Bulletin N°37

mai 2022

Union européenne, religion et conflit dans un contexte mondialisé – version française

Jeffrey Haynes

L'implication de l'Union européenne (UE) dans les questions soulevées par la relation entre religion et conflits a désormais une portée mondiale. Après avoir considéré le religieux comme un problème qu’il fallait néanmoins garder à distance, l’UE reconnaît désormais, pour différentes raisons, qu’il est vain de l’ignorer ou de souhaiter sa disparition. Dans un premier temps, l’UE a adopté l’approche du gouvernement américain, selon laquelle la religion est un droit humain fondamental qui doit être protégé. Dans un second temps, depuis le 11 septembre 2001, l’Europe a perçu dans l’islam extrémiste et violent un danger civilisationnel majeur menaçant sa sécurité. Troisièmement, le Printemps arabe de 2011, qui a déstabilisé le Moyen Orient et l’Afrique du Nord (MOAN), a eu d’importantes répercussions sur la sécurité de l’Europe. Cela inclut les tentatives d’entrer sur le territoire européen de centaines de milliers de réfugiés de Syrie et d’autres sites sensibles de la région en 2015, migrants qui percevaient l’Europe comme un véritable refuge. Cet article évalue donc l’impact des préoccupations internationales en matière de liberté religieuse, les conséquences du 11 septembre 2001 et les incidences du Printemps arabe sur l’engagement international de l’UE sur les questions liant religion et conflit.

L’Union européenne et la religion : un partenariat difficile

Le prisme séculaire originel de l’Union européenne s’est traduit par une réticence des principales institutions de l’UE, notamment la Commission et le Parlement européen, à traiter avec des acteurs confessionnels.  La réserve des décideurs politiques de l’UE à être en relation avec ces derniers souligne l’importance de l’idéologie traditionnellement séculière de l’UE, qui se reflète dans sa diplomatie, dans ses décisions politiques et dans leur exécution. Les choses ont commencé à changer lors de la présidence de Jacques Delors à la Commission européenne (1985-1995). Delors souhaitait établir « des voies de “dialogue“ entre l’UE et des acteurs confessionnels sélectionnés, partageant les normes et les valeurs de l’UE ». En suivant l’exemple de Delors, plusieurs initiatives ont été lancées vers la fin des années 1990 pour interagir institutionnellement avec des entités confessionnelles. Ce changement politique a été « principalement motivé par les agendas politiques des différents présidents de la Commission[1]Sergio Carrera & Joanna Parkin, « The place of religion in European Union law and policy. Competing approaches and actors inside the European Commission », RELIGARE Working Document No. 1, … Continue reading ».

Alors que l’UE est depuis longtemps en contact avec des ONG séculières[2]Défini ici comme un groupe privé non-lucratif et non-gouvernemental, aux préoccupations et intérêts spécifiques délimités., un changement politique important s’est produit dans les années 2000, en faveur d’un dialogue avec certaines organisations confessionnelles (OCs). Cette démarche reflétait le désir de l’Union de construire et renforcer son soft power, en s’appuyant sur les valeurs partagées par les États membres : démocratie, droits de l’homme, État de droit et économie de marché. L’UE cherche ainsi à s’engager de façon soutenue avec des OCs qui partagent ces principes, car leur engagement idéologique en faveur des valeurs fondamentales de l’UE est vu comme un atout précieux pour l’établissement d’une présence de l’UE à l’échelle internationale. Les OCs basées dans l’Union ont souvent des objectifs et des activités transnationales, élargissant leur champ d’action depuis les forums nationaux, aux tribunes régionales et internationales – y compris les Nations Unies. Leur objectif est d’influer sur les politiques publiques, y compris celles qui ont pour but de protéger et de faire avancer la liberté religieuse à l’échelle internationale[3]Ronan McCrea, Religion and the Public Order of the European Union, Oxford, Oxford University Press, 2010.. En bref, l’UE interagit désormais régulièrement avec des OCs « aux idées convergentes », pour essayer de développer une gouvernance et des politiques publiques régionales. Les OCs apportent en ce sens une attention soutenue à l’éthique et la morale, ce qui, pour beaucoup, manquait aux politiques et aux programmes européens[4]Freidricke Böllman, « How many roads lead to Brussels?: the political mobilisation of religious organisations within the European public sphere », in Lucian N. Leustean (ed.), Representing … Continue reading.

