Note N°04

février 2018

Religion et nationalisme au Japon : le possible amendement de la constitution concernant ses capacités militaires

Xavier Mellet

Introduction : objectifs et résumé de cette note 

L’objectif de cette note est de décrire les rapports entre religion et nationalisme au Japon, dans le contexte d’un amendement possible de la Constitution concernant ses capacités militaires.

La note montre que :

  • Les débats qui impliquent religion et nationalisme s’inscrivent dans la volonté du Premier ministre Abe et de ses soutiens d’effacer progressivement ce qu’ils considèrent être une altération de l’essence du Japon par l’occupation américaine (1945-1952). L’ambition est de revenir à un Japon qui serait fidèle à lui-même, à savoir ce qu’il était depuis l’ère Meiji débutée en 1868. La Constitution représente l’obstacle majeur, car elle interdit le plein usage des capacités militaires et qu’elle neutralise le shintoïsme, considéré comme la coutume nationale (partie 1).
  • Depuis 1997 une association nommée « Conférence du Japon » [nippon kaigi] centralise les actions en vue de cet objectif. Elle est le principal soutien du Premier ministre, et la majorité des ministres du gouvernement en sont membres (partie 2).
  • Outre la modification de la Constitution et la transformation de l’État, les objectifs de la Conférence du Japon incluent une transformation de la société, par une réforme de l’éducation et une intégration du shintoïsme dans l’appareil d’État (partie 3).

Pourquoi et comment modifier la Constitution ? Éléments de contexte

Une volonté de revenir au Japon d’avant l’occupation américaine

L’année 2018 va être l’occasion pour le gouvernement Abe de définir avec précision quelles modifications apporter à la Constitution du Japon de 1946. Celle-ci fait l’objet de lourds débats au sein du gouvernement et du parti de S. Abe, le Parti libéral-démocrate (PLD), et il est prévu que l’année 2018 serve à arrêter un texte précis, à soumettre ensuite à l’approbation populaire par référendum. La modification de la Constitution est un objectif personnel du Premier ministre Abe, comme il était déjà celui de son grand-père, le criminel de guerre de classe A Nobusuke Kishi, lui aussi Premier ministre (1957-1960). Shinzō Abe a synthétisé son ambition dans un ouvrage intitulé « Vers un beau Japon » [utsukushii kuni e] en 2006, augmenté en 2013. Derrière l’adjectif « beau » se trouve l’idée que le Japon doit revenir à ce qu’il était à partir de la Révolution de Meiji (1868), période de construction de l’identité nationale sur des bases modernes. Le Japon de Meiji était basé sur une racialisation de l’appartenance nationale, une structure politique dominée par la figure sacrée de l’Empereur, et un patriotisme très fort perçu aussi bien dans l’éducation que dans l’armée, et fondé sur l’intégration du culte shintoïste dans l’appareil d’État, en tant que tradition nationale soutenant la légitimité de l’Empereur. Aujourd’hui la volonté de retour à ce « vrai » Japon se manifeste au sein de plusieurs institutions :

  • L’armée : permettre au pays d’agir comme il l’entend face à ses voisins, sans être brimé par des contraintes imposées par une puissance étrangère.
  • L’éducation : en finir avec l’éducation culpabilisante qui n’enseigne pas l’amour du Japon et la morale patriotique, cette dernière étant considérée comme essentielle à la vie en société.
  • La religion : redonner au shintoïsme sa place de cœur de la culture et de la civilisation japonaise, et non plus comme une option parmi d’autres au sein d’un marché religieux qui neutralise l’identité nationale.

Ces trois ambitions forment la matrice d’un révisionnisme ou fondamentalisme made in Japan, au sens le plus neutre possible de ces deux termes. Il s’agit de revenir à l’authenticité d’un passé idéalisé. Voici par exemple comment, en 1984, ces objectifs étaient résumés par Toshirō Mayuzumi, président de l’association d’extrême-droite « Conférence nationale pour protéger le Japon », lors d’une conférence inaugurale plénière :

"Dans le but de protéger le Japon, il y a deux problèmes majeurs : celui de la défense et de la protection du pays par des moyens militaires matériels, et celui de l’éducation ou de la protection du pays par des moyens spirituels. La Constitution est un obstacle majeur dans l’unification de ces deux points, mais je crois que le cœur de la protection du pays se situe dans la façon dont nous percevons notre État-nation, ou, pour le dire autrement, le rôle de l’Empereur. Quand nous appelons à amender la Constitution, cela dépend d’abord de comment penser la conscience nationale. Nous devons aussi envisager de commencer par l’élaboration d’un corps national clair lié à l’Empereur. En d’autres termes, je crois qu’il peut exister une conscience nationale propre (au Japon), au-delà des problèmes de la Constitution et de l’éducation, et la défense doit être appréhendée par la prise en compte de l’intérêt national[1]Tawara, Yoshifumi, Tomomi, Yamaguchi ,“What is the Aim of Nippon Kaigi, the Ultra-Right Organization that Supports Japan’s Abe Administration ?”, The Asia-Pacific Journal, vol.13, n°1, … Continue reading".

