforcer l’identité juive de l’État d’Israël », soulignant les aspects halakhiques du judaïsme et essayant de démontrer de quelle façon ceux-ci sont importants dans la vie actuelle des Israéliens.
20 Par exemple : Shvi’i, 24 Janvier 2020, p.12
21 L’ambition de cet article n’est pas de proposer une analyse approfondie de ce phénomène. Pour plus de détails voir E. Rosman-Stollman, op.cit., 2018.
22 S. Weinberger et B. Amichai (dir.), The Frontlines behind the Lines, Beit El, Sifriyat Beit El, 2007.
23 Entretien mené avec Leizer (Eliezer) Deutsch, directeur adjoint de l’association Hesder yeshivot (Igud yeshivot haHesder), 23 décembre 2010.
24 E. Rosman, op.cit. 2018.
25 C. King & C. Anthony, op. cit.
26 Y. Epstein and Y. Heled, op.cit.
27 A. Harel-Shalev & S. Daphna-Tekoah, Breaking the Binaries in Security Studies: A Gendered Analysis of Women in Combat, Oxford University Press, 2019.
Pour citer ce document :
Elisheva Rosman-Stollman, "Quand des considérations religieuses croisent l’enrôlement des femmes : l’exemple des forces de défense israéliennes (FDI) – Version française". Bulletin de l'Observatoire international du religieux N°36 [en ligne], mars 2022. https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/quand-des-considerations-religieuses-croisent-lenrolement-des-femmes-lexemple-des-forces-de-defense-israeliennes-fdi/
Bulletin
Numéro : 36
mars 2022

Sommaire du n°36

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Auteur.e.s

Elisheva Rosman-Stollman, professeure associée au département d’études politiques de l’Université de Bar Ilan (Israël), Directrice de l’Argov Center for the Study of Israel and the Jewish People

Texte traduit par Anne Lancien

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