Malgré les efforts déployés pour échanger avec cohérence avec les OCs et autres acteurs religieux, en juillet 2010, Herman van Rompuy, alors président du Conseil européen, déclara que l’UE était une organisation « séculière ». D’un autre côté, van Rompuy a ajouté que l’UE devait revêtir une « dimension morale », sous-entendant peut-être qu’il est souhaitable que ses politiques et programmes tiennent compte des « apports spirituels et religieux ». Il poursuivit en affirmant que « l’Union européenne doit être une union de valeurs. C’est notre plus-value à l’échelle internationale. C’est le soft power de l’Europe dans le monde[5]Andrea Swalec, « Religious leaders and the EU take tentative first steps », Global News Journal, 23 July 2010. [En ligne] … Continue reading ». Comment expliquer l’affirmation de van Rompuy selon laquelle l’UE « doit » être un acteur moral, qui s’appuie sur ses fondements historiques, ses attributs culturels, et qui reflète un « apport spirituels et religieux » ? Van Rompuy attache de l’importance aux « valeurs » dans la constitution d’un soft power européen, insinuant que la foi peut apporter une contribution significative à ce sujet. L’apport de M. Van Rompuy à cet égard n'est pas le seul à provenir d'une source européenne faisant autorité. Trois années auparavant, en septembre 2007, le président de la Commission européenne d’alors, José Barroso, avait souligné l’importance de passer d'une « communauté d'intérêts à une communauté de valeurs et a demandé le soutien des organisations confessionnelles dans ce processus[6]Pieterjan de Vlieger & Irina Tananescu, « Changing forms of interactions between the European Commission and interest groups: The case of religious lobbying », Journal of European … Continue reading ». Les préoccupations de van Rompuy et Barroso ont été prises en compte dans le traité de Lisbonne en 2007, qui déclare : « Reconnaissant leur identité et leur contribution particulière, l’Union devra maintenir un dialogue ouvert, transparent et régulier avec ces Églises et organisations[7]Traité de Lisbonne, 2007, Article 15b.3. ».

Aujourd’hui, l’UE a des liens réguliers avec des dizaines d’organisations confessionnelles. En 2012, Leustean identifiait 120 organismes religieux et “convictionnels” « en dialogue avec les institutions européennes ». Sur ces 120, deux tiers (soit 80) sont des entités chrétiennes : 39 (33%) sont des “organismes catholiques”, et 41 (34%) sont des “organismes chrétiens autres”. De plus, il y a 17 OCs non chrétiennes « en dialogue avec les institutions européennes » : huit (7%) juives, quatre (3%) musulmanes, trois (2,5% chacun) bouddhistes, une hindoue et une entité Bahá'í. Enfin, il y a 20 (17%) “organismes convictionnels”, soit des entités “humanistes, laïques et franc-maçonnes” qui interagissent régulièrement avec l’UE[8]Lucian N. Leustean, « Does God Matter in the European Union? » dans Lucian N. Leustean (ed.), Representing Religion in the European Union. Does God Matter?, London, Routledge, 2012, pp. 1-32.. En somme, la plupart des 120 entités religieuses et “convictionnelles” relevées en 2012 étaient chrétiennes, reflétant la principale tradition historique, religieuse et culturelle de l’Europe. Cela n’est pas surprenant étant donné que tous les États membres de l’UE trouvent leurs racines historiques et culturelles dans diverses expressions du christianisme.

En résumé, la gouvernance et la politique publique de l’UE sont influencées par des questions d’ordre à la fois moral et éthique, avec parfois des accents religieux, et plus spécifiquement chrétiens. L’objectif principal de l’UE est ainsi d’accroître son soft power à l’échelle internationale, en matière de démocratie, de droits de l’homme, d’État de droit et d’économie de marché.

Religion et conflit dans une perspective mondiale

L’UE est préoccupée par la multiplication des conflits religieux dans le monde, particulièrement ceux impliquant l’islam politique. Ceci ne signifie pas que l’islam, ou la religion en général, est intrinsèquement violent, ou que les fidèles sont enclins à la violence. Au contraire, les croyants, y compris les musulmans, considèrent généralement leur expression religieuse comme bienveillante et inspirante. Parfois cependant, les croyants, de même que leur foi, sont liés à la violence et au conflit, à la fois entre et à l’intérieur de groupes religieux. Les attaques notoires d’Al Qaïda contre les États-Unis le 11 septembre 2011 (« 11/9 ») en constituent l’un des plus manifestes exemples récents. Même si le 11 septembre s’est déroulé il y a plus de 20 ans, ses répercussions sur le long terme sont d’une grande importance sur la façon dont l’Occident, y compris l’UE, appréhende désormais la religion[9]Jeffrey Haynes, From Huntington to Trump: Thirty Years of the Clash of Civilizations, Lanham, Lexington Books, 2019..

Les chercheurs et responsables politiques s’intéressent de plus en plus à la relation entre religion et conflit. Cela signifie que, plus généralement, la religion revient de façon remarquable au-devant des préoccupations de la sociologie, de la science politique et des relations internationales. Trompant les attentes des tenants de la sécularisation, la religion a une forte signification – beaucoup la pensent croissante – comme fondement identitaire majeure pour des millions de personnes dans le monde. Ainsi, les croyants et les OCs, vecteurs et interlocuteurs importants des idées religieuses, jouent un rôle notable dans de nombreuses sociétés, ainsi qu’à l’échelle internationale. Cette importance accrue du fait religieux s'inscrit dans le contexte d'une religion qui agit à la fois comme source de conflit et outil de résolution des tensions, de rétablissement et de maintien de la paix. D’un côté, beaucoup voient la religion comme une source importante de haine sociétale, au cœur de nombreux conflits politiques mais pas seulement, dans le sud de notre monde. Pourtant, il est également prouvé que les dirigeants, les acteurs et les institutions religieux peuvent jouer un rôle très constructif pour aider à mettre fin à la violence et, dans certains cas, à construire la paix – au travers d’alertes précoces au conflit, de bons offices une fois les hostilités déclenchées, ainsi qu’à travers des plaidoyers, des médiations et des processus de réconciliation visant à rétablir la paix. En bref, toute discussion sur la relation entre religion et conflit doit nécessairement souligner que la religion peut encourager à la fois le conflit et la paix, à travers les actions des personnes collectivement imprégnées d’idéaux religieux.