La protection du Japon – cœur du projet proposé ici – est réalisable à la condition de redevenir ce que l’on a été.

La Constitution comme obstacle majeur

La norme suprême est considérée comme l’obstacle principal à la restauration d’un « beau » Japon. Imposée par l’occupation américaine (1945-1952) pour empêcher toute réémergence du militarisme, elle est aujourd’hui perçue par les révisionnistes comme une anomalie de l’histoire due aux circonstances de la défaite en 1945, qui cause de nombreux problèmes au corps politique japonais, en l’empêchant de s’affirmer en tant que tel.  Le gouvernement Abe entend réviser les articles 9, 20 et 89 de la Constitution afin de permettre au Japon de pouvoir faire la guerre si nécessaire (article 9) et de reconstituer le shintoïsme d’État (articles 20 et 89). L’article 9 explique par exemple que :

"Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu'à la menace ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux. Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l’État ne sera pas reconnu".

L’ambiguïté intrinsèque de cet article a suscité de longues discussions quant à son interprétation, et donné lieu à la création des Forces d’Auto-Défense en 1954. L’article 9 a été réinterprété en 2015 pour permettre l’auto-défense collective, soit la capacité de défendre un allié attaqué.

Les articles 20 et 89 consacrent, quant à eux, le principe de séparation de l’État et des religions, shintoïsme inclus. L’article 20 explique ainsi que

"La liberté de religion est garantie à tous. Aucune organisation religieuse ne peut recevoir de privilèges quelconques de l'État, pas plus qu'elle ne peut exercer une autorité politique. Nul ne peut être contraint de prendre part à un acte, service, rite ou cérémonial religieux. L'État et ses organes s'abstiendront de l'enseignement religieux ou de toutes autres activités religieuses."

En conséquence, l’article 89 annonce qu’

"Aucun denier public, aucun bien de l'État ne peut être affecté au profit ou au maintien d'une institution ou association religieuse, quelle qu'elle soit, ou d'une entreprise charitable, pédagogique ou bénévole échappant au contrôle des pouvoirs publics."

Les autorités d’occupation avaient donc cherché, par ces articles, à prévenir le retour du militarisme et du shintoïsme d’État.

Revenir à un « État normal »

La modification de l’article 9 est fondée sur un sentiment d’injustice qui tend à minorer les atrocités commises durant la période coloniale, ou considérer que le Japon a suffisamment payé et s’est assez excusé. Durant les années 1990, le concept d’« État normal » [futsu no kuni] a fait florès dans les discussions politiques autour de la réforme constitutionnelle, sous la plume de l’homme politique Ichirō Ozawa[2]Ichirō Ozawa, Plan pour réformer le Japon [nihon kaizō keikaku], Kodansha, 1993. Baron conservateur à l’époque, I.Ozawa a participé au succès de l’opposition démocrate durant les années … Continue reading et d’autres chefs politiques très en vue comme le gouverneur de Tokyo de 1999 à 2012, Shintarō Ishihara[3] Dont le best-seller sur la question s’intitule « Le Japon qui peut dire non » [no to ieru nihon], paru en 1989., dont le fils, Nobuteru Ishihara, est un membre influent du PLD. L’idée « d’État normal » touche une corde sensible en liant la question constitutionnelle aux menaces géopolitiques régionales : ne pourrions-nous pas, nous aussi, utiliser tous les moyens nécessaires pour nous protéger de l’extérieur ? Ne sommes-nous pas un pays plus démocratique et fiable que la Chine ou la Corée du Sud ? En minorant le passé belliqueux pour se focaliser sur le présent, l’article 9 est ainsi perçu comme une injustice faite au Japon par rapport à ses voisins ; sentiment qui appelle en retour un ressentiment nationaliste. La montée de la puissance chinoise et de la menace nord-coréenne – thème majeur pour le Premier ministre Abe en tant qu’il a pu se faire connaître politiquement par des positions fermes sur ce sujet – constituent de puissantes incitations à corriger cette « anomalie ».

Le shintoïsme : religion parmi d’autres ou une coutume nationale ?

Le sentiment d’anomalie concerne également la place du shintoïsme dans la société. Contrairement à la France, qui a construit sa République et sa nation par la laïcité et une vision contractuelle de l’identité, la nation japonaise moderne s’est élaborée sur des bases raciale et religieuse. Le shintoïsme n’est pas un monothéisme fondé sur une parole révélée, mais une religion nationale constituée comme telle durant l’ère Meiji, par le rassemblement d’une myriade de cultes locaux sous l’autorité d’un clergé, et du récit des origines mythiques du Japon et de la continuité de la lignée impériale. De l’ère Meiji jusqu’à 1945, être japonais signifiait donc, en plus du lignage racial qui liait tout individu à l’Empereur, de participer aux cultes shintoïstes sacralisant les forces de la nature, les ancêtres, etc. Le débat politique actuel consiste dès lors à savoir si le shintoïsme est une « religion » – et donc ne doit pas être dans l’État – ou seulement un ensemble de « coutumes » propres au Japon – et ainsi mérite d’être au centre de l’État, en tant qu’élément neutre. La première option est considérée par les révisionnistes comme une altération de l’identité japonaise par le libéralisme occidental.