Il n’existe pas de modèle théorique simple et élégant qui nous permettrait d’analyser correctement tous les cas pertinents d’implication du religieux dans les conflits, le rétablissement et le maintien de la paix, tant en ce qui concerne l’UE que plus généralement. Nous pouvons toutefois noter que cette incidence du religieux peut être de plus en plus perçue comme liée à ce que l’on pourrait appeler les questions de ‘bonne gouvernance’, à leur tour reliées aux multiples impacts de la mondialisation sur les pays du monde. La mondialisation récente et actuelle – caractérisée par des effets économiques, politiques, culturels et technologiques souvent déstabilisants – permet de souligner les enjeux soulevés par le religieux, notamment en fragilisant les divers systèmes de valeurs traditionnels. L’une des conséquences de l’impact de la mondialisation est que de nombreuses personnes semblent être de plus en plus désorientées et perdues, et, en réponse, la religion apparaît comme le moyen et le point focal de résolution de cette angoisse existentielle. Ces individus peuvent trouver dans la religion une source de réconfort, de sérénité, de stabilité et d’élévation spirituelle. D’autres peuvent également faire l’expérience d’un sentiment d’identité nouveau ou renouvelé, qui non seulement apporte un sens et une finalité à la vie des croyants, mais peut aussi contribuer à la concurrence et aux conflits interreligieux.

La mondialisation entraîne une hausse considérable des interactions entre les peuples et les communautés. Les rencontres entre différentes traditions religieuses sont fréquentes – même si elles ne sont pas toujours paisibles. Les conflits entre les peuples, les sociétés, les classes et les nations sont toujours plus définis en termes religieux. Ce genre de conflits peut prendre des proportions “plus grandes que nature”, révélant des luttes existentielles entre le “bien” et le “mal”. Cette évolution se déroule au sein de plusieurs pays et régions, comme les États-Unis, Israël et l’Europe, via les “guerres de culture” entre les religieux et les non-croyants. Alors que les origines de ces guerres culturelles sont diverses et souvent complexes, les perceptions religieuses du monde peuvent encourager des allégeances et des normes différentes de celles des laïques sur divers sujets, tels que la famille, la loi, l’éducation et la politique[10]Jeffrey Haynes, Trump and the Politics of Neo-Nationalism: The Christian Right and Secular Nationalism in America, London, Routledge, 2021..

En somme, les conflits peuvent avoir des dimensions religieuses, où les différences réelles ou perçues sont à l'origine de la haine et de la violence qui les accompagnent. Les acteurs religieux peuvent être des “anges de la paix” comme des “va-t-en-guerre”. Appleby identifie cette ambivalence du facteur religieux au sein des conflits, en expliquant que la relation de la religion à la violence est confuse, et peut être exprimée de différentes façons[11]Scott R. Appleby, The Ambivalence of the Sacred: Religion, Violence, and Reconciliation, New York, Rowman & Littlefield, 2000.. L’incohérence de la relation entre religion et hostilités apparaît clairement lorsque l’on réfléchit au rôle actuel du religieux dans les conflits. Par exemple, l'instabilité, l'insécurité et la violence généralisées dans la région du MOAN, en Afrique, en Asie et dans d'autres parties du Sud du monde sont fréquemment associées à des conflits religieux. Pourtant, dans la plupart des cas, les tensions religieuses qui dégénèrent en conflit sont liées à des problématiques non-religieuses, notamment l’ethnicité, le genre, la culture, les classes sociales, le pouvoir et la richesse. De telles tensions peuvent se manifester au sein des pays, par exemple en Irlande du Nord, en Égypte, au Nigéria, aux Fidji, à Chypre, au Sri Lanka, et/ou entre eux, comme entre l’Inde et le Pakistan, ou Israël et la Palestine, ou encore dans des régions entières comme le MOAN, dans le contexte du Printemps arabe de 2011.

L’UE et la liberté religieuse à l’échelle internationale

La liberté religieuse à l’échelle internationale (LRI), tout comme le rapport entre religion et conflits, constitue un enjeu mondialisé, émergeant ces dernières années comme une préoccupation majeure pour les groupes religieux et séculiers de défense des droits humains, spécialement aux États-Unis et parmi les États membres de l’UE[12]Jeffrey Haynes, « Religion and a human rights culture in America », The Review of Faith & International Affairs, vol. 6 (2), 2008, pp. 73-82.. Aux États-Unis, l’administration Clinton (1993-2001) était au départ indifférente aux problèmes de LRI, non parce qu’elle pensait qu’ils étaient insignifiants, mais parce qu’elle ne les considérait pas comme pas prioritaires dans la politique étrangère américaine[13]Thomas Farr, World of Faith and Freedom: Why International Religious Liberty Is Vital to American National Security, Oxford, Oxford University Press, 2008.. Les choses changèrent dans les années 1990, lorsqu’une alliance de groupes de défense des droits humains fit pression avec succès sur le Congrès et auprès d’autres instances gouvernementales, pour faire de la liberté religieuse une priorité de la politique étrangère. Cédant à la pression, le président Bill Clinton signa la loi sur la liberté religieuse dans le monde (International Religious Freedom Act, IRFA) en 1998. L’IRFA identifiait la liberté religieuse à l’échelle internationale comme une facette essentielle de la politique étrangère américaine. Les administrations successives poursuivirent cette politique, et avec le temps, d’autres gouvernements occidentaux ont aussi donné la priorité à la liberté religieuse dans le monde, une politique également suivie par l’UE.

Il existe différentes opinions concernant la LRI. Le résumé de Tom Farr sur l'opportunité morale et éthique de la LRI est une analyse réfléchie qui mérite une large attention. En 1999, Tom Farr est devenu le premier directeur du Bureau de la liberté religieuse dans le monde au département des Affaires étrangères américain. Actuellement (juillet 2020), il est président du Religious Freedom Institute, une ONG qui vise à ce que la liberté religieuse soit mondialement acceptée[14]Thomas Farr, World of Faith and Freedom: Why International Religious Liberty Is Vital to American National Security, Oxford, Oxford University Press, 2008.. Il explique que promouvoir la liberté religieuse à travers le monde n’est pas seulement une bonne chose en soi. C’est aussi une composante nécessaire d'une politique étrangère qui se veut à la fois juste et éthique. Hurd considère que la politique américaine de défense de la liberté religieuse dans le monde a été conçue pour aider les États-Unis dans leur tentative d’hégémonie internationale, au moyen d’une ‘liste approuvée‘ de minorités religieuses que les États-Unis aident – sans se préoccuper de celles qui ne figurent pas sur celle-ci. Elle avance également que la protection des droits des minorités religieuses est « devenue virale », et que « le mandat bonne religion-mauvaise religion est devenu une industrie[15]Elizabeth Shakman Hurd, Beyond Religious Freedom. The New Global Politics of Religion, Princeton, Princeton University Press, 2015, 5-35. ». Joustra affirme que ce dont Hurd n’est pas satisfaite n’est pas « la religion, ou la liberté religieuse, mais bien le projet du libéralisme ». En d'autres termes, la protection de la liberté religieuse dans le monde est un projet du libéralisme, au même titre que d'autres droits de l'homme tels que la démocratie, l'égalité et les droits des minorités[16]Robert Joustra, « Is the problem really religious freedom? », The Review of Faith & International Affairs, vol. 14, 2016, pp. 129–33..

L’UE est confrontée à des questions similaires concernant la liberté religieuse à l’échelle internationale, notamment : À quoi sert-elle ? À promouvoir la liberté religieuse comme une bonne chose en soi ? Ou s’agit-il avant tout d’un moyen d’accroître le soft power de l’UE pour promouvoir des objectifs plus larges : la démocratie libérale, les droits humains et l’économie de marché ? L’UE défend la liberté de religion et de conviction comme une valeur fondamentale, la considérant comme un élément essentiel des sociétés pacifiques et résilientes. L’article 10 de la Charte des droits fondamentaux de l’UE, ratifiée en décembre 2000, déclare que chacun a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Cela comprend la liberté de rendre visible ou de changer de religion ou de conviction, en insistant sur le culte, l’enseignement, la pratique et l’observance. Fondé en 2019, le projet européen d’Échange mondial sur la religion dans la société (le GERIS) souligne l’intérêt d’impliquer des acteurs religieux “approuvés” en ce qui concerne la liberté religieuse et ses conséquences pour la cohésion sociale. En 2021, les conclusions du Conseil de l’UE sur une approche européenne en matière de patrimoine culturel dans les conflits et les crises a souligné l’importance du dialogue interreligieux et de l’intégration des minorités religieuses dans le cadre de l’action extérieure en faveur de la paix, la démocratie et le développement durable. L’UE organise des tables rondes interreligieuses dans divers pays – comme au Sri Lanka, en Ouzbékistan, en Jordanie et au Liban, et plaide auprès des chefs religieux pour la protection des lieux saints, comme à Jérusalem et au Nigéria[17][En ligne] https://euobserver.com/opinion/152741..

Alors que les sociétés pacifiques protègent les droits de l’homme et permettent à la diversité de s’épanouir, lorsque la liberté religieuse est menacée, la cohésion sociale est mise à mal et un conflit peut en surgir. Consciente de ces préoccupations, la haute représentante Federica Mogherini a énoncé les objectifs du GERIS : « relier et responsabiliser les acteurs de la société civile qui travaillent sur les croyances et l’inclusion sociale ». Le GERIS est un exemple de l’implication institutionnelle de l’UE avec les organisations confessionnelles afin de maintenir la liberté religieuse comme expression de l’engagement de l’UE envers la défense des valeurs libérales, dans un monde assailli par un recul démocratique, une autocratisation et les dénis flagrants des droits humains. Pour l’UE, « la religion doit faire partie de la solution. Mais surtout, je crois que dans de nombreux endroits du monde, la religion est déjà une partie de la solution. Sur tous les continents, il existe des croyants qui ont choisi la voie du respect et de la coexistence. Non en dépit de leur foi, mais bien grâce à leur foi[18][En ligne] https://www.signis.net/news/world-2/25-09-2019/eu-launches-new-global-exchange-on-religion-in-society. ».