Des conditions réunies pour une modification de la Constitution

L’actualité politique japonaise laisse supposer de plusieurs façons que le pays marche lentement, mais sûrement vers une modification de sa Constitution. Lors de son adoption en 1946, la procédure de modification avait été rendue complexe afin de prévenir le retour du militarisme. Deux conditions doivent être remplies : d’abord un vote des deux tiers des parlementaires en faveur d’une modification ; ensuite une approbation de 50 % des électeurs par référendum (peu importe le taux de participation). Impossible à atteindre durant plusieurs décennies, ces conditions sont en passe d’être réunies aujourd’hui.

Depuis les élections sénatoriales de 2016, le Premier ministre est quasiment certain de réunir deux tiers des deux chambres du Parlement en faveur d’une révision. L’opposition est en état de déliquescence et ne s’est toujours pas remise de l’échec du Parti Démocrate du Japon, au pouvoir entre 2009 et 2012. La défaite du Parti de l’espoir de Yuriko Koike en octobre 2017 a contribué à morceler davantage des opposants au poids désormais négligeable dans les institutions. Deux types d’opposants font face à la coalition que dirige le Premier ministre : ceux opposés à la révision forment le bloc de gauche, que domine désormais le Parti Démocrate-Constitutionnel, et ceux qui y sont favorables forment désormais un bloc alternatif à droite, auquel appartiennent Yuriko Koike et son parti.

La seconde condition est aussi en passe d’être remplie, les différents sondages d’opinion scindent la société en deux parts égales, l’une en faveur et l’autre en défaveur de la modification, alors que la population y était encore majoritairement défavorable il y a quelques temps. S. Abe semble prêt à prendre le risque de soumettre une réforme au vote populaire durant son mandat en cours. Il a appris de son échec lors d’un premier mandat (2006-2007), où il était allé trop vite en ce sens. A son retour en 2012, il a d’abord consolidé son pouvoir en focalisant son action sur les questions économiques (les fameux « abenomics »), pour désormais s’attaquer à cette réforme, objectif de sa fin de mandat (prévue pour 2021). Après cinq années aux affaires, le Premier ministre peut se permettre d’avancer plus rapidement désormais, en raison, notamment, de puissants soutiens qui le poussent en ce sens, en mobilisant des moyens efficaces car considérables[4]Le gouvernement peut aussi compter sur une Cour suprême conservatrice largement acquise à la cause de la modification constitutionnelle. Chargée de juger de la constitutionnalité des lois, son … Continue reading.

La « Conférence du Japon » [nippon kaigi] : le regroupement des forces fondamentalistes

Qu’est-ce que la « Conférence du Japon » ?

Le gouvernement Abe est poussé par un puissant lobby nommé « Conférence du Japon » [nippon kaigi], officiellement créé le 30 mai 1997 par la fusion de deux organisations : la « Conférence nationale pour protéger le Japon » [nihon wo mamoru kokumin kaigi], un groupe civil d’extrême-droite œuvrant depuis 1981 pour la révision de la Constitution et la réforme de l’éducation ; et l’« Association de protection du Japon » [nihon wo mamoru kai], une organisation de la droite religieuse formée en 1974 par l’alliance de groupes bouddhistes et shintoïstes, dont l’objectif est de redonner place à la tradition dans ce qu’elle a à la fois de religieux et national[5]L’exemple le plus significatif des luttes menées concerne la restauration des ères impériales au cours des années 1970. Elles ont abouti en 1979, par une loi officialisant le retour de … Continue reading. Le nippon kaigi marque donc la fusion de mouvements nationalistes et religieux qui œuvrent désormais, au sein d’une organisation commune, comprenant entre 35 000 et 40 000 membres. Il a repris les combats des anciens mouvements, notamment le kokumin kaigi, pour en élargir la portée. Le fondateur et secrétaire exécutif de l’organisation depuis 1997, Yūzō Kabashima, a une longue carrière de militant conservateur entamée dans les années 1980. Il a aussi diversifié son personnel dirigeant, sortant des seuls réseaux de la droite religieuse afin d’attirer des personnes issues de la société civile (professeurs d’universités, chefs d’entreprises…). Aujourd’hui, seuls 16 des 40 membres du comité représentatif appartiennent à des organisations religieuses. Sa création a signifié une sortie du bois : le nippon kaigi n’est plus une institution secrète destinée à tirer les ficelles du pouvoir en coulisses. En dépit de son influence, l’organisation demeurait toutefois relativement méconnue du grand public jusqu’en 2015. À partir de 2016 un « nippon kaigi boom » s’est réalisé dans le monde de l’édition, car de nombreux magazines et ouvrages ont commencé à s’y consacrer.