Entre 2020 et 2022, le GERIS a animé des ateliers, réunissant des groupes de 20-25 personnes, dont le but était de responsabiliser des acteurs communautaires à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, dans la recherche d’une meilleure inclusion sociale et d’une résilience sociétale. L’objectif du GERIS était de favoriser un échange international avec des acteurs de la société civile, à la fois croyants et laïques, afin de faciliter la diffusion de meilleures pratiques pour promouvoir le respect mutuel et favoriser l’inclusion sociale. Cet objectif sera poursuivi par la création d’un réseau transnational d’acteurs de la société civile, facilitant l’obtention de nouvelles capacités et intensifiant les activités pour toucher une audience internationale plus large[19]Ibid..

L’UE, la religion et les conflits au Moyen-Orient et Afrique du Nord

Le GERIS est un exemple des récentes initiatives de l’UE concernant le dialogue interreligieux. L’objectif général est de réduire la propension de la religion à être un facteur de conflits dans le monde. Les attentats odieux perpétrés le 11 septembre 2001 aux États-Unis ont été une incitation majeure à ces initiatives européennes. Ce jour-là, les agents d’al Qaïda ont attaqué le World Trade Center et le Pentagone, entraînant la mort de presque 3 000 personnes. En outre, en Europe, de nombreux pays ont été victimes du « terrorisme islamique[20]Ayhan Kaya & Ayşe Tecmen, « Europe versus Islam? Right-Wing Populist Discourse and the Construction of a Civilizational Identity », The Review of Faith & International Affairs, vol. 1, … Continue reading ». Par conséquent, certains ont ‘parlé d’un « choc des civilisations » entre l’Occident et l’islam’[21]Ole Waever, Fear and Faith: Religion as an International Security Issue, Lecture at the Mershon Center, Ohio State University, May 17 2006. [En ligne] … Continue reading. Certains pensent que l’Europe est engagée dans un conflit « intercivilisationnel » contre les terroristes et extrémistes islamiques violents. Le pionnier des études sur la “sécuritisation”, le danois Ole Waever, estime que « le monde » est « au bord d’un long conflit, potentiellement une nouvelle ‘guerre froide’ caractérisée par une violence à petite échelle, mais spectaculaire », impliquant « l’Ouest » et « l’islam »[22]Ibid..

Les États membres de l’UE ont observé les “soulèvements arabes” (ou “Printemps arabe”) avec inquiétude. Débutant en octobre 2010 en Tunisie, une rébellion contre l’autorité lui a succédé quelques mois plus tard en Égypte, soulèvement suivi à son tour par le renversement de la dictature en Libye. De plus, il y eut des crises politiques majeures en Syrie, au Bahreïn et au Yémen, et des expressions plus limitées de contestation politique en Algérie et au Maroc. En mai 2011, le chef d’al Qaïda, Oussama Ben Laden, a été tué au Pakistan par des agents américains. Il y eut des craintes en Europe que la mort de Ben Laden ne conduise à de nouveaux troubles politiques dans la région du MOAN, avec une diffusion en Europe.

Les évènements du Printemps arabe ont constitué un foyer régional de revendications économiques, politiques et religieuses, touchant tous les pays à majorité arabe dans le MOAN, ainsi que les relations Israël-Palestine. Les résultats n’ont pas été uniformes : en Tunisie, une démocratie multipartite a été installée, alors qu’en Syrie, un dictateur est resté au pouvoir après une guerre civile peu concluante. En Égypte, Mohamed Morsi, membre des Frères Musulmans, a été élu président, mais a rapidement été destitué par un coup d’État militaire. Aujourd’hui, une décennie après le Printemps arabe, beaucoup, dans la région du MOAN, sont préoccupés par le manque de croissance économique, de réformes politiques constructives et de liberté religieuse, ainsi que par la persécution de minorités religieuses, comme les chrétiens coptes en Égypte, et les Alevis en Turquie. Plus globalement, le Printemps arabe a révélé l’importance de la stabilité, de la sécurité et de la longévité du régime, ainsi que celle de la demande populaire de réformes économiques, politiques et sociales. Il est clair que les gouvernements au sein du MOAN peinent à répondre à ces demandes, et aux difficultés que posent des populations en croissance rapide demandant du travail, des réformes politiques, de la liberté religieuse et une amélioration de leur bien-être général[23]Jeffrey Haynes, « The Arab Spring: Problems and Prospects » dans Peter Hough, Shahin Malik, Andrew Moran & Bruce Pilbeam, Security Studies, London, Routledge, 2020..