Les sanctuaires shintoïstes au centre du dispositif

Bien qu’elle ne soit pas une organisation officiellement religieuse, le nippon kaigi entretient des liens étroits avec la puissante « Association des sanctuaires shintō » [jinja honchō], créée en 1946 et forte d’environ 80 000 sanctuaires à travers le territoire japonais. Ce puissant moteur du nationalisme shintō est piloté depuis le sanctuaire Yasukuni à Tokyo, fondé en 1879 pour être à la fois un équivalent japonais du Panthéon (lieu où l’on commémore les morts pour l’Empereur, donc la nation) et la tête du Clergé shintoïste. Il comprend également un musée négationniste sur la période militariste (le Yūshūkan), et accueille des stands du nippon kaigi qui y vend ses produits (DVD, livres, etc.). Parallèlement, de nombreux membres de l’organisation proviennent de la « Maison de la croissance » [seicho no ie], l’une des « nouvelles religions » les plus en vue durant les années de haute croissance (qui revendiquait plus de 3 millions de membres dans les années 1980). Cette « Maison » opère un syncrétisme entre les cultes traditionnels appuyés sur une morale conservatrice et nationaliste, et le mode de vie communautaire propre aux sectes, afin de garantir la guérison spirituelle des individus en proie à une modernité qui détruit les structures sociales traditionnelles[6]Pour une description synthétique et bien faite, en français, des évolutions du champ religieux japonais contemporain, voir les articles de Jean-Pierre Berthon : BERTHON Jean-Pierre, « Les « … Continue reading.

Une présence forte au sein de la classe politique

Par ailleurs, le nippon kaigi dispose d’un grand nombre de membres appartenant aux élites politiques et économiques. Le Premier ministre Abe en est le membre le plus illustre, lui qui, déjà en 1997, était l’un des membres majeurs de sa pépinière politique intitulée « Ligue des jeunes parlementaires pour penser l’éducation historique et le futur du Japon » [nihon no zento to rekishi kyōiku wo kangaeru wakate giin no kai]. 16 des 20 ministres du gouvernement Abe III (décembre 2014 à novembre 2017) en étaient également membres. Le « conseil des parlementaires » [kokkai giin kondai kai], institué également en 1997 pour rassembler les députés et sénateurs affiliés à l’organisation, possède un poids considérable et croissant au sein de la Diète : il est ainsi passé de 189 à 281 parlementaires entre 1997 et 2015, soit environ 40 % des 717 élus qui composent le pouvoir législatif japonais. Son contingent provient principalement du PLD. D’anciens hommes politiques illustres en font également partie, à l’instar des anciens Premiers ministre PLD Keizō Obuchi, Yoshirō Mori, Junichirō Koizumi [7]Premier ministre le plus populaire que le Japon ait connu dont la célébrité, au-delà de son style personnel, s’est fondé sur ses visites au sanctuaire Yasukuni, chaque 15 août, pour … Continue readinget Tarō Asō – bras droit de Shinzō Abe au sein du gouvernement actuel. Des opposants illustres complètent le tableau, telle la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike. Celle qui fut également principale rivale du Premier ministre lors des élections du 22 octobre 2017 a été vice-présidente du conseil des parlementaires du nippon kaigi, et est personnellement favorable à la réforme constitutionnelle. Par ailleurs, de nombreux membres occupent des fonctions importantes dans le monde économique, si bien que le réseau constitue un puissant vivier de financement et d’influence au sein du jeu politique japonais.

Une organisation tentaculaire

Le nippon kaigi est structuré comme une confédération, un alliage de nombreuses petites entités, si bien qu’il est difficile de toutes les aborder ici. Sur le plan politique, outre son « Conseil des parlementaires », il possède des groupes dans les assemblées locales, rassemblés dans une « Association des membres des assemblées locales » [nippon kaigi chihō giin renmei] depuis 2007. D’après le spécialiste Tawara Yoshifumi, l’association comptait 1 633 membres en mars 2016 (dont 2 gouverneurs et 31 maires)[8]Tawara Yoshifumi, Portrait du Nippon kaigi : l’état actuel d’une grande organization inconnue [Nihonkaigi no zenbō : shira rezaru kyodai soshiki no jittai / … Continue reading, et a pour but de relayer les travaux et idées d’associations focalisées sur une proposition politique spécifique. Dès sa création en 1997, le nippon kaigi a progressivement constitué son réseau au niveau local, créant des bureaux de représentation dans les préfectures.

Le nippon kaigi comprend également des associations s’adressant plus spécifiquement à un segment de la population, telle l’« Association japonaise des femmes » [nihon josei no kai] qui promeut la vision traditionnelle de la mère au foyer comme fondement de la société traditionnelle et luttant contre l’influence néfaste du féminisme sur la cohésion sociale, et le « Conseil japonais des jeunes » [nihon seinen kyōgikai]. L’organisation comprend enfin des groupes destinés à l’activisme sur des enjeux spécifiques. En janvier 1999, le nippon kaigi fonde le « Comité de relations publiques internationales » [kokusai kōhō iinkai] pour la diffusion d’une nouvelle image du Japon à travers le monde. La même année elle fonde aussi la « Conférence sur l’éducation » [kyōiku kaigi] pour centraliser la promotion de la réforme de l’éducation. L’« Association nationale pour la création d’une Constitution pour un beau Japon » [utsukushii nippon no kenpō wo tsukuru kokumin no kai], résumée en « Association nationale » [kokumin no kai], est fondée en 2014 afin de promouvoir la réforme constitutionnelle[9] Leur site Internet est actif et mis à jour régulièrement : [URL : https://kenpou1000.org/ ]. -- notons que la parenté idéologique avec le Premier ministre Abe est plus qu’évidente. L’Association s’est rapidement structurée à l’échelle nationale. Elle compte aujourd’hui plus de 250 antennes locales qui participent d’un réseau dense de liens avec les associations d’hommes politiques, de femmes, etc. L’« Association pour la reconstruction de l’éducation du Japon » [nihon kyoiku saisei kikō] a aussi été fondée en 2006, afin de promouvoir la « revitalisation de l’éducation », à l’instar de la « Société pour la réforme des manuels scolaires » [atarashii rekishi kyōkasho wo tsukurukai].

Un activisme militant et efficace

Le nippon kaigi mobilise de gros moyens et entreprend de nombreuses actions afin de réaliser ces objectifs. Il a progressivement tissé des réseaux étroits avec la classe politique libérale-démocrate, élargi ses objectifs et diversifié ses organisations. Le kokumin kaigi avait commencé son activisme dès les années 1980. Certaines associations possèdent depuis cette période leur maison d’édition, dont les publications sont distribuées par d’autres associations locales. Depuis 1984, un groupe appelé « La vigueur du Japon » [nippon no ibuki], et lié au kokumin kaigi, publie régulièrement des magazines et des notes. Il serait très difficile de décrire l’ensemble des produits que le nippon kaigi distribue ou vend. Notons par exemple des brochures, ouvrages et DVD ventant l’action des Forces d’Auto-Défense (FAD ou jieitai en japonais), armée japonaise sous l’autorité du ministère de la Défense, dont la caractéristique est l’interdiction constitutionnelle de mener une guerre[10]Tawara Yoshifumi donne l’exemple du petit livre « Que sont les FAD ? » [Jieitai tte naani] destiné à expliquer de manière simple, un peu enfantine, en quoi les Forces d’Auto-Défense sont … Continue reading.

Outre les publications, Le nippon kaigi est actif dans l’organisation d’événements. Ainsi, il a organisé une convention appelant à « apporter une révision constitutionnelle » le 13 novembre 2013, à laquelle environ 800 personnes ont participé. Le 15 novembre 2015 l’« Association nationale pour la création d’une Constitution pour un beau Japon » [kokumin no kai] a organisé une autre convention afin de promouvoir la révision constitutionnelle, où 11 300 personnes se sont rassemblées au budōkan, salle de spectacle située non loin du palais impérial. Elle a également parrainé et financé le 18ème forum public sur la Constitution le 3 mai 2016, auquel ont participé quelques 1 200 personnes, selon les organisateurs, et qui était intitulé « Appel à une initiative pour réaliser une révision rapide de la Constitution ! Nous proposons que chaque parti politique organise des discussions sur la Constitution pour répondre à l’urgence de la situation ». Le Premier ministre Abe a tenu à y participer via une vidéo diffusée lors des deux événements. Dans cet enregistrement, il invitait chacun à poursuivre les efforts afin de changer la Constitution. Le kokumin no kai est aussi responsable d’une campagne destinée à obtenir 10 millions de signatures en faveur de la modification, objectif majeur de l’organisation depuis sa création. Dans tout le pays des sanctuaires ont mis à disposition une pétition appelant à la révision de la Constitution, ainsi que des boîtes où faire des dons, le jour de la traditionnelle visite populaire de nouvelle année, le 1er janvier 2016. L’opération a été pilotée depuis le Yasukuni par l’« Association des sanctuaires shintō ».

Transformer la société : éducation patriotique et shintoisme d’État

L'éducation morale et patriotique

Au cœur du désir de transformer la société se loge une réforme de l’éducation destinée à défaire ce qui a été mis en place par et depuis l’occupation américaine d’après-guerre. La Loi fondamentale sur l’éducation [kyōiku kihonhō, 1947] est perçue, à l’instar de la Constitution, comme la marque infâmante de l’occupant américain sur la marche naturelle de la société japonaise. Le nippon kaigi et le Premier ministre entendent faire en sorte que les jeunes japonais apprennent d’abord à aimer leur pays (le patriotisme) et à respecter ses valeurs (la morale). L’« Association pour la reconstruction de l’éducation du Japon » mentionnée précédemment, annonce, en première page de son site Internet[11][URL : http://www.kyoiku-saisei.jp/], cinq objectifs à son action de lobbying au sein de la vie politique et sociale :

  1. Œuvrer pour la création et diffusion de manuels scolaires qui apprennent l’amour du Japon ;
  2. Soutenir l’éducation morale qui se focalise sur l’esprit ;
  3. Faire des recommandations politiques pour reconstruire une éducation dévastée ;
  4. Transmettre et diffuser la culture japonaise traditionnelle ;
  5. Réunir les personnes qui aspirent à une revitalisation de l’éducation»[12] … Continue reading.