De véritables changements politiques et économiques fondamentaux paraissent néanmoins peu réalisables dans cette région, pour plusieurs raisons. D’abord, elle se caractérise par de nombreuses divisions communautaires – notamment dans différents courants religieux, comme le montrent les tensions qui traversent l’islam (Irak, Syrie, Bahreïn) ou entre l’islam et la chrétienté (Tunisie, Égypte). Malgré le rassemblement de personnes de religions diverses durant le Printemps arabe, l’Égypte et la Tunisie connaissent des conflits et des tensions communautaires, et la Syrie est plongée dans un conflit entre courants religieux profondément polarisant après des années de guerre civile. Des rivalités meurtrières opposent d’un côté l’Iran et l’Arabie Saoudite, et de l’autre la Russie et les États-Unis, ce qui accentue l’instabilité régionale. Enfin, le gouvernement de l’Arabie Saoudite considère le mouvement transnational des Frères Musulmans comme une sérieuse menace pour le statu quo régional, et fait ainsi tout ce qui est en son pouvoir pour entraver ce mouvement dans toute la région du MOAN.

Les révolutions arabes et les événements subséquents ont déstabilisé le MOAN, avec des répercussions en Europe. Renforcer son engagement au sud de la Méditerranée est considéré comme un objectif important de l’Union européenne, au regard de sa proximité géographique avec cette région. Le but de l’Union est de contribuer à la stabilisation du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, afin de renforcer et d’améliorer ses propres stabilité et sécurité. Selon Wolff, la principale motivation de l’engagement de l’Union européenne au sud de la Méditerranée constitue une “pratique pour atteindre une sécurité à la fois physique et ontologique”. Le rôle joué par la religion est central pour renforcer stabilité et sécurité. Pour atteindre ces objectifs, l’Union européenne cherche à renforcer sa sécurité en travaillant étroitement avec les gouvernements de la région, afin de promouvoir et de soutenir les courants religieux qui bénéficient du soutien étatique au Maroc et en Jordanie, et vise à développer un islam “modéré, afin d’affaiblir l’attrait populaire pour des versions radicales et extrémistes de la foi. Deuxièmement, l’Union européenne cherche à renforcer son expertise en matière de religion, afin d’élaborer des politiques mieux informées en ce qui concernant le MOAN. Les politiques de l’Union européenne sont cependant sujettes à la politisation et les critiques relèvent que l’UE tend à appréhender les questions religieuses au MOAN à partir des questions de liberté de religion ou de conviction, avec une inclination à se concentrer sur la protection des minorités chrétiennes dans les Etats de la région. Il en résulte que l’engagement de l’UE en matière religieuse auprès de ces gouvernements conduit à une participation auprès d’acteurs religieux “amis” – c’est-à-dire “modérés – qui soutiennent les dirigeants en place, tout en négligeant les défis soulevés par l’extrémisme et la violence du religieux dans ce statu quo.

L'action de l’Union européenne au sud de la Méditerranée/au sein du MOAN devrait être appréhendée au regard de l’augmentation des conflits religieux ou liés au religieux dans la région, une caractéristique intrinsèque du monde arabe depuis les soulèvements de 2011. Par exemple, la guerre civile syrienne a évolué vers un conflit polarisé autour des tensions entre courants religieux, et non plus seulement une lutte pour la liberté de groupes cherchant à renverser un régime dictatorial, alors que les brutalités de l’Etat islamique en Irak et en Syrie (EI) à l’encontre des minorités religieuses sont bien connues. En réponse, les ministres des affaires étrangères des Etats européens, de même que le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) et le Parlement européen (PE) ont placé “l’engagement religieux” au coeur de relation de l’UE avec le sud de la Méditerranée[24]Elizabeth Shakman Hurd, op. cit.. A la suite des révolutions arabes, les diplomates européens ont suivi des cours intensifs de “compréhension” du fait religieux. Des délégations du SEAE collaborent avec des acteurs religieux. L’intergroupe du parlement européen publie un rapport annuel sur l’état de la liberté de religion ou de conviction dans le monde. Collectivement, ces initiatives reflètent l’intérêt de l’UE concernant l’impact du religieux dans les conflits internationaux, particulièrement en ce qui concerne une région voisine, le MOAN.

Les initiatives de l’UE cherchent à proposer une réponse institutionnelle au terrorisme et à la violence dans le MOAN, de même qu'à l'augmentation de l'immigration en provenance de cette région, aux incertitudes économiques persistantes découlant de la crise économique de 2008 et à un sentiment généralisé d'insécurité.

Concernant l'immigration, qui implique pour l’essentiel des musulmans du MOAN, l’Union européenne appréhende cet enjeu comme une question de sécurité et pour y répondre a signé des accords avec la Turquie et plusieurs pays d’Afrique afin de renvoyer les migrants et réfugiés dans leur pays d’origine.

En outre, peut-être envisagées en ultime recours, des mesures pourraient inclure la construction d’un mur "anti-migratoire” – à la manière de Viktor Orban en Hongrie – conçu pour empêcher l’entrée de migrants et réfugiés non désirés. L’Etat d’Israël a initié une telle approche dans sa politique à l’égard des Palestiniens.