    Satisfaire cette ambition nécessite de modifier et la loi fondamentale sur l’éducation, ce qui a été fait pour la première fois en 2006.

    Les résultats obtenus récemment esquissent un changement majeur à venir dans les prochaines années. Une loi adoptée en 1999 a ramené dans l’enceinte des écoles les symboles nationaux que sont le hinomaru, le drapeau japonais, et le kimigayo, l’hymne national patriotique issu de l’ère Meiji, que l’occupation américaine avait interdit par crainte d’un retour au militarisme. Les associations locales affiliées au nippon kaigi veillent quotidiennement à ce que ces symboles soient bien mis en place dans les écoles. Cette loi a préparé le terrain à la révision de la Loi fondamentale sur l’éducation intervenue en 2006. Cette réforme est considérée aujourd’hui comme une grande victoire pour le Premier ministre Abe lors de son premier mandat. Depuis cette date, les objectifs assignés à l’éducation ont évolué afin d’y inclure l’apprentissage du patriotisme au détriment de l’émancipation des enfants. Elle légitime les symboles introduits à partir de 1999 et amène dans les maquettes pédagogiques des cours obligatoires d’« éducation morale » [dōtoku] dans les écoles primaires et les collèges. En 2014, le gouvernement Abe a facilité l’intervention des exécutifs locaux dans la sélection des manuels scolaires, de manière à ce que le personnel politique local facilite les manuels considérés comme bons pour la « rénovation de l’éducation ».

    Le scandale Moritomo Gakuen qui a failli coûté la démission du Premier ministre Abe, s’inscrit dans cette dynamique. Akie Abe, épouse du Premier ministre, est devenue directrice honorifique d’une école primaire dont le but expérimental est d’enseigner l’amour de la patrie et les valeurs traditionnelles basées sur le shintoïsme d’État. Le président de l’entreprise Moritomo Gakuen, Yasunori Kagoike est aussi membre du nippon kaigi. Le scandale a éclaté en mars 2017 lorsque les médias et l’opinion publique ont appris que l’entreprise avait pu bénéficier d’un terrain vendu par l’État à un tarif nettement inférieur aux prix du marché.

    Pour une vision patriotique de l’histoire

    Le nippon kaigi est aussi très actif dans la lutte contre une vision considérée comme culpabilisatrice de l’histoire, accusée d’empêcher l’affirmation du Japon sur la scène diplomatique internationale. En 1982 et 1983 déjà, le kokumin kaigi avait organisé des conférences nationales pour la normalisation des manuels scolaires, afin de supprimer de l’enseignement de l’histoire les contenus abordant les violences commises par l’armée japonaise durant la période coloniale, en particulier le massacre de Nankin et les femmes de réconfort. Depuis 1986, il est néanmoins parvenu à faire inclure un manuel dans la liste officielle que propose le ministère de l’Éducation aux départements, l’« Histoire japonaise la plus récente » [saishin nihon shi].

    En 2016 a été créé au sein du nippon kaigi le « Comité de recherche sur la prise de conscience historique » [rekishi ninshiki mondai kenkyūkai]. Ses membres ont collaboré avec le grand quotidien Sankei shimbun (considéré comme d’extrême-droite) pour la publication de History Wars, ouvrage de vulgarisation historique en anglais et en japonais paru en 2015. Voici comment le livre est par exemple présenté sur le site Amazon.jp : « Ce livre est une modeste réfutation de la démagogie absurde à l’encontre du Japon sur le problème des femmes de réconfort (la prostitution militaire durant les guerres), qui continue d’être répandue en Chine et en Corée du Sud, comme s’il s’agissait d’une vérité. (…) À cette occasion, le journal Sankei a décidé de publier une édition anglaise du livre de façon à informer des faits les populations à travers le monde, et à clarifier les incompréhensions à l’égard du Japon »[13]« This book is a modest rebuttal to the absurd demagoguery against Japan on the issue of comfort women (military prostitution during wartime) that continues to be spread by China and South Korea as … Continue reading.