Mais si l'on tient à ce que l'Europe conserve ses idéaux libéraux, une telle "solution" est finalement inutile, voire pire, car elle brutalise et fragilise la politique de manière irrévocable, en niant la capacité des personnes vivant à l’extérieur de l’Europe de jouir des droits et privilèges que les Européens considèrent comme acquis. Depuis 2015, la principale réponse de l’UE à la crainte régionale de l’islamisation et d’une migration musulmane de masse a été de doubler les mesures anti-terroristes. Selon l’UE, “le terrorisme menace notre sécurité, les valeurs de nos sociétés démocratiques et les droits et libertés des citoyens européens. Lutter contre le terrorisme est l’une des principales priorités de l’UE et de ses Etats-membres, de même que pour ses partenaires internationaux[25]La réponse de l’UE au terrorisme. Ndlt [En ligne] https://www.consilium.europa.eu/en/policies/fight-against-terrorism/.".

L’UE a adopté neuf mesures politiques pour tenter d’endiguer l’extrémisme islamiste et le terrorisme. Ces mesures interdépendantes ont été considérées comme nécessaires à la suite du 11 septembre 2001 et d’une série d’attentats terroristes en Europe. Ces neuf mesures sont les suivantes :

  • La prévention de la radicalisation
  • Une liste de terroristes nommément identifiés
  • L’échange d’informations sur les terroristes entre gouvernements européens et UE
  • Un coordinateur de l’UE pour la lutte contre le terrorisme
  • la suppression des sources de financement du terrorisme
  • le contrôle des armes à feu
  • la justice numérique
  • la lutte contre le déplacement de combattants étrangers d’un pays à l’autre
  • la coopération avec les partenaires internationaux[26]Réunion informelle des chefs d’États ou des gouvernements à Bruxelles, 12 février 2015 – Déclaration des membres du Conseil européen, [en ligne] … Continue reading

En novembre 2020, à la suite d’attentats terroristes en France, Allemagne et Autriche, les ministres de l'intérieur de l'UE ont convenu de renforcer davantage leurs efforts conjoints dans la lutte contre le terrorisme, sans compromettre les valeurs communes de l'UE telles que la démocratie, la justice et la liberté d'expression (Déclaration conjointe des ministres de l'intérieur de l'UE sur les récents attentats terroristes en Europe, 2020). Un mois plus tard, en décembre 2020, les dirigeants européens ont réaffirmé leur unité dans la lutte contre la radicalisation, le terrorisme et l'extrémisme violent[27]Conclusions du Conseil européen, 10-11 décembre 2020, [en ligne] https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2020/12/11/european-council-conclusions-10-11-december-2020/..

Si les résultats des mesures politiques de l'UE pour l'après-2015 sont encore incertains, il semble clair que l’intégralité des principales difficultés de sécurité auxquelles l'Europe a été confrontée depuis 2015 n’est pas due à la crise internationale des migrants/réfugiés ; pourtant, la question n'a pas disparu, toujours présente dans les gros titres des journaux ou des bulletins d'information à la télévision et à la radio. L'afflux inattendu et apparemment incontrôlable d'un million de personnes arrivant en Europe depuis le Moyen-Orient ou d’autres régions à la fin de l'été 2015 a manifestement provoqué une onde de choc dans la politique et les institutions européennes. Depuis lors, des dizaines de milliers de personnes, notamment originaires du Moyen-Orient, d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne, ont cherché à trouver refuge en Europe, que ce soit pour échapper aux persécutions ou pour trouver une vie meilleure. Beaucoup, tragiquement, ont perdu la vie en tentant d'entrer dans les pays européens. Cette crise durable a provoqué une introspection majeure en Europe, d'une manière un peu similaire à celle qui a suivi la chute du mur de Berlin en novembre 1989 : Qu'est-ce que l'Europe ? Quelle est la place de l'Europe dans un environnement mondial en pleine mutation ?

Conclusion

Cet article a expliqué et exposé les politiques récentes de l’UE au regard de trois événements et de leurs prolongements – la liberté de religion à l’échelle internationale, les suites du 11 septembre 2001, le Printemps arabe de 2011 et ses conséquences. Ces événements ont été sélectionnés comme exemples de l’évolution de l’intérêt porté l’UE sur l’impact du religieux dans les conflits dans un contexte mondialisé, au-delà de la seule Europe. Cela traduit une préoccupation selon laquelle, partout dans le monde, la religion est souvent impliquée dans les conflits, ce qui peut impacter la stabilité et la sécurité de l’UE. Celle-ci a cherché à développer un dialogue avec des groupes de la société civile, à la fois séculiers et religieux, en partant du principe que les désaccords prennent souvent leur source au niveau local avant de se transformer en conflits nationaux, régionaux ou internationaux. Il s’agit du facteur principal qui a motivé l’Union européenne pour cesser de considérer la religion comme un problème qu’il fallait tenir à distance.  Aujourd’hui, l’Union européenne comme les États membres ont parfaitement conscience qu’il est inutile d’ignorer la religion ou de souhaiter qu’elle disparaisse. En conséquence, l’UE a durci ses politiques dans plusieurs domaines liés au religieux. Elle a mis l’accent sur la liberté religieuse à l’échelle internationale, suivant en cela l’exemple du gouvernement américain qui considère la religion comme un droit humain fondamental dont la protection doit être prioritaire.