    Religion et identité : émanciper le shintoïsme

    Parallèlement aux questions d’éducation ou de Constitution, l’« Association des sanctuaires shintō » œuvre depuis sa création en 1946 à la restauration de la place centrale de la religion shintō au sein des institutions, s’opposant en cela à la séparation stricte entre la religion et l’État déterminée par la directive sur le shintō de 1945, et les articles 20 et 89 de la Constitution. À l’image du nippon kaigi, l’Association des sanctuaires a progressivement développé un réseau d’organisations afin de soutenir son action.  Notons par exemple l’existence d’une « Association pour la rectification des relations entre la religion et l’État » [seikyō kankei wo tadasu kai] créée en 1971, et d’une « Ligue de promotion des liens entre shintō et politique » [shintō seiji renmei] fondée en 1969, et aujourd’hui dénommée « Association shintō pour le leadership spirituel » [shinseiren]. L’influence de cette dernière est considérable, notamment au sein du gouvernement Abe puisque 16 membres en faisaient partie en 2015. Deux actions entreprises avec succès par le Clergé shinto ont consisté en la promotion du rétablissement officiel, dès 1966, de la « Journée de fondation nationale » [kenkoku kinen no hi], le 15 février, date supposée de la fondation du Japon par l’Empereur (mythique) Jimmu en 660 avant J.C. ; et le rétablissement du décompte par ères impériales, acté en 1979. D’autres objectifs n’ont demeurent inaccomplis pour l’heure, telle que la valorisation de la place de l’Empereur et de la famille impériale au sein de la société [14]La Constitution définit l’Empereur comme un simple « symbole de l'État et de l'unité du peuple » dépourvu de pouvoir politique selon l’article premier.pour laquelle une réforme de la Constitution est nécessaire. Les modifications des articles 20 et 89 proposées par le gouvernement Abe visent à n’interdire les avantages et financements publics qu’aux cultes religieux qui dépassent les « rituels sociaux et coutumes » [shakaiteki girei mata wa shūzokuteki kôi no hani wo koeru][15]MULLINS Mark, “What is the Aim of Nippon Kaigi, the Ultra-Right Organization that Supports Japan’s Abe Administration ?”, The Asia-Pacific Journal, vol.14, n°5, oct. 2016, p9.. Ainsi formulé, cela reviendrait à faire du shintoïsme non plus une religion mais la coutume sociale du Japon, et le seul bénéficiaire des ressources publiques.

    Conclusion

    La révision constitutionnelle est l’objectif ultime du gouvernement, qui en a fixé le cap pour 2020, le temps de faire la publicité nécessaire à une approbation par la population. Cette année 2020 doit en effet marquer pour le Premier ministre Abe la « renaissance du Japon », aussi bien sur le plan international, par l’accueil des Jeux olympiques, que sur le plan intérieur par la révision constitutionnelle. Elle s’inscrit dans un mouvement plus large de détricotage des garde-fous mis en place par l’occupation américaine afin de prévenir le retour du militarisme. La droite conservatrice japonaise, que dirige le Premier ministre Abe avec le soutien actif du nippon kaigi, a pour objectif fondamental d’effacer cette période de travestissement sous la contrainte d’une certaine vision essentialiste de l’identité nationale issue de la modernisation sous l’ère Meiji. La « renaissance » doit se réaliser à la fois par la transformation de l’État, afin de le « normaliser » en lui donnant une complète puissance souveraine ; et par une transformation de la société, à travers la morale et le patriotisme dans l’éducation, et la place retrouvée du shintoïsme dans les institutions.

    Cela dit, le texte de remplacement des articles de la Constitution n’est toujours pas arrêté à ce jour, les débats étant en cours au sein du PLD. L’article 9 capte quasiment toute l’attention politico-médiatique, en raison du statut ambigu des Forces d’Auto-Défense : le second paragraphe de l’article 9 [16]« Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État … Continue readingsuppose que celles-ci sont anticonstitutionnelles : dès lors, comment modifier le texte pour lever l’ambiguïté ? Les propositions établies par le PLD en 2005 et 2012 ont penché en faveur du remplacement de ce second paragraphe par le constat de l’existence de Forces d’Auto-Défense pour aider le Japon à renoncer à jamais à la guerre, comme le stipule le paragraphe premier. Il est toutefois possible de maintenir le second paragraphe et d’ajouter l’existence des FAD dans un troisième, comme le préfère le Premier ministre Abe. Le débat interne porte également sur la manière d’introduire les FAD dans le texte. Par exemple, le projet de modification de 2005 mentionnait que celles-ci étaient placées sous l’autorité du Premier ministre, ce que ne propose pas le projet de 2012. L’année 2018 devrait donc servir à clarifier la position au sein même du PLD, avant de lancer la procédure de modification.

     

    ANNEXE 1 : ARTICLES DE LA CONSTITUTION SUSCEPTIBLES D’ÊTRE MODIFIES

    Article 9

    Aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu'à la menace ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux.

    Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu.

    Article 20

    La liberté de religion est garantie à tous. Aucune organisation religieuse ne peut recevoir de privilèges quelconques de l'État, pas plus qu'elle ne peut exercer une autorité politique.

    Nul ne peut être contraint de prendre part à un acte, service, rite ou cérémonial religieux.

    L'État et ses organes s'abstiendront de l'enseignement religieux ou de toutes autres activités religieuses.

    Article 89

    Aucun denier public, aucun bien de l'État ne peut être affecté au profit ou au maintien d'une institution ou association religieuse, quelle qu'elle soit, ou d'une entreprise charitable, pédagogique ou bénévole échappant au contrôle des pouvoirs publics.