Deuxièmement, au cours des deux décennies qui ont suivi le 11 septembre, l'Europe a appréhendé l'islam violent et extrémiste comme un danger civilisationnel tant pour sa sécurité que pour sa stabilité. Troisièmement, les soulèvements arabes de 2011 et la crise des réfugiés et des migrants qui s'en est suivie en 2015 ont mis en évidence les préoccupations de l'Europe en matière de stabilité et de sécurité dans son voisinage méridional : la région du MOAN.

Notes

Notes
1 Sergio Carrera & Joanna Parkin, « The place of religion in European Union law and policy. Competing approaches and actors inside the European Commission », RELIGARE Working Document No. 1, 2010.
2 Défini ici comme un groupe privé non-lucratif et non-gouvernemental, aux préoccupations et intérêts spécifiques délimités.
3 Ronan McCrea, Religion and the Public Order of the European Union, Oxford, Oxford University Press, 2010.
4 Freidricke Böllman, « How many roads lead to Brussels?: the political mobilisation of religious organisations within the European public sphere », in Lucian N. Leustean (ed.), Representing Religion in the European Union. Does God Matter?, London, Routledge, 2013, pp. 201-216.
5 Andrea Swalec, « Religious leaders and the EU take tentative first steps », Global News Journal, 23 July 2010. [En ligne] http://blogs.reuters.com/global/2010/07/23/religious-leaders-and-the-eu-take-tentative-first-steps/
6 Pieterjan de Vlieger & Irina Tananescu, « Changing forms of interactions between the European Commission and interest groups: The case of religious lobbying », Journal of European Integration, Vol. 34 (5), 2012, pp. 447–463.
7 Traité de Lisbonne, 2007, Article 15b.3.
8 Lucian N. Leustean, « Does God Matter in the European Union? » dans Lucian N. Leustean (ed.), Representing Religion in the European Union. Does God Matter?, London, Routledge, 2012, pp. 1-32.
9 Jeffrey Haynes, From Huntington to Trump: Thirty Years of the Clash of Civilizations, Lanham, Lexington Books, 2019.
10 Jeffrey Haynes, Trump and the Politics of Neo-Nationalism: The Christian Right and Secular Nationalism in America, London, Routledge, 2021.
11 Scott R. Appleby, The Ambivalence of the Sacred: Religion, Violence, and Reconciliation, New York, Rowman & Littlefield, 2000.
12 Jeffrey Haynes, « Religion and a human rights culture in America », The Review of Faith & International Affairs, vol. 6 (2), 2008, pp. 73-82.
13 Thomas Farr, World of Faith and Freedom: Why International Religious Liberty Is Vital to American National Security, Oxford, Oxford University Press, 2008.
14 Thomas Farr, World of Faith and Freedom: Why International Religious Liberty Is Vital to American National Security, Oxford, Oxford University Press, 2008.
15 Elizabeth Shakman Hurd, Beyond Religious Freedom. The New Global Politics of Religion, Princeton, Princeton University Press, 2015, 5-35.
16 Robert Joustra, « Is the problem really religious freedom? », The Review of Faith & International Affairs, vol. 14, 2016, pp. 129–33.
17 [En ligne] https://euobserver.com/opinion/152741.
18 [En ligne] https://www.signis.net/news/world-2/25-09-2019/eu-launches-new-global-exchange-on-religion-in-society.
19 Ibid.
20 Ayhan Kaya & Ayşe Tecmen, « Europe versus Islam? Right-Wing Populist Discourse and the Construction of a Civilizational Identity », The Review of Faith & International Affairs, vol. 1, 2019, pp. 49–64.
21 Ole Waever, Fear and Faith: Religion as an International Security Issue, Lecture at the Mershon Center, Ohio State University, May 17 2006. [En ligne] https://kb.osu.edu/bitstream/handle/1811/30197/Ole%20W%c3%a6ver%205-17-06.pdf?sequence=4..
22 Ibid.
23 Jeffrey Haynes, « The Arab Spring: Problems and Prospects » dans Peter Hough, Shahin Malik, Andrew Moran & Bruce Pilbeam, Security Studies, London, Routledge, 2020.
24 Elizabeth Shakman Hurd, op. cit.
25 La réponse de l’UE au terrorisme. Ndlt [En ligne] https://www.consilium.europa.eu/en/policies/fight-against-terrorism/.
26 Réunion informelle des chefs d’États ou des gouvernements à Bruxelles, 12 février 2015 – Déclaration des membres du Conseil européen, [en ligne] https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/02/12/european-council-statement-fight-against-terrorism/.
27 Conclusions du Conseil européen, 10-11 décembre 2020, [en ligne] https://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2020/12/11/european-council-conclusions-10-11-december-2020/.
Pour citer ce document :
Jeffrey Haynes, "Union européenne, religion et conflit dans un contexte mondialisé – version française". Bulletin de l'Observatoire international du religieux N°37 [en ligne], mai 2022. https://obsreligion.cnrs.fr/bulletin/union-europeenne-religion-et-conflit-dans-un-contexte-mondialise/
Bulletin
Numéro : 37
mai 2022

Sommaire du n°37

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Auteur.e.s

Jeffrey Haynes, Professeur émérite de science politique à la London Metropolitan University de Londres

Texte traduit par Claire Feillet et Anne Lancien

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