    Traduction de l’auteur

    Notes

    Notes
    1 Tawara, Yoshifumi, Tomomi, Yamaguchi ,“What is the Aim of Nippon Kaigi, the Ultra-Right Organization that Supports Japan’s Abe Administration ?”, The Asia-Pacific Journal, vol.13, n°1, novembre  2017, p. 6-7.
    2 Ichirō Ozawa, Plan pour réformer le Japon [nihon kaizō keikaku], Kodansha, 1993. Baron conservateur à l’époque, I.Ozawa a participé au succès de l’opposition démocrate durant les années 2000, pour créer ensuite « la vie des citoyens d’abord » [kokumin no seikatsu ga daichi], petit parti parmi d’autres.
    3 Dont le best-seller sur la question s’intitule « Le Japon qui peut dire non » [no to ieru nihon], paru en 1989.
    4 Le gouvernement peut aussi compter sur une Cour suprême conservatrice largement acquise à la cause de la modification constitutionnelle. Chargée de juger de la constitutionnalité des lois, son président est désigné par le gouvernement, avec approbation de l’empereur. Elle tend à juger constitutionnels les petits écarts opérés avec la lettre du texte, comme l’a montré sa décision du 30 mai 2011 où elle valida le fait que faire chanter l’hymne kimigayo devant le drapeau national ne portait pas atteinte au principe de « liberté d’opinion », au grand dam du syndicat des enseignants, classé à gauche.
    5 L’exemple le plus significatif des luttes menées concerne la restauration des ères impériales au cours des années 1970. Elles ont abouti en 1979, par une loi officialisant le retour de l’inscription des ères au calendrier. L’année 2018 est par exemple la 30ème de l’ère Heisei, puisque l’Empereur Akihito règne depuis 1989.
    6 Pour une description synthétique et bien faite, en français, des évolutions du champ religieux japonais contemporain, voir les articles de Jean-Pierre Berthon : BERTHON Jean-Pierre, « Les « nouvelles religions » japonaises et la mise en scène du religieux », Le temps des médias, n°17, vol.1, 2011. Et : BERTHON Jean-Pierre, « Religiosités et religions contemporaines », in BOUISSOU Jean-Marie (dir.), Le Japon contemporain, Editions Fayard, 2007.
    7 Premier ministre le plus populaire que le Japon ait connu dont la célébrité, au-delà de son style personnel, s’est fondé sur ses visites au sanctuaire Yasukuni, chaque 15 août, pour commémorer les morts pour la patrie, suscitant la colère des voisins asiatiques, et des japonais attachés à la séparation de la religion et de l’État.
    8 Tawara Yoshifumi, Portrait du Nippon kaigi : l’état actuel d’une grande organization inconnue [Nihonkaigi no zenbō : shira rezaru kyodai soshiki no jittai / 日本会議の全貌.知られざる巨大組織の実態], Kadensha, 2016
    9 Leur site Internet est actif et mis à jour régulièrement : [URL : https://kenpou1000.org/ ].
    10 Tawara Yoshifumi donne l’exemple du petit livre « Que sont les FAD ? » [Jieitai tte naani] destiné à expliquer de manière simple, un peu enfantine, en quoi les Forces d’Auto-Défense sont utiles au pays.
    11 [URL : http://www.kyoiku-saisei.jp/]
    12

    1.日本への愛情を育む教科書の作成、普及に取り組んでいます。

    2.心を重視する道徳教育を充実させていきます。

    3.”教育荒廃”を立て直すため、政策提言をしています。

    4.日本の伝統文化の継承と、普及につとめています。

    5.教育再生を願う志と志をつないでいきます。

    13 « This book is a modest rebuttal to the absurd demagoguery against Japan on the issue of comfort women (military prostitution during wartime) that continues to be spread by China and South Korea as if it were the truth. (…) On this occasion the Sankei has decided to publish an English Edition of the book in order to inform people around the world of the facts and clear up the misunderstandings about Japan ». « History Wars. Japan : false Indictment of the Century », The Sankei shimbun, 2015:  https://www.amazon.com/History-Japan-False-Indictment-%E4%B8%96%E7%B4%80%E3%81%AE%E5%86%A4%E7%BD%AA%E3%81%AF%E3%81%AA%E3%81%9C%E8%B5%B7%E3%81%8D%E3%81%9F%E3%81%8B-Japanese-ebook/dp/B013DSC04O
    14 La Constitution définit l’Empereur comme un simple « symbole de l'État et de l'unité du peuple » dépourvu de pouvoir politique selon l’article premier.
    15 MULLINS Mark, “What is the Aim of Nippon Kaigi, the Ultra-Right Organization that Supports Japan’s Abe Administration ?”, The Asia-Pacific Journal, vol.14, n°5, oct. 2016, p9.
    16 « Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu ».
Pour citer ce document :
Xavier Mellet, "Religion et nationalisme au Japon : le possible amendement de la constitution concernant ses capacités militaires". Notes de l'Observatoire international du religieux N°04 [en ligne], février 2018. https://obsreligion.cnrs.fr/note/religion-et-nationalisme-au-japon-le-possible-amendement-de-la-constitution-concernant-ses-capacites-militaires/
Auteur.e.s

Xavier Mellet, Assistant Professor, université Waseda – Tokyo

Aller au contenu principal